Du café pour préserver la mémoire des femmes

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 22/10/2007 Mis à jour le 10/03/2017
Boire du café peut-il aider à préserver la mémoire qui tend à s’étioler avec l’âge ? C’est en tout cas ce qu’ont montré le Dr Karen Ritchie et ses collègues de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

 

L’étude

Pour connaître les effets de la caféine sur la mémoire, le Dr Karen Ritchie, directrice de l’unité Inserm Pathologies du système nerveux : recherche épidémiologique et clinique à Montpellier a suivi 4197 femmes et 2820 hommes de plus de 65 ans. Ces derniers se sont prêtés à des bilans nutritionnels détaillés et à des analyses biologiques pour évaluer l’importance du déclin cognitif. L’équipe du docteur Ritchie a alors regardé s’il existait un lien entre la consommation de café et la préservation de la mémoire.

 

Les résultats

Au terme de 6 ans de suivi, les chercheurs se sont aperçus que, chez les femmes uniquement, la consommation de café réduisait significativement le déclin cognitif lié à l’âge et pouvait contribuer à conserver une bonne mémoire. Celles qui consomment au moins trois tasses de café ou six tasses de thé par jour ont moins de risques de voir leurs performances cognitives diminuer avec l’âge.

 

L’entretien


LaNutrition.fr: comment en êtes-vous venus à supposer que la caféine pouvait protéger la mémoire ?

Dr Karen Ritchie : À la base nous nous intéressons aux causes du déclin cognitif pour trouver un maximum de facteurs protecteurs. Nous avons eu connaissances d’études chez le rat montrant que chez les femelles de cette espèce la caféine pouvait diminuer le taux de protéines bêta-amyloïdes dans le cerveau, un facteur favorisant la maladie d’Alzheimer. Nous avons alors voulu vérifier s’il en était de même chez l’homme.


Comment avez-vous procédé ?

Plusieurs milliers d’hommes et de femmes de plus de 65 ans ont été suivis pendant 6 ans dans trois grandes villes françaises : Montpellier, Dijon et Bordeaux. Pour chaque patient nous avons réalisé un bilan nutritionnel détaillé qui nous a permis d’évaluer au mieux la consommation de caféine. En parallèle nous avons procédé à des bilans de santé détaillés nous permettant d’évaluer leurs capacités cognitives. Pendant les 6 ans de suivi, nous avons observé des cas de déclin de la mémoire. Nous avons alors vérifié s’il existait un lien entre ce déclin et la consommation de caféine.


Et qu’avez-vous trouvé ?

Nous avons trouvé qu’effectivement la consommation de caféine diminuait le risque de déclin, mais chez les femmes uniquement. Cependant avant de pouvoir l’affirmer, nous avons dû vérifier que ce résultat n’était pas biaisé par d’autres facteurs. Par exemple les personnes âgées qui sortent moins et donc côtoient moins de monde pourraient avoir moins tendance à boire du café, tout comme ceux qui souffrent d’hypertension. Mais même en tenant compte de ces facteurs l’association que nous avons constatée reste vraie : les femmes qui boivent au moins trois tasses de café par jour ont moins de risques de voir leur mémoire décliner.


Pourquoi cette relation n’est-elle valable que pour les femmes ?

On ne le sait pas encore mais on peut faire deux suppositions : d’une part les hormones sexuelles comme les oestrogènes pourraient jouer un rôle ; d’autre part les femmes métabolisent peut-être la caféine différemment. Mais le mécanisme exact reste inconnu.


A la lumière de ces résultats conseilleriez-vous aux femmes de consommer du café ou du thé ?

Il faut rester prudent sur ces recommandations, car la caféine a aussi l’inconvénient d’augmenter la tension artérielle. Si vous ne buvez jamais de café il ne faut pas se mettre à en consommer trois tasses par jour. En revanche si vous n’avez pas de problème cardiaque et que vous êtes amateur de café, vous pouvez bénéficier d’une consommation régulière de cette boisson ou d’autres sources de caféine comme le thé ou le coca.


Est-ce qu’on peut imaginer développer un traitement à base de caféine pour lutter contre le déclin cognitif ?

Ce n’est pas directement l’objet de nos recherches mais nous avons en effet des collègues qui exploitent nos résultats pour chercher à mettre au point d’éventuels traitements. Une piste intéressante serait de mettre au point des patchs à base de caféine qui pourraient contribuer à préserver la mémoire.

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