Les anticholestérols inutiles après 65 ans

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 12/06/2017 Mis à jour le 26/07/2017
Actualité

Il semble inutile de donner des statines aux seniors à risque cardiovasculaire. La prescription devrait surtout porter sur les changements alimentaires, l'exercice et la gestion du stress.

Les statines, des médicaments anticholestérol, restent très prescrites aux personnes plus âgées sans antécédents de maladie cardiovasculaire, sur la foi d'un cholestérol élevé ou d'autres facteurs de risque comme le diabète ou l'hypertension. Mais ces derniers temps, les statines ont fait l'objet de nombreuses critiques. Une organisation américaine officielle indépendante, l'US Preventive Services Task Force a souligné en 2016 qu'il n'y a pas de preuves scientifiques pour justifier la prescription de statines en prévention primaire, notamment après 76 ans.

L'étude

Dans un article paru dans JAMA Internal Medicine, des chercheurs américains ont comparé l’effet d’une statine à d'autres prises en charge pour prévenir le risque cardiovasculaire. La question était surtout de savoir si les statines seraient efficaces chez des adultes de plus de 65 ans.

L’essai Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to Prevent Heart Attack Trial-Lipid-Lowering Trial (ALLHAT-LLT) comptait 2.867 participants qui n’avaient pas d'athérosclérose mais souffraient d’hypertension et avaient des taux de "mauvais" cholestérol-LDL plutôt élevés (148 mg/dL en moyenne). L’étude a duré de février 1994 à mars 2002, et a été menée sur 513 sites. Les chercheurs ont comparé un groupe de 1.467 personnes qui prenait de la pravastatine sodique (40 mg par jour) et un groupe de 1.400 patients qui suivait un autre traitement habituellement prescrit. La moyenne d’âge des participants était de 71 ans.

Lors de la 6e année, la moyenne du « mauvais » cholestérol était plus basse dans le groupe qui prenait la pravastatine. Mais si on comparait la mortalité, elle était plus élevée (+18 %) dans le groupe qui prenait la pravastatine : + 8 % chez les 65-74 ans et +34 % chez les plus de 75 ans. Les statines n’apportent donc aucun bénéfice aux seniors qui ont un cholestérol élevé et de l’hypertension. D’après les auteurs, la hausse de mortalité chez ceux qui prenaient le médicament ne serait pas significative.

Les leçons des autres essais cliniques

Le seul grand essai clinique qui ciblait plus particulièrement les personnes âgées à risque mais sans antécédent est l'essai PROSPER. La prise de pravastatine n'a permis de réduire ni les infarctus ni les AVC. Plus inquiétant : dans le groupe sans antécédent qui prenait un placebo, la mortalité toutes causes a été de 8,8%, alors qu'elle a été de 9,6% dans le groupe qui prenait le médicament.

Dans l'essai HOPE-3, qui s'intéressait à une population d'âge mûr, la mortalité totale n'est pas inférieure dans le groupe qui prenait des statines. Même constat pour l'essai JUPITER pour les plus de 70 ans (cette étude a par ailleurs été fortement critiquée pour avoir été interrompue prématurément).

Conclusion 

Les statines n'ont pas fait la preuve de leur efficacité en prévention primaire chez les seniors; elles pourraient au contraire entraîner des effets indésirables graves. A côté des traitements qui ont fait leurs preuves comme certains antihypertenseurs, les médecins devraient prescrire à leurs patients à risque des changements de mode de vie et d'alimentation, tels ceux préconisés par le Dr Michel de Lorgeril dans "Prévenir l'infarctus et l'AVC".

 

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