Pas de circonstances atténuantes pour les sodas

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 19/04/2006 Mis à jour le 06/02/2017
Ils seraient responsables de nos petits bourrelets, des caries de nos enfants et contiendraient même de la cocaïne ! Les sodas sont-ils vraiement à bannir ? LaNutrition.fr démêle le vrai du faux sur ces boissons

Les sodas ne présentent pas de danger pour les dents des enfants

FAUX

La plupart des sodas contiennent beaucoup de sucre (saccharose), 100g par litre en moyenne. Ils contribuent pour 20% environ à la totalité des sucres libres (ajoutés) que consomment les adolescents. Or, ces sucres libres sont cariogènes, comme le rappelle le docteur Andrew Rugg-Gunn, professeur de prévention dentaire à l’université de Newcastle (Royaume-Uni). « Si l’on restreignait la consommation de de sodas et d’autres sources de sucres libres, on aurait un effet favorable sur l’incidence élevée de caries chez l’enfant. Par exemple, on pourrait imaginer de limiter à un verre par jour la consommation de sodas. Les sodas aux édulcorants pauvres en calories constituent une alternative occasionnelle intéressante. » Les sodas ont un autre inconvénient, qui n’est pas lié au sucre : leur pH est très bas, du fait des acides (citrique, phosphorique) qu’ils contiennent. Cette caractéristique favorise l’érosion dentaire, c’est à dire la perte d’émail et de dentine (ivoire), qui affecte surtout les incisives, et qui est fréquente chez les adolescents.

 

Certains sodas favorisent la déminéralisation osseuse

VRAI

Comme le rappelle le docteur Jean-Paul Curtay, nutrithérapeute (Paris), « la consommation fréquente de « colas » est associée à une forte augmentation de la fréquence des fractures chez les adolescentes. Les boissons de ce type contiennent en effet des doses élevées d’acide phosphorique. Les excès de phosphore, en précipitant le calcium, réduisent son absorption. » A la fin de la croissance, le capital calcique osseux est constitué. Moins il est élevé, plus le risque d’ostéoporose, quelques décennies plus tard, est grand. D’où l’importance d’adopter des comportements alimentaires qui encouragent une densité osseuse optimale. « Or, précise le docteur Curtay, 75 à 95% des adolescentes françaises ne reçoivent déjà pas les apports recommandés en calcium. » Leur situation est rendue plus délicate encore par la consommation de produits excessivement riches en phosphore.

 

La consommation de sodas se fait au détriment de boissons protectrices

VRAI

Seul intérêt des sodas au plan nutritionnel : ils favorisent la consommation d’eau, et les sucres qu’ils contiennent peuvent contribuer à l’apport énergétique. Mais pour le docteur Jean-Paul Curtay, « les sodas sont malheureusement l’occasion de ne pas boire de bonnes choses : fruits et légumes pressés, eau minérale, lait de soja enrichi en calcium. » Ces derniers sont riches en éléments protecteurs : vitamines antioxydantes, phénols et flavonoïdes pour les fruits et légumes pressés; magnésium et calcium pour les eaux minérales; phyto-oestrogènes, protéines et acides gras essentiels pour le lait de soja. A noter que le calcium des liquides est aussi bien absorbé que le calcium du lait. Ainsi, un litre d’Hépar fournit environ 200 mg de calcium nets à l’organisme, alors qu’un litre de « cola » en apporte... moins de 2 mg.

 

Les sodas « light » augmentent la sensation de faim et la prise alimentaire

FAUX

Les édulcorants que contiennent ces boissons n’ont pas d’effet sur le taux d’insuline, lui-même responsable de la stimulation de l’appétit. Par ailleurs, les études montrent que la consommation d’aliments édulcorés ne conduit pas à une augmentation de l’apport d’énergie. Ces boissons ont donc un double intérêt pour la partie de la population qui a du mal à renoncer au « sucré ». D’une part, elles peuvent aider celles et ceux qui suivent un régime amaigrissant à contrôler leur poids à long terme. D’autre part, elles peuvent s’inscrire dans l’alimentation des diabétiques, puisqu’elles n’augmentent pas le taux de glucose sanguin et n’ont pas besoin d’insuline pour être utilisées par l’organisme.

 

Les boissons de type cola contiennent un peu de cocaïne

FAUX

Ces boissons contiennent des extraits de feuilles de coca.... dont on a retiré le principal alcaloïde, la cocaïne. Elles renferment aussi des extraits de noix de cola, un fruit qui pousse surtout en Afrique tropicale, et qui est riche en caféine. Un verre de ces boissons apporte environ le tiers de la caféine contenue dans une tasse de café. Pour ces raisons, il n’est pas conseillé de donner aux enfants des quantités importantes de boissons à base de cola. Les boissons de type « tonic » contiennent elles un peu de quinine, qui leur donne cette amertume caractéristique.

 

Composition de deux familles de sodas et d’un jus de fruit


Cola

Limonade

Jus d'orange*

Eau (g)

89.9

94.6

87.7

Energie

(kcal)

39

21

39

(kJ)

168

90

168

Sucres (g)

10.5

5.6

9.4

Sodium (mg)

8

7

1

Potassium (mg)

1

1

240

Calcium (mg)

4

5

13

Vitamine C (mg)

60

 

Un secret jalousement gardé

Au plan chimique, les sodas ne sont rien d’autre qu’un mélange d’extraits végétaux, d’acides, de caramel (pour la couleur) et de sucre dissous dans de l’eau traitée au dioxyde de carbone. Le saccharose est le sucre le plus fréquemment utilisé, mais l’acidité des préparations provoque sa transformation en glucose et fructose. Ce qui différencie toutes ces marques, c’est bien sûr la composition du sirop de base, dont la formule est jalousement gardée. Les sirops sont distribués dans le monde entier et mis en bouteilles sur place. Les grandes sociétés maintiennent un contrôle très rigoureux sur la qualité de l’eau, qui peut les conduire jusqu’à utiliser de l’eau dé-ionisée dans l’usine d’embouteillage. Cette exigence de qualité explique en partie le succès rapide de ces boissons dans les pays du tiers-monde, où elles apportent aux consommateurs une garantie de sécurité et d’inocuité. Au cours des dernières années, les fabricants ont cherché à gagner de nouveaux consommateurs en introduisant des versions sans sucre (il est remplacé par de l’aspartame, de l’acésulfame ou de la saccharine, ou un mélange de ces édulcorants) et sans caféine. Et ça marche. Selon les estimations des fabricants, les sodas sont consommés près d’un milliard de fois par jour.


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