La graisse corporelle nous pousse-t-elle à manger plus ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 20/11/2015 Mis à jour le 06/02/2017
Les femmes qui ont le plus de graisses abdominales ont plus souvent des pulsions alimentaires.

Les graisses abdominales, si nocives pour la santé, pourraient aussi jouer un rôle dans le comportement alimentaire. D’après une étude de l’université Drexel, les femmes qui ont plus de graisses abdominales sont moins satisfaites de leur corps et seraient plus susceptibles de vivre des épisodes de perte de contrôle de leur alimentation.

Les troubles alimentaires comme la boulimie et l’anorexie, qui touchent particulièrement les femmes, sont souvent associés à des problèmes psychologiques. Plus ils sont détectés tôt, plus il y a de chances que ces troubles soient traités avec succès. C’est pourquoi il serait intéressant de savoir quels facteurs prédisposent aux pulsions alimentaires.

Lire sur ce sujet : Maigrir par la cohérence cardiaque par le Dr David O'Hare (lire un extrait ICI >>)

Ici, les chercheurs ont étudié le lien entre la répartition des graisses corporelles, l’insatisfaction vis-à-vis de son corps et le risque de développer ou d’aggraver une perte de contrôle alimentaire. 294 étudiantes à risque pour une prise de poids ont été suivies pendant deux années. Au démarrage de l’étude, aucune n’avait de trouble alimentaire. Des interviews ont permis d’évaluer leurs comportements alimentaires.

Dans cet échantillon, les chercheurs ont trouvé que les femmes qui avaient le plus de graisses abdominales, indépendamment de leur poids et de leur état dépressif, étaient plus susceptibles de développer une perte de contrôle alimentaire. Le stockage des graisses dans le tronc et l’abdomen, plus qu’ailleurs dans le corps, prédisait les comportements de perte de contrôle alimentaire et leur aggravation au fil du temps. En revanche, la fréquence des pertes de contrôle alimentaire restait stable chez les femmes qui avaient moins de graisses dans le tronc et l’abdomen.

Pour Laura Berner, principale auteur de l’article paru dans American Journal of Clinical Nutrition, « Bien que les modèles existant sur le risque de trouble alimentaire ciblent globalement des facteurs psychologiques, nous connaissons très peu de facteurs d'ordre biologique qui nous aident à prédire qui peut être plus susceptible de développer des troubles du comportement alimentaire. Nos résultats préliminaires montrent que la répartition centralisée des graisses peut être un facteur de risque important pour le développement de troubles alimentaires, en particulier les pertes de contrôle alimentaire.»

Lire : Les aliments à indice glycémique élevé se comporteraient comme des drogues 

Pour expliquer ces observations, l’auteur suggère que la répartition abdominale de la graisse est difficile à vivre psychologiquement. Mais il est également possible que la graisse abdominale ait un effet biologique sur les signaux de la satiété : « Les cellules adipeuses libèrent des signaux au cerveau qui influencent la façon dont nous nous sentons affamés ou rassasiés. Notre étude n'a pas inclus de dosages hormonaux, de sorte que nous ne pouvons pas savoir avec certitude, mais en théorie, il est possible que si une répartition centralisée de la graisse modifie la faim et les messages de satiété qu'elle envoie, elle pourrait faire en sorte qu’une personne se sente hors de contrôle en mangeant ». Ce qui rejoint l'une des pistes esquissées par Gary Taubes dans son best-seller Pourquoi on grossit.

Lire aussi : Les bactéries intestinales nous feraient manger ce qui les arrange 

Source

Berner LA, Arigo D, Mayer LE, Sarwer DB, Lowe MR. Examination of central body fat deposition as a risk factor for loss-of-control eating. Am J Clin Nutr. 2015 Oct;102(4):736-44. doi: 10.3945/ajcn.115.107128.

A découvrir également

Back to top