Comment le lait perturbe votre métabolisme

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 06/08/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Le lait active des facteurs de croissance et favorise la prolifération cellulaire en envoyant des signaux métaboliques aux cellules.

Le lait est l’aliment développé par l’évolution des mammifères pour le développement des nouveau-nés. La consommation de lait de vache et de produits laitiers tout au long de l'existence est un comportement relativement récent dans l’histoire d’Homo sapiens puisqu'il apparaît dans de petits foyers humains il y a dix mille ans environ (sur les 7 millions que compte l'espèce humaine).  Cette consommation tout au long de la vie ne prévient pas les fractures osseuses comme le fait croire l'industrie laitière, et elle a des conséquences sur la santé que l'on commence seulement à cerner. 

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La consommation de lait de ruminant au-delà de la période néonatale est associée à une augmentation de la taille moyenne de l'enfant et de l'adolescent. Elle est aussi associée à un risque accru de diabète de type-1 chez les enfants à risque, de maladies auto-immunes (comme la sclérose en plaques) et de certains cancers (prostate, ovaires) ; mais elle est aussi liée à un risque plus faible de cancer du côlon… Les effets biologiques du lait sont donc complexes mais réels. 

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Un nouvel article du Journal of Nutrition présente les voies de signalisation dans lesquelles le lait s’immisce pour favoriser la croissance, la prolifération des cellules et probablement certaines pathologies. Selon les chercheurs allemands qui ont réalisé cette revue de littérature, deux grandes catégories de constituants du lait envoient des signaux aux cellules humaines : certains acides aminés et les micro-ARN.

Tout d'abord, le lait contient du tryptophane, un acide aminé favorisant la synthèse de sérotonine, qui elle-même augmente la sécrétion d’hormone de croissance. En effet, la consommation de lait accroît les taux d’hormone de croissance, mais aussi du facteur de croissance IGF-1. Les protéines du lactosérum (whey) fournissent aussi des quantités importantes d’acides aminés branchés : leucine, isoleucine et valine. Or la leucine active un complexe cellulaire important pour la croissance et la prolifération des cellules (mTORC1). Ce complexe est impliqué dans différentes maladies de civilisation : obésité, diabète de type-2, hypertension, maladie d’Alzheimer, cancer de la prostate. Les acides aminés branchés sont d’ailleurs utilisés par les sportifs pour augmenter leur masse musculaire.

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En parallèle, le lait contient de petites vésicules appelées « exosomes », mesurant 50 à 100 nm, à l’intérieur desquelles se trouvent des fragments d’ARN : les micro-ARN aussi nommés « miRs ». Les micro-ARN contrôlent des gènes en s’associant aux séquences d’ARNm. Or le lait contient des concentrations particulièrement élevées d’ARN ; ces micro-ARN jouent un rôle dans le développement du système immunitaire du nouveau-né, mais qu’en est-il plus tard ? Dans les vésicules, les micro-ARN du lait de vache sont protégés de la dégradation : ils résistent à la chaleur, si bien que le lait pasteurisé en contient toujours des concentrations non-négligeables !

Les micro-ARN du lait passeraient la barrière intestinale pour rejoindre la circulation générale. Plusieurs micro-ARN du lait de vache auraient un effet néfaste sur la santé humaine :
•    miR-21 : véritable oncogène, il contribue à la prolifération des cellules dans le cancer du rein. 

•    miR-103 : tout comme miR-21, ce micro-ARN favoriserait l’adipogenèse, c’est-à-dire le développement du tissu adipeux, et donc l’obésité,
•    miR-29b : ce micro-ARN maintient des niveaux élevés d’acides aminés branchés dans le sang, phénomène qui favoriserait la résistance à l’insuline. A noter d'ailleurs que tous les laitages ont un index insulinémique élevé, c'est-à-dire qu'ils entraînent une sécrétion importante d'insuline.

Certains de ces effets biologiques du lait sont confirmés par l'épidémiologie, d'autres pas. Par exemple, en dépit d'une stimulation importante de la sécrétion d'insuline, il n'y a pas aujourd'hui de preuves que la consommation de lait ou de produits laitiers augmente les risques d'obésité ou de diabète de type-2.

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Source

Bodo C Melnik, Swen Malte John et Gerd Schmitz. Milk is not just food but most likely a genetic transfection system activating mTORC1 signaling for postnatal growth. Nutrition Journal 2013, 12:103. 25 juillet 2013. doi:10.1186/1475-2891-12-103.

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