Jacqueline Lagacé «Mes mains et mon genou sont rétablis à 100%»

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 21/09/2014 Mis à jour le 10/03/2017

Scientifique, souffrant de polyarthrite rhumatoïde, Jacqueline Lagacé explique dans son livre comment et pourquoi un simple régime d’éviction peut réussir là où les médicaments échouent.

Jacqueline Lagacé est une scientifique québecoise, spécialiste de microbiologie et immunologie. Elle a dirigé un laboratoire de recherche à la faculté de médecine de l'université de Montréal pendant 17 ans, tout en enseignant dans ces deux disciplines. Elle a pris sa retraite en 2004, à la suite de problèmes de santé. En 2006, la polyarthrite rhumatoïde lui avait fait perdre l'usage de ses deux mains et elle souffrait terriblement. Les traitements classiques étant en échec, elle se tourne vers d’autres approches. Elle découvre les travaux du Dr Jean Seignalet alors qu’elle suit les recommandations alimentaires du ministère de la santé canadien (guère éloignées des françaises). Or le régime Seignalet exclut deux groupes d’aliments pourtant conseillés par les autorités : les céréales à gluten et les laitages. D'abord sceptique, elle essaie ce régime hypotoxique en juin 2007. Les résultats dépassent ses attentes. De cette expérience, elle a tiré un livre : Comment j’ai vaincu la douleur et l'inflammation chronique par l'alimentation. Un best-seller qui s'est vendu à ce jour à plus de 80 000 exemplaires au Québec, qui a été suivi de Recettes gourmandes contre la douleur chronique (LIRE UN EXTRAIT ICI). Elle espère maintenant convaincre le corps médical du bien-fondé de cette diète alimentaire pour aider véritablement ceux qui souffrent de maladie auto-immune et d'inflammation chronique.  

LaNutrition.fr : Quels résultats avez-vous obtenus avec le régime Seignalet ?

Jacqueline Lagacé : Après 10 jours, je n'éprouvais plus d'élancements dans les mains. Ça m'a donné confiance, mais mes attentes demeuraient modestes. Dans le meilleur des cas, j'espérais une diminution de mes douleurs. Après 16 mois, j'ai retrouvé complètement l'usage de mes doigts, sans avoir fait un exercice quelconque. De plus, et ce fut un autre élément de surprise, j'ai vu disparaître mes douleurs à la colonne vertébrale, affectée par de l'arthrose symptomatique depuis 20 ans, ainsi qu'à un genou, où je souffrais d'un kyste de Baker. Aujourd'hui, je calcule que mes mains et mon genou sont rétablis à 100 % et ma colonne à 90 %, et je peux maintenant faire du ski sans genouillères élastiques.

Peut-on dire que le régime Seignalet vous a guéri ?

Le régime ne guérit pas, il met fin aux symptômes et permet de maîtriser la maladie tant qu'on le suit. On parle de rémission, pas de guérison. Si l'inflammation n'a pas détruit certains tissus, on peut retrouver l'usage de ses articulations. Si la destruction est trop importante, la souffrance inflammatoire disparaîtra, mais il pourrait rester une douleur mécanique.

Sur quoi reposent les théories du Dr Seignalet ?

Une de ses hypothèses est qu'il y a un conflit entre nos vieux gènes et l'alimentation  moderne. Des études anthropologiques ont démontré que les gènes d'Homo sapiens apparu il y a 200 000 ans, sont identiques à nos gènes actuels. Les pre­miers hommes étaient des chasseurs-cueilleurs. Ils se nourrissaient de la chasse et de la cueillette des végétaux et des petits fruits. Il y a 10 000 ans, les hommes se sont sédentarisés.

Quelles ont été les conséquences de cette sédentarisation sur leur régime alimentaire, et le nôtre ?

L’homme a commencé à cultiver les cé­réales et à élever des animaux. L'alimentation moderne repose sur la consommation de céréales et de produits laitiers, et sur la cuisson des aliments. Étant donné la lenteur de l'évolution, les changements liés à l'agriculture et à l'industrialisation ont été trop rapides pour que le génome ait le temps de s'adapter. Selon Seignalet, nos enzymes sont mal adaptées à la digestion complète du blé et autres céréales apparentées, ainsi qu'aux protéinesdu lait de vache. Le pain complet serait pire que le pain blanc, car il serait plus riche en produits de Maillard, des composés néo-formés lors de la cuisson à haute température, qui peuvent altérer les fonctions de l’organisme et favoriser l’inflammation.

