Le sport sur ordonnance serait efficace

Par Julien Hernandez - Journaliste scientifique Publié le 26/11/2018 Mis à jour le 19/02/2019
Actualité

La prescription médicale d’une activité physique adaptée augmente drastiquement la quantité réelle de sport pratiqué par les patients. En France, l'INSERM a émis début 2019 des recommandations favorables à cette pratique. Une bonne nouvelle pour la santé publique. 

Pourquoi c’est important

L’activité physique est un des piliers fondamentaux d’une bonne santé. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la sédentarité est la 4e cause de maladies non transmissibles qui elles même sont la 1ère cause de mortalité. Or, dans les pays occidentaux, le travail de bureau, les déplacements en voiture,  la prise d'ascenseurs et d'escalators favorisent une inactivité préoccupante, pas forcément rattrapée par des séances hebdomadaires de sport (il existe ce qu'on appelle des "sportifs sédentaires").

Il est donc primordial d’augmenter la pratique sportive chez les populations occidentales, au risque d'assister à une augmentation inéluctable des maladies chroniques telles que l'obésité ou les maladies cardiovasculaires. Bonne nouvelle : une étude suggère que le sport sur ordonnance (basé sur le modèle suédois) pourrait être un outil efficace pour accroître réellement la pratique sportive des patients. Plus récemment, c'est un comité d'expert de l'INSERM (institut nationale de la santé et de la recherche médicale) qui s'est réuni pour réaliser une analyse critique de la littératurre scientifique et émettre quelques recommandations à propos de la prescription sportive. 

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Ce que dit l’étude

Pour les besoins de leur méta-analyse, les chercheurs ont rassemblé 9 essais contrôlés randomisés évaluant les liens entre prescription d’activité physique, niveaux d’activité physique réelle, taux de maladie et taux de mortalité. 

Les scientifiques ont comparé les données de 642 patients séparés en deux groupes : 

  • Les groupes contrôles sans ordonnance d’activité physique.
  • Les groupes d’études, qui se voyaient prescrire une activité physique adaptée et individualisée + un suivi adéquat (12 semaines en moyenne).

Les résultats sont assez bluffants :  le temps d’activité physique pouvait être multiplié par 2 grâce à la prescription, soit 2 à 3 séances supplémentaires par semaine. En d'autres termes, les patients bougaient en moyenne 3 heures de plus que ceux qui n'avaient pas eu d'ordonnance.

En revanche, aucun bénéfice n’a été constaté sur les taux de maladie et de mortalité. Une absence de résultats positifs que les scientifiques imputent à la faible durée des suivis. Les auteurs de cette étude suggèrent, sur la base de leurs conclusions, d'intégrer la prescription d’activité physique dans la routine classique des soins médicaux.

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Ce que dit l'INSERM

En février 2019, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a publié un rapport, où l'on peut lire dès les premières lignes, à propos de la prescription d'une activité physique pour les malades chroniques : "Il n'y a plus aucun doute sur cette nécessité". 

Ce rapport avait pour objectif de :  

  • Déterminer les programmes sportifs les plus efficients en prenant en compte aptitudes physiques et ressources psychosociales des patients pour obtenir un maximum de bénéfices avec le moins de risques possible. 
  • Identifier les facteurs qui déterminent l'adoption d'un mode de vie plus sportif. 
  • Comprendre les mécanismes par lesquels l'activité physique agit de manière générale.

Pour ce faire 13 chercheurs issus de domaines différents se sont réunis. Voici leurs principales recommandations : 

  • Prescrire de l'activité physique pour toutes les maladies chroniques étudiées et l'intégrer dans le parcours de soin.
  • Adapter la prescription d’activité physique aux caractéristiques individuelles et médicales des patients.
  • Organiser le parcours du patient afin de favoriser l’activité physique à toutes les étapes de la pathologie.
  • Associer à la prescription une démarche éducative pour favoriser l’engagement du patient dans un projet d’activité physique sur le long terme.
  • Soutenir la motivation du patient dans la mise en œuvre de son projet.
  • Former les médecins à la prescription d’activité physique (module obligatoire pour les étudiants, formation continue, échanges entre professionnels, etc.).
  • Former des professionnels de l’activité physique à la connaissance de la pathologie et à l’intégration de l’activité physique dans l’intervention médicale.
  • Promouvoir des recherches sur les modalités d'intervention et leurs effets, les modalités d'intégration de l'activité physique dans le parcours de soin et ses finalités, sur les motivations et l'observance à long terme, sur les outils technologiques, sur les effets des politiques publiques de santé en faveur de l’activité physique des personnes atteintes de maladies chroniques, sur les mécanismes physiologiques d’action de l’activité physique en général et par pathologie et sur les effets synergiques de stratégies combinant alimentation et activité physique.

Ce rapport est un grand bond en avant dans le monde de la médecine. Si ces recommandations sont appliquées, on pourrait hypothétiquement assister à un recul des maladies chroniques, à une baisse de l'utilisation des médicaments non nécessaires et à une amélioration de la qualité de vie. 

En pratique 

En France, depuis le 1er mars 2017, les médecins sont habilités à vous prescrire du sport  si vous êtes atteint d’une affection de longue durée. Plusieurs structures sont spécialisées dans la prise en charge sportive des patients, notamment cancéreux. L’activité physique y est individualisée au maximum, ce qui permet une pratique efficace, respectueuse et sereine. Néanmoins, comme l'on souligné les chercheurs, tous les patients devraient pouvoir bénéficier de sport sur ordonnance, sans qu'il soit réservé aux malades chroniques.

Quoi qu'il en soit, il est toujours bon d’échanger un peu de son "temps sédentaire" contre de l’activité physique adaptée, individualisée et plaisante. Par ailleurs, se lever régulièrement au bureau, utiliser les escaliers, faire un petit tour pendant la pause déjeuner... permettent d'augmenter son activité physique au quotidien.

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