Le rapport parlementaire sur les faux aliments : ce qu'il dit, ce qu'il faut en penser

Par Marie-Charlotte Rivet Bonjean - Diététicienne-nutritionniste Publié le 26/09/2018 Mis à jour le 27/09/2018
Actualité

Aliments ultra-transformés, additifs, sel : les politiques ciblent la malbouffe industrielle

Après 6 mois d’enquête et 40 auditions, le rapport parlementaire sur l’alimentation industrielle a été présenté à l’Assemblée nationale le mercredi 26 septembre 2018. 

Ce rapport fait directement suite aux articles de LaNutrition.fr alertant sur la place croissante des aliments ultra-transformés publiés depuis 2015, et à la parution en 2017 de deux pavés dans la mare : « Le Nouveau Guide des Additifs », du Dr Anne-Laure Denans, qui dresse un état des lieux des connaissances scientifiques actuelles sur ces agents, et le best-seller du Dr Anthony Fardet, « Halte aux aliments ultra-transformés, mangeons vrai ! » qui a fait l’effet d’un électrochoc chez les politiques.

En mars 2018, suite à l'initiative du député Jean-Luc Mélenchon, l’Assemblée nationale avait opté pour la création d’une commission d’enquête sur l’alimentation industrielle. Elle avait pour objectif d’évaluer la qualité nutritionnelle, le rôle de l’émergence de pathologies chroniques, l’impact social et environnemental des aliments industriels.

Lire aussi : Etude française : la consommation d’aliments ultra-transformés liée au risque de cancer

Première cible : les additifs

Le rapport préconise de mettre en place une stratégie pour faire évoluer les pratiques industrielles à l’origine des aliments ultra-transformés. Objectif : que d’ici 2025, la liste des additifs autorisés passe de 338 à 48 additifs, dont seulement 4 d’origine chimique. Ce qui est d’ailleurs déjà le cas pour les aliments bio. 

Pour Anthony Fardet, « réduire drastiquement cette liste d’additifs autorisés représente un grand pas contre les aliments ultra-transformés. » 

L’avis de LaNutrition.fr :

Les additifs ne sont qu'un des marqueurs de l'ultra-transformation : on peut continuer à fabriquer des aliments ultra-transformés avec peu d'additifs ! Il eût été intéressant d'alerter sur les pratiques des industriels (assemblage d'ingrédients) comme nous le faisons depuis plusieurs années.

Deuxième cible : le sel 

Les Français consomment en moyenne 10 à 12 g de sel par jour, alors que la recommandation de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) est de 5 g par jour. Une consommation massive de sel, surtout par le biais de produits transformés, peut engendrer de nombreux problèmes de santé, et les parlementaires l’ont bien compris. 

Ils proposent un échéancier afin d’atteindre la recommandation de l’OMS en 5 ans maximum. Ils voudraient pour cela limiter la teneur en sel des produits industriels, avec des sanctions financières en cas de non-respect des obligations par les industriels. 

L’avis de LaNutrition.fr :

Si l’initiative a du sens, elle reste trop réductionniste : plutôt qu’un approche par nutriment nous avons besoin d’une approche globale, si l’on consomme moins d’aliments ultra-transformés, on consommera moins de sel (surtout les cachés). Par ailleurs, cet objectif ne date pas d’aujourd’hui, puisque la bataille contre le sel est déclarée depuis 2001. Le PNNS (Programme National Nutrition Santé) préconise depuis cette époque de diminuer la consommation de sel. Sans aucun succès.

Troisième cible : les écoles et les hôpitaux

Ce rapport voudrait renforcer l’éducation nutritionnelle des enfants dès le plus jeune âge afin de les sensibiliser à l’importance d’une bonne alimentation. Les restaurations collectives (à l’école et dans les hôpitaux) seront aussi dans la ligne de mire afin d’améliorer la qualité des repas des jeunes et de lutter contre la dénutrition des personnes âgées. 

L’avis de LaNutrition.fr :

Des programmes similaires ont déjà été mis en place pour améliorer la qualité des restaurations collectives selon les préconisations du PNNS. Le GEMRCN (Groupe d’étude des Marchés de Restauration Collective et de Nutrition) dicte les règles à respecter au niveau des fréquences, des portions des aliments et des menus. On ne sait pas si les conseils issus du rapport parlementaire vont se superposer à ceux du GEMRCN, les côtoyer, ou les envoyer par le fond.
 

Quatrième cible : les plus démunis 

Afin de lutter contre les inégalités sociales, les députés voudraient mettre en place une allocation sous forme de coupons délivrés par les caisses d’allocations familiales, afin que les familles en situation de pauvreté puissent s’alimenter convenablement. 

Les autres mesures 

Le Nutri-Score bientôt obligatoire ? 

C’est un des autres axes de ce rapport. Les auteurs du rapport préconisent l’obligation de l’affichage de ce logo sur les produits transformés et ultra-transformés en affichant également la proportion globale d’additifs ainsi que la mention de l’origine des produits. 

L’avis de LaNutrition.fr :

Le caractère obligatoire du Nutri-Score se heurte aux dispositions légales. Et son approche par nutriments est l'inverse d'une approche globale. Elle donne d’ailleurs des résultats critiquables. 

Plus de moyens pour encadrer les industriels ? 

Afin d’encadrer et de suivre les nouvelles mesures, un secrétariat général à l'alimentation pourrait être créé.

En plus de cette nouvelle direction, les moyens en personnel et les dispositifs techniques de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) seraient renforcés. 

Affaire à suivre … 

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