Lire : Qu'est-ce que la glycation ?

Comment ce mode alimentaire favorise-t-il l'inflammation chronique ?

L'accumulation de grosses molécules mal digérées dans l'intestin grêle affecterait le fonctionnement de notre flore bactérienne. Il se forme de la putréfaction, ce qui favorise les bactéries pathogènes au détriment des bonnes bactéries et affecterait les parois de l'intestin grêle. Les protéines traversent la muqueuse intestinale, alors qu'elles ne devraient pas entrer dans la circulation sanguine, et vont se déposer dans différents tissus, causant des pathologies auto-immunes, d'encrassage ou d'élimination. Par exemple dans l’arthrose ces dépôts encrassent lentement les tissus articulaires  et la maladie symptomatique met généralement entre  10 à 30 ans à se manifester selon les individus.

Pourquoi le régime promu par Jean Seignalet n’est-il pas plus prescrit par les médecins ?

Ce régime exclut produits laitiers et céréales à gluten qui sont conseillés par les autorités sanitaires pour être en bonne santé. Cela peut expliquer pourquoi il a fait l'objet de critiques en France dès son apparition. En plus, il n’y avait pas d’études scientifiques pour soutenir ses hypothèses. Quand Jean Seignalet a voulu publier ses résultats, il y a eu une levée de boucliers contre lui, si bien qu'il n'a jamais pu les faire paraître dans des revues scientifiques établies, c'est la raison pour laquelle il s’est mis à écrire des livres, dont L'alimentation ou la troisième médecine.

Et aujourd’hui, avons-nous des preuves scientifiques ?

Une partie de mon premier livre est consacrée à rapporter les études scientifiques reconnues qui viennent étayer ses points de vue. Il faut notamment relancer le débat sur la consommation de lait de vache. Les études montrent que dans les pays où l'on boit le plus de lait, le taux de diabète de type 1 est très élevé.

Quels sont les malades qui ont le plus de chances d’être améliorés par le régime Seignalet ?

Selon les témoignages reçus sur mon blogue : en fait toutes  les maladies auto-immunes citées page 46 de mon premier livre, ainsi que  la maladie cœliaque, donnent de bons résultats;  Parmi les maladies d’encrassage, plusieurs témoignages positifs concernent l’arthrose,  la fibromyalgie,  les migraines, le diabète de type 2, les tendinites, certaines formes de dépression, l’hypercholestérolémie, le surpoids, le parkinson, la dyspepsie ; Parmi les maladies d’élimination, les témoignages les plus fréquents concernent :  les colites, l’eczéma constitutionnel, l’asthme, les sinusites chroniques, la maladie de Crohn, le psoriasis, la bronchite chronique, les conjonctivites, les otites chroniques, le reflux gastro-œsophagien. La liste de ces maladies n’est pas restrictive.

Combien de temps faut-il essayer le régime pour voir une amélioration ?

Cela varie beaucoup d’une personne à l’autre.  Certains affirment que quelques jours ont suffi.  Habituellement, c’est une question de quelques mois. Chez d’autres, environ une année a été nécessaire.  Il y a également un petit pourcentage pour lequel le régime ne fonctionne pas.  Pour ces derniers, j’ai écrit sur mon blogue un article intitulé : « Le régime ne fonctionne pas pour vous ? ».  Suite à cet article, certaines personnes ont affirmé que ces conseils leur avaient permis d’obtenir une réponse positive.

Depuis la parution de vos livres, voyez-vous l’opinion du corps médical évoluer ?

Effectivement, plusieurs témoignants affirment que c’est leur médecin qui leur a conseillé la lecture de mes livres.  À date, plusieurs médecins ont communiqué avec moi pour discuter de façon positive du sujet.  J’ai été invitée à plusieurs reprises à donner une conférence à l’Institut de cardiologie de Montréal ainsi que par des rhumatologues de l’Hopital Sacré-Cœur de Montréal. Je sais qu’un groupe de médecins chercheurs travaillent présentement à élaborer  un protocole de recherche visant à vérifier l’influence du régime hypotoxique sur une maladie d’inflammation chronique.

Mis à jour le 22 septembre 2014

A se procurer : Comment j’ai vaincu la douleur et l'inflammation chronique par l'alimentation et Recettes gourmandes contre la douleur chronique (LIRE UN EXTRAIT ICI)

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