Candidose chronique : « Ma vie était devenue un enfer »

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 25/10/2018 Mis à jour le 07/11/2018
Point de vue

Rudy Auréjac, sportif de haut niveau, a accumulé pépins de santé et séjours à l’hôpital avant de réaliser qu’il souffrait d’une candidose mycélienne. Voici son histoire et le traitement qui lui a permis de retrouver le chemin de l’entraînement.

Une candidose est une infection due à un champignon appelé candida. Il s'agit le plus souvent de Candida albicans. Nous hébergeons tous ce champignon dans le corps, mais il peut se développer en excès, et prendre dans certains cas une forme mycélienne ou filamenteuse, traverser la paroi intestinale et engendrer des problèmes de santé sérieux mais difficiles à diagnostiquer, donnant parfois lieu à une véritable errance médicale. Rudy Auréjac, 28 ans, joueur de rugby dans le club de Rodez témoigne.

LaNutrition : Rudy, comment tout a commencé ?

Rudy Auréjac : . Mon histoire commence il y a 2-3 ans. J’avais alors régulièrement des « pépins » au niveau des mollets. Toutes les 3 semaines environ, j’avais une blessure à un mollet : contracture, inflammation, problème au niveau du tendon d’Achille. Elle survenait n’importe quand : en entraînement, comme pendant un match. J’étais soigné et 3 semaines plus tard, cela recommençait. Je n’arrivais plus à courir. Les spécialistes consultés me disaient qu’il n’y avait rien.

Que s’est-il passé ensuite ?

Début novembre 2017, j’ai commencé à avoir des douleurs abdominales au côté droit. Deux jours plus tard, comme elles ne cédaient pas et que je commençais à soupçonner une appendicite, je suis allé aux urgences. J’ai été hospitalisé une semaine, au terme de laquelle on m’a diagnostiqué une iléite sur 7 cm, c’est-à-dire une inflammation de l’iléon, la partie terminale de l’intestin grêle. Elle aurait pu être due soit à un début de maladie de Crohn, soit à un virus, d’après les médecins. Comme je me sens mieux, je rentre chez moi. Mais à peine une semaine plus tard, les douleurs reviennent, surtout après les repas, accompagnées d’une grande fatigue. Je retourne à l’hôpital où on me dit que mes symptômes sont certainement dus à un déséquilibre de la flore suite au traitement de l’iléite.

Après cette deuxième visite à l’hôpital, cela va aller de mal en pis.

Oui, mon état empirait, et j’ai commencé à me poser des questions. La fatigue était toujours présente, et en plus je voyais flou par moments. Un jour j’ai même passé la journée sans vision de l’œil gauche. A Noël, ma vie était devenue un enfer : j’ai dû arrêter de travailler, et aussi arrêter le rugby. J’étais devenu incapable de faire quoi que ce soit. En plus de ma fatigue extrême, j’avais des vertiges, des nausées, des « mouches » devant les yeux, un manque de concentration, les jambes en coton dans la journée. Une demi-heure après un repas, je faisais invariablement un malaise et ma tension était alors très élevée. J’allais très fréquemment uriner, j’avais aussi des selles bizarres, des démangeaisons anales la nuit. Je souffrais aussi de douleurs thoraciques telles que j’avais l’impression que mon cœur allait lâcher. Depuis mon hospitalisation j’avais toujours envie de sucre. Tout cela me stressait, j’étais devenu quasi hypocondriaque et j’ai commencé à m’isoler, à ne plus voir personne.

Comment en êtes-vous arrivé à comprendre que vous souffriez d’une candidose ?

Après un repas de famille, le 31 décembre, j’ai fait un gros malaise, j’ai cru que j’allais m’évanouir. Mes parents m’ont donc conduit aux urgences le 1er janvier où, alors que j’étais au plus mal, on m’a dit que tout allait bien. Les médecins m’ont quand même hospitalisé en médecine interne pour faire plus d’examens. Mes montées de tension ont été interprétées comme résultantes d’un stress, et mon état général comme découlant d’une attaque d’un virus. Et là je me suis dit : « Ce n’est pas ça . J’ai commencé à aller regarder sur Internet à quoi mes symptômes pouvaient bien correspondre. C’est là que le mot candidose est apparu pour la première fois. J’ai décidé de prendre les choses en mains et j’ai appelé un nutritionniste de ma région. Après seulement 5 minutes de rendez-vous, il m’a dit : « soit vous avez une candidose, soit un staphylocoque mais comme vous avez de grosses envies de sucre, je penche pour la candidose ». J’ai donc passé un test qui a confirmé la candidose.

