Insuffisance rénale : les bons choix alimentaires

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 16/02/2018 Mis à jour le 23/02/2018
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7 conseils qui peuvent préserver la fonction rénale et prévenir les complications.

Les reins ont pour rôle d’éliminer des déchets du sang comme l’urée, mais parfois ils deviennent moins efficaces. L’alimentation joue un rôle dans l’insuffisance rénale. Alors que faut-il manger pour ralentir la maladie ou prévenir les complications ? Voici les conseils généralement prodigués aux patients, sachant que votre médecin ou votre diététicen-nutritionniste sauront vous guider selon votre situation personnelle.

En résumé : 

Conseil n°1 : adopter une alimentation alcalinisante

Les reins sont impliqués dans l’équilibre acide-base de l’organisme. S’ils fonctionnent moins bien, les acides issus de l’alimentation sont moins bien éliminés, l’organisme risque de souffrir d’acidose chronique. Il faut donc éviter d’apporter encore plus d’acides et il est souvent conseillé d'adopter une alimentation alcalinisante. Des études suggèrent qu’en limitant la charge acide de son alimentation, on peut ralentir le déclin de la fonction rénale.

Lire aussi : l'équilibre acide-base

En pratique

De manière générale, la viande, les fromages, les œufs, les céréales sont plutôt des aliments acidifiants, tandis que les fruits et légumes sont plutôt alcalinisants. Il faudrait deux fois plus d'aliments alcalinisants dans l'assiette que d'aliments acidfiants, ce qu'on réalise en suivant un régime alimentaire centré sur les végétaux (attention toutefois à l'excès éventuel de potassium, voir plus loin).

Conseil n°2 : limiter les protéines

Dans le cas de l’insuffisance rénale, il est généralement conseillé de limiter ses apports protéiques car les protéines sont transformées en urée qui risque de s’accumuler dans le sang si l’organisme a du mal à l’éliminer. Dans une étude parue en 2017, les chercheurs ont mesuré les apports protéiques de 1.594 patients souffrant de maladie rénale. Les chercheurs ont observé que plus les apports protéiques initiaux étaient bas, plus la maladie progressait lentement. Dans cette cohorte de patients, seulement 14 % suivaient les recommandations de moins de 0,8 g de protéines/kg et par jour. Cependant il ne faut pas trop réduire ses apports protéiques non plus, les auteurs estimant qu’il est dangereux d’aller en-dessous de 0,6 g/kg et par jour.

En pratique

La consommation de protéines habituellement recommandée est de 50 g pour les femmes et de 60 g pour les hommes (0,8 g de protéines par kg et par jour). Or ces recommandations sont souvent dépassées dans les régimes occidentaux. Vous devez donc limiter vos apports protéiques. Pour les patients insuffisants rénaux en dialyse, les apports protéiques devront être plus élevés d’après l’association française d’urologie.

Conseil n°3 : des protéines végétales plutôt qu’animales

Différentes études, chez l’animal et chez l’homme, montrent que le soja, qui apporte des protéines végétales, est favorable à la fonction rénale. Les végétaux ont aussi comme avantage d’être alcalinisants, quand les viandes sont plutôt acidifiantes.

En pratique

Les légumineuses comme le soja sont une source intéressante de protéines végétales (mais doivent parfois être limitées si le taux de phosphore est élevé). 

Conseil n°4 : réduire le sel

Le sel contient du chlorure de sodium dont les excès sont néfastes aux reins. L’excès de sodium alimentaire diminue l’efficacité de la filtration au niveau des reins et augmente l’excrétion de protéines. En réduisant sa consommation de sel, on peut diminuer sa protéinurie et son albuminurie.

Le sel est présent non seulement dans le sel de table, mais aussi dans des assaisonnements (sauces soja…), des conserves, charcuteries, chips, biscuits apéritifs…

En pratique

Pour l’association française d’urologie, il faut consommer moins de 6 g par jour de sel. Or le sel est souvent caché dans des aliments comme le pain, le fromage… La règle est de ne pas se resservir en sel à table. Vous pouvez assaisonner vos plats avec des herbes et des épices (doux) pour rehausser leur goût, préférer la consommation de légumes frais plutôt que de conserves, préparer soi-même ses soupes, éviter les plats cuisinés déjà très salés !

Conseil n°5 : éviter les additifs au phosphate et l'excès de phosphore

Le taux de phosphore sanguin adéquat est compris entre 2,5 et 4,5 mg/dL. Dans l'insuffisance rénale, le sang n'est pas correctement débarrassé du phosphore en trop. Or des taux élevés de phosphore peuvent provoquer des dommages. Un excès de phosphore peut fragiliser les os en accélérant la fuite de calcium. Des taux sanguins de phosphore et de calcium élevés peuvent aussi conduire à des dépôts de calcium dans les vaisseaux, les poumons, les yeux et même le coeur. 

En pratique

On conseille généralement de limiter les sources alimentaires riches en phosphore très disponible comme les abats, les sardines, les légumes secs, la bière, le lait, les fromages, le chocolat. Parallèlement, il est important d'éviter les additifs au phosphate que l'on trouve dans les aliments ultra-transformés : plus de 90% de leur phosphore est absorbé. Il existe des médicaments qui séquestrent le phosphore.

Conseil n°6 : éviter les excès de potassium

Le potassium est un minéral indispensable, mais comme le phosphore il peut s'élever dans le sang en cas d'insuffisance rénale. Les taux normaux sont de 3,5 à 4,9 mmol/L. Si le potassium est trop élevé, le médecin vous conseillera de faire des choix alimentaires en conséquence.

En pratique

Fruits : les baies, la pêche, la cerise, la poire, les fraises, l'ananas, la pastèque sont souvent autorisés, tandis qu'on conseille souvent de limiter ou éviter la banane, les pruneaux et prunes, l'orange et le jus d'orange, le kiwi, les fruits secs...

Légumes : les crucifères (brocoli, choux, cresson...), laitue, oignon, carotte, concombre, céleri, aubergine, haricots verts, poivron, courgette, maïs, champignons sont autorisés, mais on conseille de limiter ou éviter asperge, avocat, pomme de terre et patate douce, tomate (et ses dérivés), citrouille, artichaut, betterave, épinard cuit.

Céréales, légumes secs : les versions complètes des produits céréaliers sont riches en potassium ; haricots rouges ou blancs aussi.

Conseil n°7 : inverser surpoids et diabète (si nécessaire)

Le surpoids, l'obésité, le diabète sont les premières causes d'insuffisance rénale, mais il est possible d'améliorer la fonction rénale et réduire le risque cardiovasculaire en perdant le poids en excès. Dans une étude récente, les personnes diabétiques qui ont diminué de 12% leur poids ont vu leur fonction rénale s'améliorer. Le cas échéant, la chirurgie bariatrique peut être recommandée par le médecin.

En pratique 

Pour perdre du poids, le choix est vaste : vous pouvez essayer le protocole de l'université de Newcastle, décrit par l'ex-diabétique Normand Mousseau, ou encore un régime de type low-carb ou cétogène, ou un régime paléo, ou un régime à index glycémique bas.

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