Ados : la malbouffe associée à des troubles de l'humeur

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 21/11/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Les ados qui consomment régulièrement sodas, fast-food et snacks sont plus anxieux, dépressifs, insomniaques ou agressifs que les autres 

La malbouffe ("junk food") -qui correspond à la consommation d’aliments hautement énergétiques et de faible valeur nutritionnelle- a considérablement augmenté. Alors que l’on connait ses effets sur le tour de taille, ce que l’on sait moins c’est que la malbouffe serait associée à la détresse psychiatrique chez les jeunes, selon une nouvelle étude (1) parue dans la revue Nutrition.

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« Les données épidémiologiques actuelles montrent que 20% des enfants et adolescents souffrent d’un problème de santé mentale et dans 50% des cas ces problèmes apparaissent à l’adolescence » disent les auteurs. « L’OMS considère que les problèmes de santé d’ordre mental sont un problème de santé important à l’adolescence. Il est donc essentiel d’identifier les facteurs qui contribuent aux troubles mentaux qui s’expriment à travers le comportement et l’humeur » expliquent les auteurs.

Des études récentes suggèrent qu’il existe un lien entre l’humeur et les habitudes alimentaires.

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Ici, les auteurs ont étudié l’association entre malbouffe et santé mentale chez des enfants et des adolescents. Les données obtenues à partir du système de surveillance CAPSIAN IV (Childhood and Adolescence Surveillance and Prevention of Adult Non communicable Disease) concernent 13 486 élèves âgés de 6 à 18 ans en Iran. Les enfants et leurs parents ont complété 2 séries de questionnaires qui ont permis d’évaluer la détresse psychiatrique (inquiétude, dépression, confusion, insomnie, anxiété, agressivité) et les comportements violents (bagarres, intimidation, victimisation). La malbouffe correspond à la consommation de sucreries (gâteaux, bonbons…), boissons sucrées, snacks salés et fast-food.

Les résultats montrent que la fréquence de consommation de « malbouffe » est associée à la détresse psychiatrique chez les enfants et les adolescents. Malbouffe (excepté les sucreries) et comportements violents sont également associés, selon les résultats de l’étude. La consommation quotidienne de boissons sucrées et de snacks augmentent le niveau de détresse psychiatrique, auto-évalué par les participants.

Les résultats de cette étude rejoignent ceux obtenus dans des travaux antérieurs. Une étude menée sur 10 645 enfants âgés de 12 à 16 ans dans 30 écoles d’une ville britannique montre que de mauvaises habitudes alimentaires, en particulier la consommation quotidienne de "junk food", sont associées à une moins bonne santé mentale mais également physique (2). Une consommation élevée de boissons sucrées a également été associée à des problèmes de santé mentale chez les adolescents (3).

Les auteurs expliquent que la malbouffe, caractérisée par une faible qualité nutritive, ne permet pas d’apporter les nutriments nécessaires au fonctionnement « normal » du cerveau. Par exemple, la vitamine B9, la vitamine B12 et les acides gras polyinsaturés sont indispensables au bon fonctionnement du système nerveux central et pourraient avoir un effet sur l’humeur via la synthèse de neurotransmetteurs comme la sérotonine, hormone liée à l’humeur.

« L’amélioration des habitudes alimentaires pourraient être une approche efficace pour prévenir les troubles mentaux chez les adolescents » concluent les auteurs.

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Sources

(1) Zahedi H, Kelishadi R, Heshmat R, Motlagh ME, Ranjbar SH, Ardalan G, Payab M, Chinian M, Asayesh H, Larijani B, Qorbani M. Association between junk food consumption and mental health in a national sample of Iranian children and adolescents: the CASPIAN-IV study. Nutrition. 2014 Nov-Dec;30(11-12):1391-7. doi: 10.1016/j.nut.2014.04.014. Epub 2014 May 9.

(2) Zahra J, Ford T, Jodrell D. Cross-sectional survey of daily junk food consumption, irregular eating, mental and physical health and parenting style of British secondary school children. Child Care Health Dev. 2014 Jul;40(4):481-91. doi: 10.1111/cch.12068. Epub 2013 Apr 18.

(3) Lien L, Lien N, Heyerdahl S, Thoresen M, Bjertness E. Consumption of soft drinks and hyperactivity, mental distress, and conduct problems among adolescents in Oslo, Norway. Am J Public Health. 2006 Oct;96(10):1815-20.

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