Les 3 règles diététiques qui font des enfants épanouis

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 17/02/2016 Mis à jour le 30/03/2017
Actualité
Vous souhaitez des enfants heureux, sociables et bien dans leur peau. Donnez-leur une alimentation saine. Voici 3 règles simples.

Les parents savent qu’une alimentation saine est essentielle pour une bonne santé physique et notamment pour la prévention de nombreuses maladies comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer. Mais nous oublions souvent qu’une alimentation saine est également l’alliée d’un bon développement mental et de meilleures performances cognitives. C’est ce que confirme une étude publiée dans le British Journal of Nutrition.  

Des chercheurs ont examiné l’attitude de plus de 2000 parents et enseignants d’enfants âgés de 4 à 10 ans au Royaume-Uni, Allemagne, Espagne et Hongrie pour connaitre leur point de vue sur le rôle de l’alimentation sur la santé mentale (humeur, mémoire, comportement). Les résultats montrent que 80% des parents et enseignants voient l’alimentation comme un acteur clé du développement physique et 67% seulement pensent qu’elle est très importante pour le développement mental. 

Or la nutrition chez l’enfant est importante pour le développement du cerveau, l’approvisionnement en énergie, la neurotransmission et le fonctionnement cognitif. Et les effets bénéfiques se prolongent à l’âge adulte. D’après des études antérieures, les parents et enseignants considèrent que le sommeil et l’activité physique sont plus importants que l’alimentation pour le développement mental.

Si les parents et enseignants prennent conscience de l’importance de l’alimentation sur le développement mental, ils pourront faire des choix appropriés pour les enfants dont ils s’occupent. En voici quelques-uns.

Pour le QI : peu ou pas de plats préparés, sodas, chips

D'après une équipe de chercheurs de l'université d'Adélaïde (Australie), une bonne alimentation chez les jeunes enfants améliorerait le quotient intellectuel (Q.I.) durablement alors qu'une mauvaise alimentation le diminuerait.

C'est l'analyse de l'alimentation de plus de 7000 enfants qui a permis de tirer cette conclusion. Les enfants qui ont été nourris au sein et qui ont reçu une alimentation de qualité à 15 et 24 mois (riche en fruits et légumes) ont vu leur Q.I. augmenter de 2 points en moyenne à l'âge de 8 ans. Inversement, les enfants qui ont mangé régulièrement des sucreries, biscuits, chocolats, chips ou boissons sucrées pendant les deux premières années de la vie ont vu leur Q.I. chuter de 2 points à l'âge de 8 ans.

L'étude met également en évidence que des produits préparés à la maison seraient meilleurs pour le développement intellectuel que des aliments pour enfants tous prêts. Pour les chercheurs "l'alimentation fournit les nutriments nécessaires au développement du cerveau pendant les deux premières années de la vie".

Lire : la diététique du QI

 

Pour l'humeur : 4 légumes et 3 fruits par jour

Les personnes (enfants, adolescents, adultes) qui mangent le plus de fruits et légumes se disent plus heureuses et plus optimistes que les autres, dans une étude sur près de 14 000 personnes.

Le bien-être mental est plus que l’absence de maladie mentale ou de pathologie psychiatrique. Il inclut différents aspects comme : l’optimisme, le bonheur, l’estime de soi, la ténacité ou de bonnes relations avec les autres. L'alimentation, comme d'autres facteurs, pourrait jouer un rôle dans ce bien-être mental.

Dans cet article, les chercheurs ont étudié les principaux comportements liés au bien-être mental dans la population anglaise. Avec le tabagisme, le facteur de risque le plus associé avec le bien-être mental –bon ou mauvais chez les deux sexes- était la consommation de fruits et légumes. Parmi les personnes qui avaient un niveau élevé de bien-être mental, 33,5% mangeaient au moins 5 fruits et légumes par jour,  31,4% mangeaient 3 ou 4 portions, 28,4% 1 ou 2 et seulement 6,8% moins d’une portion.

Pour la sociabilité : poisson et noix

D’après une étude de l’université de Pennsylvanie parue dans Journal of Child Psychology and Psychiatry, les oméga-3 réduiraient les comportements agressifs et antisociaux chez les enfants.

Les oméga-3 à longues chaînes sont des acides gras trouvés dans les poissons gras ou existant sous forme de compléments. Notre organisme peut aussi les fabriquer à partir du précurseur, l'acide alpha-linolénique (noix, graines de lin, huile de lin, huile de colza...). Les oméga-3 favorisent la santé neuronale et celle du cerveau.

Lire : le poisson : 3 bénéfices pour votre cerveau

Des chercheurs ont réalisé un essai clinique randomisé contrôlé en double aveugle. 100 enfants âgés de 8 à 16 ans ont reçu un jus de fruits avec 1 g d’oméga-3 une fois par jour pendant 6 mois et 100 enfants ont reçu la même boisson placebo sans complément.

Les enfants ont effectué des tests de personnalité et répondu à des questionnaires au départ de l’étude, à la fin de la complémentation puis 6 mois après. Les parents devaient différents comportements chez leurs enfants : antisociaux ou agressifs (comportements externalisés) mais aussi dépressifs ou anxieux (comportements internalisés).

À 6 mois, la moyenne des comportements antisociaux et agressifs décrits par les parents a diminué dans les deux groupes, qu’ils aient pris ou non des oméga-3. « C’est l’effet placebo » explique l’auteur de l’étude. « Mais ce qui était particulièrement intéressant était ce qui se passait 12 mois après le début de l'étude ».

En effet, les comportements agressifs et antisociaux sont revenus au niveau initial dans le groupe contrôle à 12 mois, alors qu’ils sont restés à un niveau bas dans le groupe oméga-3. Par conséquent, une complémentation en oméga-3 pendant 6 mois chez des enfants semble avoir des effets sur le développement nerveux à long terme. 

Une autre étude vient confirmer l'importance des oméga-3 dans l'alimentation des enfants : ceux qui en manquent apprennent moins bien à l'école

Lire : on se concentre mieux en écoutant Mozart

Sources

Bernadette Egan, Heather Gage, Peter Williams, Brigitte Brands, Eszter Györei, Juan-Carlos López-Robles, Cristina Campoy, Tamas Decsi, Berthold Koletzko and Monique Raats. The effect of diet on the physical and mental development of children: views of parents and teachers in four European countries. British Journal of Nutrition, available on CJO2016. doi:10.1017/S000711451500032X.

Lisa G. Smithers, Rebecca K. Golley, Murthy N. Mittinty, Laima Brazionis, Kate Northstone, Pauline Emmett and John W. Lynch. Dietary patterns at 6, 15 and 24 months of age are associated with IQ at 8 years of age. European Journal of Epidemiology. Volume 27, Number 7 (2012), 525-535, DOI: 10.1007/s10654-012-9715-5.

Stranges S, Samaraweera PC, Taggart F, Kandala NB, Stewart-Brown S. Major health-related behaviours and mental well-being in the general population: the Health Survey for England. BMJ Open. 2014 Sep 19;4(9):e005878. doi: 10.1136/bmjopen-2014-005878.

Raine A1, Portnoy J, Liu J, Mahoomed T, Hibbeln JR. Reduction in behavior problems with omega-3 supplementation in children aged 8-16 years: a randomized, double-blind, placebo-controlled, stratified, parallel-group trial. J Child Psychol Psychiatry. 2015 May;56(5):509-20. doi: 10.1111/jcpp.12314.

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