Quel traitement vous a prescrit le nutritionniste ?

J’ai débuté un traitement nutritionnel et au bout de 2-3 mois, même si ça commençait à aller mieux, je n’en voyais pas le bout et j’ai commencé à me décourager. J’ai donc consulté par téléphone un diététicien-nutritionniste, situé plus loin géographiquement mais dont m’avait parlé un ami de Rodez. Pour lui aussi, le diagnostic de candidose a été quasi immédiat. Deux questions ont suffi : avais-je des mycoses au niveau des orteils ? Des démangeaisons anales ? Mes réponses positives l’ont orienté directement vers une candidose mycélienne. Plus disponible que le précédent, il m’a aussi plus aidé à mettre en place ma nouvelle alimentation.

Justement, quel régime alimentaire suivez-vous ?

Je ne mange plus de sucre, de produits sucrés, d’aliments industriels. Le gluten est fortement limité car je n’ai le droit qu’au petit épeautre parmi les céréales à gluten. Je peux manger des pâtes complètes de sarrasin, du riz complet, du petit épeautre mais à doses raisonnables. 
J’ai le droit à deux fruits par jour mais uniquement parmi ceux qui ne sont pas acides : banane, pomme, poire, nectarine, pêche. Je ne peux pas boire d’alcool en dehors d’un verre de vin de temps en temps. Toutes les sources de levure sont interdites : pain, bière, roquefort… 
Côté produits laitiers, je ne peux manger que du fromage à pâte dure au lait cru de brebis ou de chèvre, à raison de 3 fois par semaine. Si la viande blanche n’est pas limitée, la viande rouge ne doit pas être consommée plus de deux fois par semaine. Et je ne peux manger de pomme de terre qu’une fois par semaine. 
Je suis encouragé à manger des légumes verts, de l’oignon, de l’ail, du curcuma, des amandes. Mais je dois éviter la tomate, les champignons et la betterave.

Ce sont de gros changements. Comment les avez-vous vécus ?

Cela n’a pas été simple. Surtout l’arrêt du sucre. Le premier mois d’arrêt du sucre a même été terrible. A côté, l’arrêt du tabac par lequel je suis aussi passé, ce n’était rien. J’ai eu l’impression que le sucre était pire que la cocaïne : j’avais les mains qui tremblaient lorsque j’arpentais les rayons des aliments sucrés au supermarché. Mais petit à petit j’ai pu reprendre une vie normale. 

Lire aussi : Peut-on être accro au sucre ? (abonnés)

Prenez-vous aussi des compléments alimentaires ?

Oui, je suis un programme sur 6 mois de compléments alimentaires : d’abord des compléments pour le foie. Puis des compléments qui ciblent plus précisément le Candida : à base de plantes, d’ail et d’huiles essentielles. Enfin des probiotiques et de la glutamine ainsi qu’un multivitamines et des oligo-éléments. Pour l’hiver qui vient, je dois aussi prendre de la vitamine D.

Où en êtes-vous aujourd'hui ?

J’ai perdu pas loin de 16 kg (dont 12 avant le traitement) mais j’ai repris le sport depuis un mois maintenant et d’après le médecin je pourrai retrouver le terrain en décembre. 

Une fois guéri, devrez-vous continuer à faire attention à votre alimentation ?

Dans la mesure où le Candida est naturellement présent dans le corps, la candidose peut revenir au moindre déséquilibre de la flore intestinale. Donc oui, je devrai faire attention pendant encore 1 à 2 ans après l’arrêt du traitement nutritionnel, notamment en faisant des cures de probiotiques, et rester vigilant le reste de ma vie.

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