Combien de vitamine D ? Controverse sur le niveau optimal

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/05/2013 Mis à jour le 06/02/2017
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Le niveau de vitamine D qui protège des maladies et réduit la mortalité est débattu. Illustration avec deux études récentes.

Le taux optimal de vitamine D, celui qui permettrait de réduire le risque de maladie chronique, voire de mortalité, continue de faire l’objet de débats, comme l’illustrent deux articles parus ces derniers jours.

Dans un article publié en ligne dans l’American Journal of Medicine, deux chercheurs de Johns Hopkins (Baltimore), Muhammad Amer et Rehan Qayyum contestent qu’il soit nécessaire d’avoir des niveaux élevés de vitamine D dans le sang pour rester en bonne santé (1). Les auteurs ont analysé des données portant sur 10170 participants adultes de l’étude NHANES de 2001 à 2004 et des statistiques de mortalité allant jusqu’en 2006.

Le taux de vitamine D dans le sang de cette population a été relevé. Les auteurs ont noté le nombre de décès survenus dans cet échantillon.

L’âge moyen des participants était de 46,6 ans tandis que le niveau médian de vitamine D circulante (25(OH)D) était de 21 ng/mL (52,4 nmol/L).

Le niveau de 25(OH)D donne une bonne idée du statut en vitamine D chez les personnes qui n’ont pas de maladie du rein.

Après un suivi de 3,8 ans en moyenne, 509 décès ont été enregistrés dont 184 dus à des maladies cardiovasculaires. Les auteurs de l’étude rapportent que chez les personnes dont la concentration est inférieure ou égale à 21 ng/mL, une concentration élevée en vitamine D est associée à une meilleure survie. Dans le détail, le risque de mortalité toutes causes est réduit de 46% pour les concentrations plus élevées jusqu’à 21 ng/mL par rapport aux concentrations les plus basses, et de 50% pour la mortalité cardiovasculaire.

Cependant, les auteurs ne constatent pas de bénéfice supplémentaire au-dessus de 21 ng/mL. Ce seuil « optimal » de protection est nettement inférieur à celui trouvé dans de nombreuses autres études (lire notre avis plus bas). Les auteurs confirment que la supplémentation en vitamine D reste nécessaire pour assurer la santé des os de certaines populations : personnes âgées, femmes ménopausées, patients souffrant de troubles rénaux.

Dans l’étude britannique Whitehall, 5409 hommes (âge moyen au départ : 77 ans) ont été suivis pendant 13 ans. Le taux médian de vitamine D était de 22 ng/mL (56 nmol/L). Les chercheurs ont constaté que des taux plus élevés de vitamine D étaient associés à un risque de mortalité plus faible dans l’intervalle 16-36 ng/mL (40-90 nmol/L). En tenant compte de l’état de santé des participants, ces auteurs rapportent qu’un doublement de la vitamine D circulante est associé à une diminution de 20% de la mortalité vasculaire et de 23% de la mortalité non-vasculaire. En intégrant ces résultats à d’autres études dans le cadre d’une méta-analyse, ils trouvent que des taux élevés de vitamine D sont associés à une réduction des mortalités vasculaires et non-vasculaires de 21 et 28% respectivement, par rapport à des taux bas.

La vitamine D a pour particularité d’être fabriquée par exposition au soleil, l’alimentation (poissons gras) ne contribuant que marginalement à notre statut. Or, au-dessus des Pyrénées, la synthèse n’est réellement efficace qu’entre avril et octobre. Par ailleurs, nous passons de plus en plus de temps à l’intérieur et protégeons notre peau derrière des crèmes solaires. C’est pourquoi, selon l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), 80 % de la population française manque de vitamine D, les apports alimentaires étant eux aussi limités.

Lire : Le déficit en vitamine D touche fortement les Français

L’équipe américaine de l’université Johns Hopkins avait publié en 2012 des travaux montrant que qu’au-dessus de 21 ng/mL les concentrations de vitamine D dans le sang à sont associées à une augmentation du taux de protéine C-réactive (CRP), un marqueur de l’inflammation. Une autre étude a trouvé un risque cardiovasculaire augmenté à partir de 100 ng/mL.

Lire : l'excès de vitamine D dangereux pour le coeur.

L’avis de LaNutrition.fr. L’étude américaine trouve qu’en prévention de la mortalité, il n’y a pas de bénéfice supplémentaire à avoir plus de 21 ng/mL de vitamine D dans le sang. Ce seuil paraît bas, comme le suggère d’ailleurs la méta-analyse britannique. On considère actuellement qu’il faut au moins 30 ng/mL (75 nmol/L) de vitamine D pour espérer prévenir maladies chroniques et risques de fracture. C’est ce qui ressort de plusieurs études épidémiologiques (2). L’étude de Schöttker sur les risques de cancer en Allemagne fait apparaître un seuil de protection contre le cancer à partir de 20 ng/mL, mais la mortalité n’est diminuée que chez les personnes ayant des taux supérieurs à 30 ng/mL. Lorsqu’on ne retient que la mortalité, le seuil de 21 ng/mL paraît également faible (3). Dans l’étude de Tromsø (4), qui portait sur 4751 non fumeurs, les personnes dont les taux étaient les plus élevés (29 ng/mL en moyenne) avaient une mortalité toutes causes significativement inférieure à celles dont les taux étaient plus bas. Il faut noter que toutes ces études sont des études d’observation, qui ne permettent pas de tirer de conclusion sur une éventuelle relation de cause à effet. En attendant d’en savoir plus, le taux de 30 ng/mL (75 nmol/L) continue de faire consensus et d’être l’objectif minimum. Le Dr Brigitte Houssin, dans Vitamine D mode d’emploi conseille même de viser 40 ng/mL (100 nmol/L) (lire un extrait ICI  >>). Il faut pour cela, selon son taux de base (mesuré par dosage biologique) prendre 1500 à 3000 UI par jour hors exposition solaire.

Le Dr Brigitte Houssin, l’une des spécialistes françaises de la vitamine D, vous dit, dans son guide Vitamine D, mode d'emploi comment obtenir en permanence un taux de vitamine D optimal et protecteur

Sources

(1) Amer M, Qayyum R. Relationship between 25-Hydroxyvitamin D and All-cause and Cardiovascular Disease Mortality. Am J Med. 2013 Apr 17.

(2) Bischoff-Ferrari HA, Giovannucci E, Willett WC, Dietrich T, Dawson-Hughes B. Estimation of optimal serum concentrations of 25-hydroxyvitamin D for multiple health outcomes. Am J Clin Nutr 2006;84:18–28

(3) Schöttker B, Haug U, Schomburg L, Köhrle J, Perna L, Müller H, Holleczek B, Brenner H. Strong associations of 25-hydroxyvitamin D concentrations with all-cause, cardiovascular, cancer, and respiratory disease mortality in a large cohort study. Am J Clin Nutr. 2013 Apr;97(4):782-93. doi:10.3945/ajcn.112.047712.

(4) Hutchinson MS, Grimnes G, Joakimsen RM, Figenschau Y, Jorde R. Low serum 25-hydroxyvitamin D levels are associated with increased all-cause mortality risk in a general population: the Tromsø study. Eur J Endocrinol. 2010 May;162(5):935-42.

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