Dîner tôt pour être moins gros

Par Pierre Lombard Publié le 03/06/2016 Mis à jour le 26/07/2017
Actualité

Les personnes qui mangent régulièrement après 20 h ont une taille plus épaisse que ceux qui dînent tôt. Un effet dû à l'adaptation du corps à utiliser l’énergie des aliments durant la journée.

Le dicton populaire énonce : "manger comme un roi le matin, comme un prince à midi et comme un pauvre le soir". On pourrait ajouter : et tôt le soir. Selon une équipe de scientifiques menée par le Dr Lopez-Legarrea qui a analysé les données anthropomorphiques d’environ 5500 Chiliens, ceux qui mangent tard ont un IMC plus élevé d’un point, quel que soit leur sexe.

Pour rappel, l’Indice de Masse Corporelle correspond au poids divisé par la taille au carré (en mètres), c’est un indicateur de la corpulence. Une corpulence "normale" correspond à un IMC entre 18 et 25. Une différence d'un point d'IMC se traduit comme suit pour des femmes de corpulence moyenne : une femme de 1,65 m ayant un IMC de 20 pèse 55 kg tandis qu’une femme de la même taille avec un IMC de 21 pèse 58 kg.

En plus d’un IMC plus élevé, ceux dînant tard avaient surtout plus de graisse abdominale (liée aux maladies cardiovasculaires) révélée par un tour de taille plus épais de 5 cm.

D’après les chercheurs, si ceux qui dînent tard sont plus gros, c’est parce que notre corps s’est adapté pour utiliser l’énergie durant le jour. En conséquence, notre métabolisme ralentit durant la nuit et accélère durant le jour.

Des résultats qui font écho aux découvertes récentes 

L’obésité est principalement causée par une vie sédentaire et une alimentation trop riche. Cependant, des chercheurs ont remarqué que les travailleurs intermittents qui mangent à des heures variables comme les policiers ou les pompiers sont bien plus à risque de maladies cardiovasculaires (syndrome métabolique, hypertension, diabète, infarctus, etc.). De plus, des souris dont on a altéré les gènes de l’horloge interne développent beaucoup plus facilement ces mêmes maladies cardiovasculaires.

Une étude publiée en mars (2) avait obtenu des résultats similaires : les souris à qui on servait des repas pendant la journée grossissaient davantage que celles nourries durant la nuit (les souris ont une horloge interne inversée par rapport aux humains). Les chercheurs avaient également expliqué que le métabolisme énergétique était plus actif durant la nuit chez les souris, ce qui devrait probablement se traduire chez l’homme par un métabolisme ralentit durant la nuit.

Une autre étude publiée en avril 2016 dans le British Journal of Nutrition (3) rapportait que ceux qui mangent beaucoup au déjeuner (et moins le soir) sont plus fins que ceux mangent copieusement le soir.

L' horloge interne est gérée par l’hypothalamus, synchronisée sur le cycle jour-nuit. Des horloges secondaires existent également dans plusieurs tissus, comme le foie, le pancréas, et même le tissu adipeux. Ces horloges contrôlent de très nombreuses voies métaboliques. Manger en dehors des périodes « physiologiques » perturberait donc ces voies métaboliques et contribueraient aux maladies cardiovasculaires (4), à l’hypertension (5), aux maladies auto-immunes (6), aux maladies neuro-dégénératives comme la maladie d’Alzeihmer et de Parkinson (7), , à l’arthrose (8) et même aux maladies psychiatriques (9).

Toutes ces études suggèrent donc la même chose : mieux vaut beaucoup manger au déjeuner et dîner tôt (et léger) le soir.

  RÉFÉRENCES :

(1) http://www.dailymail.co.uk/health/article-3620999/Regularly-eating-8pm-add-two-inches-waistline-bodies-rate-processing-food-slows-prepares-sleep.html?ito=social-twitter_mailonline

(2) http://www.medicalnewstoday.com/articles/308011.php

(3) Ygor Hermengildo, Esther López-García, Esther García-Esquinasa, Raúl F. Pérez-Tasigchana, Fernando Rodríguez-Artalejo and Pilar Guallar-Castillón. « Distribution of energy intake throughout the day and weight gain: a population-based cohort study in Spain ». British Journal of Nutrition / Volume 115 / Issue 11 / June 2016. DOI: http://dx.doi.org/10.1017/S0007114516000891 (About DOI), Published online: 05 April 2016

(4) Gamaldo CE, Chung Y, Kang YM, Salas RM. « Tick-tock-tick-tock: the impact of circadian rhythm disorders on cardiovascular health and wellness. »J Am Soc Hypertens. 2014 Dec;8(12):921-9. doi: 10.1016/j.jash.2014.08.011. Epub 2014 Aug 23.

(5) Maemura K. « Clock genes and circadian rhythm of blood pressure. » Nihon Rinsho. 2014 Aug;72(8):1354-60.

(6) Lebailly B, Boitard C, Rogner UC. « Circadian rhythm-related genes: implication in autoimmunity and type 1 diabetes. » Diabetes Obes Metab. 2015 Sep;17 Suppl 1:134-8. doi: 10.1111/dom.12525.

(7) Jenwitheesuk A, Nopparat C, Mukda S, Wongchitrat P, Govitrapong P. « Melatonin regulates aging and neurodegeneration through energy metabolism, epigenetics, autophagy and circadian rhythm pathways. » Int J Mol Sci. 2014 Sep 22;15(9):16848-84. doi: 10.3390/ijms150916848.

(8) Gossan N, Boot-Handford R, Meng QJ. « Ageing and osteoarthritis: a circadian rhythm connection. » Biogerontology. 2015 Apr;16(2):209-19. doi: 10.1007/s10522-014-9522-3. Epub 2014 Jul 31.

(9) Bromundt V. « Circadian rhythm sleep disorders in psychiatric diseases. » Ther Umsch. 2014 Nov;71(11):663-70. doi: 10.1024/0040-5930/a000607.

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