Les pesticides dans l’eau du robinet

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 13/03/2008 Mis à jour le 10/03/2017
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Quelle quantité de pesticides trouve-t-on dans dans l'eau du robinet?Quels sont ses effets sur la santé ?

D’où viennent les pesticides ?

Les pesticides sont pour la plupart obtenus par synthèse chimique. Ils servent à lutter contre des nuisibles tels que les insectes (insecticides), les champignons microscopiques (fongicides) et les mauvaises herbes (herbicides). Ils sont surtout employés par l’agriculture mais également très largement par les collectivités pour l’entretien des parcs, jardins, voierie, par les particuliers (jardinage, bricolage), ou encore pour l’entretien des infrastructures de transport. Au cours des dernières années, on a pu compter près d’un millier de substances actives entrant dans la composition de plus de 8 000 produits commerciaux homologués, susceptibles d’être retrouvées dans l’environnement.

Les pesticides utilisés peuvent contaminer les eaux souterraines en pénétrant dans le sol, ou se déverser directement dans les cours d’eau.

Que dit la réglementation ?

Le décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 fixe les teneurs en pesticides de l'eau destinée à la consommation. Ces références de qualité sont les suivantes : 0,1 µg/L par substance individualisée (sauf quatre d'entre elles -l'aldrine, la dieldrine, l'heptachlore et l'époxyde d'heptachlore, pour lesquelles la limite applicable est de 0.03 µg /L, ce qui correspond à la valeur guide de l'OMS) et 0,5 µg/L pour le total des pesticides quantifiés.

Des limites de qualité sont également fixées pour les eaux brutes, superficielles et souterraines, destinées à la production d’eau d’alimentation (2 µg/L par substance et 5 µg/L au total).

Le conseil supérieur de l'hygiène publique de France -CSHPF dans son avis du 7 juillet 1998 a proposé des conditions d'intervention en cas de dépassement de la limite de 0.1 ug/l.

- Des mesures correctives doivent être mises en oeuvre si le dépassement des limites de qualité ne constitue pas un danger potentiel pour la santé des personnes et s'il n'existe pas d'autres moyens raisonnables de maintenir la distribution des eaux dans le secteur concerné.

- Des mesures de restriction d'utilisation devront être prises si la qualité de l'eau constitue un danger.

Un programme renforcé de suivi mensuel est appliqué dès que la limite de 0.1 ug/l est dépassée.

Une interdiction provisoire de la consommation d'eau pour la boisson et les préparations alimentaires doit être prise dès qu'une analyse révèle la présence d'un pesticide à une concentration supérieure à sa valeur guide fixée par l'OMS ou dès que la concentration en pesticide dans l'eau distribuée est supérieure à 20 % de cette valeur guide pendant plus de 30 jours.

L'information de la population de la présence des pesticides doit être effectuée si la concentration en pesticides a été supérieure à 0.1 ug/l pendant plus de 30 jours au cours des 12 derniers mois.

Quelle est la situation en France ?

Selon des chiffres de 2003 et 2004 réunis par l’Institut français de l’environnement (Ifen), la contamination par les pesticides concerne l’ensemble du territoire, métropole et départements d’outre-mer (DOM). Elle touche aussi bien les eaux superficielles que les eaux souterraines, surtout dans les zones agricoles et urbaines.

En 2004, 96 % des points de mesure des cours d’eau et 61 % des points de mesure des nappes souterraines contiennent au moins une substance active recherchée. 49 % des points de mesure en eaux de surface ont une qualité moyenne à mauvaise et 27 % en eaux souterraines ont une qualité médiocre à mauvaise. On trouve des pesticides à des concentrations telles que les milieux aquatiques peuvent être perturbés ou les seuils admissibles dépassés pour la production d'eau potable sans traitement spécifique des pesticides dans 58 points en eaux superficielles et 10 points en eaux souterraines.

Le nombre de molécules recherchées continue à croître : en eaux superficielles, 459 substances différentes ont été recherchées en 2004 contre 408 en 2002. En eaux souterraines, 417 substances différentes ont été recherchées en 2004 contre 373 en 2002.

Le nombre de substances retrouvées augmente lui aussi : en eaux superficielles, 229 substances différentes ont été retrouvées au moins une fois en 2004 contre 201 en 2002 ; en eaux souterraines, 166 substances différentes ont été quantifiées au moins une fois en 2004 contre 123 en 2002. Mais on ne peut pas en conclure qu’il y a plus de molécules différentes dans les eaux en 2004 qu’en 2002.

Les principaux pesticides (en nombre d’analyses et nombre de stations différentes) responsables des déclassements en qualité mauvaise des points de mesure sur les cours d’eau (réseaux de connaissance générale et réseaux phytosanitaires) en 2003 et 2004 sont : l’AMPA (produit de dégradation du glyphosate), le diuron, le glyphosate, l’isoproturon et l’aminotriazole.

Les principaux pesticides (en nombre d’analyses et nombre de stations différentes) responsables des déclassements en qualité mauvaise des points de mesure dans les eaux souterraines (réseaux de connaissance générale et réseaux phytosanitaires) en 2003 et 2004 sont : le glyphosate, l’atrazine et le chlortoluron.

Y a-t-il des risques pour la santé ?

Les risques pour la santé des pesticides retrouvés dans l’eau sont difficiles à évaluer. Mais leur charge potentiellement toxique pourrait s’ajouter à celle apportée par les fruits et légumes issus de l’agriculture extensive, et par l’usage de pesticides ménagers (jardinage, insecticides) ou professionnels (agriculture). Des substances indésirables pourraient ainsi s’accumuler dans les tissus toute la vie durant. Une grande étude épidémiologique américaine sur 140 000 personnes a trouvé que l’exposition chronique aux pesticides, y compris à des doses relativement faibles, augmente de 70% le risque de développer une maladie de Parkinson. Cette étude a trouvé que le risque est identique chez les agriculteurs (exposés à des doses plus élevées) et les non-agriculteurs qui utilisent des pesticides, ce qui contredit les résultats d’une étude de moindre ampleur. Cela s’explique peut-être par le fait que les pesticides agricoles ne sont pas les plus toxiques, ou que les agriculteurs se protègent mieux. (1)

On ne sait pas de manière certaine si les pesticides apportés par l’alimentation augmentent le risque de cancers, lesquels et dans quelles proportions. Les études disponibles laissent penser que des tumeurs du cerveau, des leucémies, et des lymphomes pourraient être associés à l’exposition chronique aux pesticides.

(1) Ascherio A, Chen H, Weisskopf MG, O'Reilly E, McCullough ML, Calle EE,Schwarzschild MA, Thun MJ. Pesticide exposure and risk for Parkinson's disease. Ann Neurol. 2006 Aug;60(2):197-203.

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