La contraception hormonale augmenterait le risque de cancer du sein

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 20/04/2023 Mis à jour le 20/04/2023
Actualité

Une étude britannique montre que l'utilisation de contraceptifs progestatifs est associée à une augmentation du risque de cancer du sein de 20 à 30 %.

Pilule combinée et pilule progestative

Contrairement à la pilule combinée œstro-progestative qui associe un progestatif et un œstrogène, les pilules progestatives contiennent uniquement un progestatif : lévonorgestrel, désogestrel ou drospirenone. La prescription de progestatifs seuls a augmenté ces dernières années en France comme au Royaume-Uni. Ainsi, d’après l’Ansm (agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé), « Les ventes de pilules à base de progestatif seul ont été multipliées par deux en 10 ans (entre 2011 et 2021) alors que celles de pilules combinées sont en baisse de 36 % environ. »

Précédemment des études ont montré que la pilule combinée était associée à une légère augmentation du risque de cancer de sein, risque qui redescend à l’arrêt du contraceptif. Mais qu’en est-il pour les progestatifs seuls ? Sont-ils plus sûrs ?

Progestatifs et risque de cancer du sein

Dans une étude parue dans la revue PLOS Medicine, des chercheurs de l’université d’Oxford ont analysé les données de 9 498 femmes qui ont développé un cancer du sein invasif entre 20 et 49 ans et de 18 171 femmes témoins. 44 % des femmes atteintes d'un cancer du sein et 39 % des femmes sans cancer du sein avaient une prescription pour un contraceptif hormonal en moyenne trois ans avant le diagnostic, dont environ la moitié pour un contraceptif progestatif seul.

Voici ce que les chercheurs ont trouvé :

  • une augmentation significative du risque de cancer du sein associé à l'utilisation de contraceptifs hormonaux, que le dernier contraceptif prescrit soit ou non une préparation orale combinée avec un œstrogène et un progestatif (+23 %), une préparation orale progestative seule (+26 %), un progestatif injecté (+25 %) ou un stérilet libérant un progestatif (+32 %) ;
  • une diminution du risque à l’arrêt du contraceptif. L’augmentation du risque était de 33 % si la dernière prescription datait de l’année précédente, de 17 % si elle datait de quatre ans et de 15 % si elle remontait à plus de cinq ans ;
  • concernant le mode d'administration du progestatif : en combinant leurs résultats avec d’autres études, les auteurs ont trouvé un risque accru de cancer du sein chez les utilisatrices actuelles et récentes des quatre types de préparations progestatives seules : orales (+29 %), injectées (+18 %), implantés (+28 %) et dispositifs intra-utérins (+21 %).

Kirstin Pirie, une des auteurs de cette étude, a conclu dans un communiqué de l’université d’Oxford : « Les résultats suggèrent que l'utilisation actuelle ou récente de tous les types de contraceptifs progestatifs seuls est associée à une légère augmentation du risque de cancer du sein, similaire à celle associée à l'utilisation de contraceptifs oraux combinés. Étant donné que le risque sous-jacent de développer un cancer du sein chez une personne augmente avec l'âge, l'excès de risque absolu de cancer du sein associé à l'un ou l'autre type de contraceptif oral sera plus faible chez les femmes qui l'utilisent à un âge plus jeune. »

Les chercheurs soulignent cependant que bien que ces résultats fournissent des preuves sur les associations à court terme entre les contraceptifs hormonaux et le risque de cancer du sein, ils ne donnent pas d'informations sur les associations à plus long terme.

Les risques associés à la contraception hormonale

Cette étude conforte l’avis exprimé par la Dre Bérengère Arnal-Morvan dans son livre Pilule ou pas pilule : « Les hormones de synthèse (œstrogènes et progestatifs), qu’il s’agisse de contraception ou de traitements de troubles hormonaux gynécologiques (dont celui de la ménopause), ne sont pas sans danger pour les femmes, avec une augmentation des risques thromboemboliques (phlébite, embolie pulmonaire, infarctus du myocarde, AVC) et de cancer du sein. S’il n’y avait aucun lien, pourquoi dire à toute femme qui développe un cancer du sein ou présente un trouble thromboembolique que la première chose qu’elle doit faire est de stopper toute prise d’hormones (pilule contraceptive, progestatifs sous toutes leurs formes ou traitement de la ménopause). »

Pour vous guider dans le choix de votre contraception lisez : Pilule ou pas pilule ?

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