Boissons sucrées : si maman en boit, les enfants aussi

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 15/07/2014 Mis à jour le 10/03/2017
On boit plus de sodas et jus de fruits dans les milieux défavorisés mais les parents ont un rôle à jouer car ils donnent l'exemple.

En matière d’alimentation, l’éducation et l’exemple donné aux enfants sont essentiels. Dans cette étude, parue dans le British Journal of Nutrition, les chercheurs rapportent que les inégalités socio-économiques qui impactent le comportement alimentaire des enfants notamment pour leur consommation de boissons sucrées sont influencées par la propre consommation de leurs parents et par la facilité d’accès à la maison. Deux facteurs qui peuvent être modifiés.

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Les habitudes alimentaires prises pendant l’enfance et l’adolescence se poursuivent généralement à l’âge adulte. Il est donc essentiel d’adopter des comportements alimentaires sains dès l’enfance. Pour mener des actions efficaces en matière d’éducation alimentaire chez les jeunes, il faut dans un premier temps comprendre les facteurs qui influencent leur comportement notamment vis-à-vis de leur consommation de boissons sucrées et snacks entre les repas.

Pour les enfants, c’est souvent l’environnement à la maison qui détermine leurs habitudes alimentaires présentes et futures. Les parents choisissent quels aliments sont disponibles à la maison, établissent des règles (ou pas) sur ce que leurs enfants ont le droit de manger et donnent également l’exemple avec leur propre comportement alimentaire. Ceci est notamment vrai pour la consommation de boissons sucrées et de snacks.

Le contexte socio-économique dans lequel évoluent les enfants joue un rôle important. Les études montrent que les enfants qui grandissent dans un contexte moins favorisé adoptent des comportements alimentaires moins sains et sont plus souvent en surpoids.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont cherché à comprendre quels facteurs influencent ces inégalités socio-économiques en matière de consommation de snacks et de boissons sucrées par des enfants âgés de 11 ans. Ils ont utilisé les données d’une étude (Dutch INPACT study) dans laquelle 1318 duos enfant-parent ont répondu à un questionnaire pour évaluer les consommations (fréquence et quantité) de snacks (friandises, chocolats, bonbons, chips, gâteaux, biscuits…) et boissons sucrées.

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Ils ont examiné dans un premier temps l’association entre le statut socio-économique –déterminé par le niveau d’études de la mère (bas, intermédiaire, élevé) – et la consommation de snacks et boissons sucrées chez les enfants. Puis lorsque c’était possible ils ont regardé l’influence de différents facteurs environnementaux sur ces associations : disponibilité à la maison, règles concernant l’alimentation, consommation des parents, des facteurs économiques (achats de nourriture avec l’argent de poche), influence des enfants de leur âge.

Les résultats montrent que ce sont les enfants dont les mères ont un niveau d’étude intermédiaire qui consomment le plus de snacks sucrés ou salés -10 en moyenne par semaine- alors que ce sont ceux dont les mères ont un niveau d’étude élevé qui en consomment le moins (9 par semaine). Pour la consommation des snacks, il n’y a pas de différences entre les enfants ayant le statut socio-économique le plus élevé et ceux ayant le statut socio-économique le plus faible. Pour les auteurs ces résultats –un peu inattendus - s’expliquent en partie par la difficulté de définir exactement ce qu’est un snack et donc d’évaluer leur consommation.

Les enfants les moins favorisés consomment plus de boissons sucrées (2,4 litres par semaine) que les enfants les plus favorisés (1,8 litres par semaine), et leur consommation est associée à la consommation de leurs parents et à la disponibilité de ce type de boissons chez eux. Aucune association n’a été trouvée entre le niveau d’étude de la mère et les règles de consommation de boissons.

Selon les analyses des auteurs, la disponibilité des boissons sucrées à la maison et la propre consommation des parents peuvent expliquer 58,2% des différences observées au niveau de la consommation des boissons sucrées par les enfants entre les milieux les plus favorisés et les milieux les moins favorisés.

Si le statut socio-économique est un paramètre difficile à changer sur les habitudes alimentaires, certains facteurs sont modifiables. Ainsi, les parents quel que soit leur niveau d’étude ou leur situation économique peuvent facilement donner le bon exemple à leurs enfants et faire que les boissons sucrées ne soient pas si facilement accessibles.

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Source

Wilke J. C. van Ansem, Frank J. van Lenthe, Carola T. M. Schrijvers, Gerda Rodenburg and Dike van de Mheen. Socio-economic inequalities in children’s snack consumption and sugar-sweetened beverage consumption: the contribution of home environmental factors. British Journal of Nutrition (2014), 112, 467–476

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