Le régime paléo améliore le syndrome métabolique

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 14/10/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Une nouvelle étude conduite au Pays-Bas montre qu’un régime paléolithique améliore plusieurs paramètres chez des patients avec un syndrome métabolique, par rapport aux recommandations nutritionnelles officielles.

Le régime paléo connaît un engouement très important, mais il est également décrié par de nombreux nutritionnistes et de nombreux médias qui y voient un simple régime à la mode, sans réel intérêt pour la santé et susceptible de créer des carences.

Lire : le régime paléo à l'assaut des maladies de civilisation

C'est dans ce contexte que des chercheurs néerlandais publient une nouvelle étude en faveur du régime paléolithique, cette fois dans le syndrome métabolique. Le syndrome métabolique est défini par une obésité abdominale (tour de taille de 94 cm et plus chez l’homme, 80 cm et plus chez la femme), des triglycérides de 1,50g/l et plus (ou traitement), un cholestérol HDL < 0.40g/l (H) et < 0.50g/l (F) (ou traitement), une pression artérielle systolique de 130 mm Hg et plus ou une pression artérielle diastolique de 85mm Hg et plus (ou traitement), une glycémie à jeun supérieure à 1 g/L (ou diabète de type-2).

Les conseils nutritionnels officiels pour prendre en charge ce syndrome sont en France ceux du Programme national nutrition santé, ou dans les autres pays, de son équivalent local. Ces conseils visent généralement à limiter les sucres simples et les matières grasses, notamment saturées, consommer 5 fruits et légumes par jour, et augmenter les « glucides complexes », c’est-à-dire les féculents pour qu’ils représentent plus de la moitié des calories. Il est également recommandé de manger 3 à 4 laitages par jour, et de réduire le sel. L'idée en particulier que les laitages protègeraient du syndrome métabolique, défendue par les nutritionnistes liés à l'industrie laitière, n'est pas validée par les données récentes.

Lire : les laitages ne protègent pas du syndrome métabolique

Le régime paléo diffère de ces conseils puisqu’il préconise de se rapprocher du type d’alimentation qui prévalait avant l’ère agricole. Dans ce régime, on élimine donc des aliments qui représentent 50 à 70% des calories habituellement consommées aujourd’hui : féculents, légumes secs, laitages, sucre, sel, plats préparés. On consomme du coup beaucoup plus de végétaux et de noix, et des quantités variables d’œufs, viandes, poissons, coquillages, éventuellement insectes, escargots etc… L’idée, soutenue par de nombreux travaux, est qu’un régime ancestral serait en meilleure adéquation avec notre patrimoine génétique, et permettrait donc d’éviter ou combattre des maladies ou des conditions dites de civilisation qui épargnent les chasseurs-cueilleurs (acné, myopie, obésité, diabète, maladies cardiovasculaires....).

Le régime paléo a été popularisé aux Etats-Unis et en Europe par le chercheur américain Loren Cordain, de l'université du Colorado, et avant lui par un autre Américain, Boyd Eaton. En Europe, le courant paléo est représenté par Staffan Lindeberg.

Lire : interview de Loren Cordain sur ce qu'est exactement le paléo (réservé abonnés)

Des chercheurs néerlandais ont voulu savoir si un régime paléo, indépendamment de la perte de poids, améliore des patients avec un syndrome métabolique. Il s’agit d’une étude en simple aveugle. 32 hommes et femmes d’âge moyen de 53,5 ans ont participé. Ils ont suivi soit un régime paléo (18 personnes), soit (14) un régime apportant autant de calories, basé sur les recommandations nutritionnelles officielles des Pays-Bas (proches du PNNS). Des mesures ont été prises pour maintenir le poids corporel stable. 

L’étude a duré deux semaines. Après deux semaines, les chercheurs ont constaté que par rapport au régime officiel, le régime paléo avait amélioré significativement plusieurs aspects du syndrome métabolique, notamment la pression artérielle systolique (-9,1 mm Hg), diastolique (-5,2 mm Hg), le cholestérol total (-0,52 mmol / L), les triglycérides (-0,89 mmol / L) et le HDL (+0,15 mmol / l). En plus, les chercheurs ont observé une tendance à une amélioration de la sensibilité à l’insuline dans le groupe paléo. Cette amélioration, déjà enregistrée dans d’autres études n’était pas significative, certainement parce que l’étude n’a duré que deux semaines.

Malgré les efforts déployés pour maintenir le poids corporel stable, celui-ci a diminué dans le groupe paléolithique par rapport à la référence (-1,32 kg), comme cela a déjà été le cas dans des études précédentes. Cependant, les effets favorables du régime paléo n’ont pas été affectés par cette perte de poids.

Aucun changement n'a été observé pour la perméabilité intestinale, l'inflammation et le cortisol salivaire.

Les chercheurs concluent qu’un régime alimentaire de type paléolithique de deux semaines améliore plusieurs facteurs de risque cardio-vasculaire par rapport à une alimentation de référence chez des sujets en bonne santé avec un syndrome métabolique. A noter qu'il s'agit pour l'instant d'une étude pilote, sur un petit nombre de volontaires, en simple aveugle. Des études plus importantes sont en cours.

Pour en savoir plus : les livres Paléo Nutrition, de Julien Venesson (lire un extrait ICI >>), et Manger Paléo de Schwartz et Renoult

Source

Boers I, Muskiet FA, Berkelaar E, Schut E, Penders R, Hoenderdos K, Wichers HJ, Jong MC. Favourable effects of consuming a Palaeolithic-type diet on characteristics of the metabolic syndrome: a randomized controlled pilot-study. Lipids Health Dis. 2014 Oct 11;13(1):160.

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