Edulcorants : pas de sucre mais pas zéro impact

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 04/06/2013 Mis à jour le 29/08/2022
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Certains édulcorants courants, comme le sucralose, peuvent modifier la façon dont l’organisme réagit au sucre.

Parce que le sucre augmente le risque d’obésité et de diabète, il peut être tentant de le remplacer par des édulcorants : ils ont le goût du sucre sans apporter autant de calories. Mais attention : les édulcorants ne sont pas sans effet sur l’organisme, comme le montrent plusieurs études ! D’après une enquête menée entre 2009 et 2011 aux États-Unis, 25 % des enfants et 41 % des adultes consommeraient des édulcorants, des chiffres en nette augmentation par rapport à 1999.

Sucralose et glycémie

Une petite étude américaine publiée en ligne dans Diabetes Care apporte de nouvelles preuves des effets du sucralose - que l’on retrouve par exemple dans Canderel® - sur la glycémie (1).

Lire : Aspartame : des dangers confirmés ?

L’expérience a porté sur 17 personnes atteintes d’obésité, avec un IMC moyen juste supérieur à 42, non-diabétiques, et qui ne consommaient pas régulièrement d’édulcorants. Les chercheurs ont choisi d’étudier cette population car elle est susceptible de consommer des édulcorants pour limiter ses apports énergétiques.

Les participants ont bu de l’eau ou du sucralose avant d’absorber du glucose ; leurs taux de glucose et d'insuline dans le sang ont ensuite été relevés. Chaque participant a été testé deux fois. Ceux qui buvaient de l’eau puis du glucose lors de la première visite ont pris du sucralose avant le glucose la fois suivante. Les chercheurs expliquent le choix de ce protocole par le fait que, dans la vie de tous les jours, il est rare de consommer un édulcorant seul : ils voulaient connaître l'effet de l'association du sucralose et du glucose.

Résultats : L’édulcorant était associé à des réponses augmentées d’insuline et de glucose dans le sang. Il est donc possible que la prise répétée d'édulcorants conduise à des productions anormalement élevées d'insuline. Or une sécrétion d’insuline trop fréquente et/ou trop élevée peut conduire à une situation de résistance à cette hormone et donc in fine à un diabète de type 2.

Ces résultats rappellent d’autres travaux qui suggèrentent que les sodas light favoriseraient l’apparition de ce type de diabète.

Lire : Boissons sucrées et "light" soupçonnées de favoriser le diabète

Édulcorants, microbiote et glycémie

Des études chez l’animal ont démontré que les édulcorants avaient un impact sur le microbiote et sur la réponse glycémique. Mais qu’en est-il chez les humains ? Pour le savoir, des chercheurs de l’institut des sciences Weizmann en Israël ont mené un essai randomisé contrôlé sur 120 adultes en bonne santé :

  • certains, répartis en quatre groupes différents, ont consommé des sachets d’édulcorants disponibles dans le commerce :  saccharine, sucralose, aspartame ou stevia. Ces sachets d'édulcorants contenaient une petite quantité de glucose servant d’agent gonflant. Les doses étaient de deux sachets trois fois par jour, ce qui était inférieur à la dose quotidienne acceptable ;
  • d’autres ont pris la quantité équivalente en glucose (5 g par jour), dissous dans de l’eau ;
  • un dernier groupe n’était pas supplémenté et servait de témoin.

L’étude durait 28 jours : 7 jours d’observation, 14 jours de complémentation et 7 jours d’observation.

Tous les édulcorants avaient un effet sur la composition du microbiote de la bouche et des selles, un effet qui n’a pas été observé dans les deux groupes contrôle. De plus, deux des édulcorants, à savoir la sacchirine et le sucralose, altéraient significativement la réponse glycémique des sujets. Bien que la petite quantité de glucose incorporée dans les sachets d'édulcorants soit comparable à celle consommée par les participants du groupe "glucose seul", les niveaux d'insuline plasmatique n'ont augmenté que dans les groupes "glucose" et stevia. Ceci suggère que la saccharine et le sucralose freinent la sécrétion d'insuline stimulée par le glucose, d'où une glycémie élevée chez ces participants.

Ces résultats ne doivent pas être interprétés comme appelant à la consommation de sucre, qui est fortement liée aux maladies cardiométaboliques et à d'autres effets néfastes sur la santé

Les édulcorants ne sauraient donc être considérés comme des composés « inertes ». Mais les auteurs préviennent : "Nous soulignons que ces résultats ne doivent pas être interprétés comme appelant à la consommation de sucre, qui est fortement liée aux maladies cardiométaboliques et à d'autres effets néfastes sur la santé." Ils rappellent également que d'autres additifs alimentaires comme les émulsifiants, les conservateurs et les colorants auraient un impact sur le microbiome.

Cette étude est parue dans la revue Cell en août 2022 (2).

La stevia, comparée à d'autres édulcorants, apparaît comme une solution plus sûre car elle ne semble pas impacter la glycémie.

Lire : Extrait de stévia : l'édulcorant le plus sûr du monde ?

Des livres pour aller plus loin : Halte aux aliments ultra-transformés - Mangeons vrai, Sugarland et Sucre - l'amère vérité

Sources

(1) M. Y. Pepino, C. D. Tiemann, B. W. Patterson, B. M. Wice, S. Klein. Sucralose Affects Glycemic and Hormonal Responses to an Oral Glucose Load. Diabetes Care, 30 avril 2013

(2) Suez et al. Personalized microbiome-driven effects of non-nutritive sweeteners on human glucose tolerance. Cell. 2022.

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