Faut-il prescrire du café après un infarctus ?

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 04/09/2017 Mis à jour le 05/02/2018
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Après un infarctus, les personnes qui boivent du café ont un risque de mortalité par maladie cardiovasculaire et maladie coronarienne diminué de 20 à 30%. 

Le café agirait comme un anti-inflammatoire naturel ce qui lui permet d'aider à lutter contre de nombreuses maladies chroniques, par exemple le diabète ou les maladies cardiovasculaires, ayant comme point commun l’inflammation.

Ce que disent les études

Des études de grande envergure ont déjà montré que la consommation de café diminue le risque de maladies cardiovasculaires et de mortalité toutes causes. Ainsi dans une étude parue dans l'American Journal of Clinical Nutrition, des chercheurs se sont intéressés à l’impact de la consommation de café chez des patients ayant subi un infarctus du myocarde. Ils montrent que boire du café - normal ou décaféiné - pourrait réduire significativement la mortalité par maladie cardiovasculaire ou par maladie coronarienne.

Dans cette étude, les chercheurs ont recueilli les données concernant 4365 participants âgés entre 60 et 80 ans et ayant subi un infarctus du myocarde environ 4 ans avant le début de l’étude. Leur consommation de café a été évaluée grâce à un questionnaire et les causes de décès ont été enregistrées dans les années qui ont suivi.

Il s'avère que les participants buvaient presque tous du café, à raison de 3 tasses (375 mL) par jour en moyenne. Ceux qui consommaient entre 2 et 4 tasses par jour présentaient un risque de mortalité par maladie cardiovasculaire diminué de 31% par rapport à ceux qui en buvaient moins de 2. Boire plus de 4 tasses par jour ne changeait pas significativement ce résultat. Résultats similaires pour la mortalité par maladie coronarienne avec un risque diminué respectivement de 23% et 32% chez ceux qui consommaient entre 2 et 4 cafés par jour et ceux qui en buvaient plus de 4 (par rapport aux personnes qui en consommaient moins de 2).

Enfin, ceux qui ingéraient plus de 4 tasses de café par jour avaient un risque de mortalité toutes causes diminué de 18% par rapport à ceux qui buvaient moins de 2 tasses.

Il s'agit d'une étude d'observation ne permettant pas de conclure à un lien de cause à effet.

Les résultats ne révèlent pas de différences entre le café normal et le café décaféiné : si le lien est établi entre café et mortalité cardiovasculaire la caféine ne serait pas impliquée. « En dehors de la caféine, le café est riche en acide chlorogénique et d’autres polyphénols qui pourraient améliorer la fonction vasculaire et la sensibilité à l’insuline » écrivent les auteurs. Selon les résultats de cette étude, la quantité optimale de café à consommer par jour est de 500 mL.

Un effet attribué aux acides chlorogéniques

Une étude parue dans la revue European Journal of Nutrition suggère que l’effet du café sur le risque de maladie cardiovasculaire dépendrait de la quantité de deux types de composés : les acides chlorogéniques (CGA) et l’hydroxyhydroquinone (HHQ).

Les acides chlorogéniques sont les antioxydants présents en plus grande quantité dans le café. La torréfaction du café conduit à une diminution de ces acides chlorogéniques et à une production d’hydroxyhydroquinone.

Les études menées jusqu’à présent ont parfois conduit à des résultats contradictoires quant à l’effet du café sur la fonction endothéliale et le risque cardiovasculaire. Une dysfonction endothéliale représente souvent un signe précurseur de maladies cardiovasculaires. Pour les auteurs de cette étude, les résultats différents obtenus dans les études pourraient s’expliquer par des niveaux variables de ces deux composés.

L’étude incluait 37 participants soit à la limite de l’hypertension, soit à un stade précoce d’hypertension. Les participants ont reçu différentes boissons contenant toutes la même quantité de caféine mais des niveaux différents d’acides chlorogéniques et d’hydroxyhydroquinone : boisson A (niveau élevé de CGA et niveau faible d’HHQ), boisson B (niveau élevé des 2 composés) et boisson C (aucun des des composés). Leurs résultats montrent que seule la boisson A qui contient des niveaux élevés d’acides chlorogéniques et des niveaux bas d’hydroxyhydroquinone a un effet bénéfique sur la fonction endothéliale. 

Des études antérieures ont montré que les acides chlorogéniques diminuent la pression sanguine et peuvent améliorer la fonction endothéliale. Alors qu'au contraire l’hydroxyhydroquinone inhibe les effets bénéfiques des acides chlorogéniques sur la fonction endothéliale et augmente la production d’espèces réactives de l’oxygène à l’origine du stress oxydant.

En pratique

Pour bénéficier des effets potentiellement bénéfiques du café sur le système cardiovasculaire, il faudrait consommer environ 50 cl (2 mugs) de café ou de décaféiné. Il existe cependant des contre-indications et des effets indésirables, il est donc préférable de prendre l'avis du médecin si l'on a des antécédents cardiaques.

Lire aussi : 5 comportements qui réduisent de 80% le risque d'infarctus

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