Alzheimer : vers un diagnostic plus précoce

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/07/2007 Mis à jour le 21/11/2017
Une série de nouveaux critères de détection précoce de la maladie d’Alzheimer vient d’être proposée par une équipe internationale de chercheurs

Un groupe international de neurologues vient de proposer, dans un article paru dans The Lancet Neurology, une série de nouveaux critères permettant de détecter la maladie d’Alzheimer de manière plus précoce.

25 millions de personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer dans le monde, 350 000 en sont affectées en France. Cette maladie neurodégénérative qui survient généralement après 65 ans entraîne des lésions au cerveau. Les symptômes : des pertes de mémoire, une difficulté à accomplir des tâches de la vie quotidienne, des changements d'humeur et de comportement… qui aboutissent à une perte progressive d’autonomie.

Plusieurs changements cellulaires se produisent dans le cerveau des personnes atteintes. Certaines catégories de neurones rapetissent ou disparaissent et sont remplacées par des taches denses de forme irrégulière formées de protéines bêta-amyloïde et que l'on appelle « plaques amyloïdes». Autre indicateur de la maladie d'Alzheimer : la présence d'enchevêtrements autour des cellules existantes du cerveau formés cette fois de protéines « tau » qui vont finir par étouffer les neurones sains.

En 2005, des chercheurs de différents pays ont formé un groupe de travail destiné à redéfinir les critères de diagnostic mis en place en 1984. Depuis 20 ans, en effet, d’énormes progrès ont été faits dans la connaissance de la maladie, notamment sur le fonctionnement du cerveau. Associé à des techniques d’imagerie telles que l’IRM ou la tomographie à émission de positon (TEP), ces connaissances permettent aujourd’hui de proposer des critères de diagnostic plus spécifiques.

Cette équipe internationale de neurologues, coordonnée par Bruno Dubois (chercheur Inserm à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) s’est basée sur les connaissances nouvelles des processus neurobiologiques et sur la corrélation, établie grâce à l’imagerie, entre épisodes de perte de mémoire et altération de zones spécifiques du cerveau.

Selon les chercheurs, les « critères majeurs » obligatoires pour dire aujourd’hui qu’une personne est atteinte de la maladie d’Alzheimer sont des troubles de la mémoire observés par elle et ses proches depuis plus de 6 mois ainsi que la confirmation d’un trouble de la « mémoire épisodique à long terme » par des tests spécifiques.

Pour Bruno Dubois et ses collaborateurs, il est aujourd’hui possible de détecter les premiers éléments spécifiques de la maladie avant que les patients arrivent au stade de démence, c'est-à-dire avant que leurs facultés mentales ne soient affectées, et d’intervenir dès le stade de pré-démence ou stade « prodromal » (quand les symptômes ne sont pas assez sévères pour faire partie des critères actuels de la maladie).

Ainsi, le syndrome amnésique hippocampique qui apparaît de manière très précoce dans la maladie, serait détectable par IRM sous les traits d’une atrophie de l’hippocampe. Des taux anormaux de protéines tau ou bêta amyloïde seraient également détectable très tôt dans le liquide « cérébrospinal » baignant le cerveau. Enfin, il serait possible grâce aux techniques d’imagerie telles que le PET, de détecter une diminution du métabolisme des neurones situés dans certaines régions spécifiques du cerveau.

Pour l’instant, ces propositions doivent encore être confirmées par des études sur des cohortes dans le but d’affiner la sensibilité, la spécificité et la pertinence de ces nouveaux critères. Ces derniers doivent, selon Bruno Dubois, viser « à la spécificité absolue ». Pour les chercheurs, en effet, les traitements futurs permettront de retarder, voire stopper la progression de la maladie. Ils devront être prescrits le plus tôt possible, dès les premiers signes de la maladie pour être efficaces.

Dubois B, Research criteria for the diagnosis of Alzheimer's disease: revising the NINCDS–ADRDA criteria, Lancet Neurology, juillet 2007.

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