Les ravages de quelques grammes de sel en trop

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 08/02/2010 Mis à jour le 06/02/2017
Réduire la consommation de sel permettrait de sauver des millions de vies, selon les estimations d’une équipe de chercheurs américains publiées dans le New England Journal of Medecine.

« Une toute petite réduction de la dose de sel, à peine détectable au goût, peut avoir des bénéfices santé spectaculaires pour les États-Unis », indique Kristen Bibbins-Domingo, épidémiologiste spécialisée en biostatistique à l’hôpital général de San Francisco (États-Unis).

Selon la simulation par ordinateur qu’elle a réalisée, si la population américaine réduisait sa consommation de sel de 3 g par jour (1,2 g de sodium par jour), cela éviterait 60 000 à 120 000 maladies coronariennes, 32 000 à 66 000 attaques cardiaques, 54 000 à 99 000 infarctus du myocarde. Le nombre annuel de décès, toutes causes confondues, diminuerait de 44 000 à 92 000. Cela ferait aussi faire des économies annuelles évaluées entre 10 et 24 milliards de dollars.

« Réduire ses apports quotidiens en sel est l’une des rares actions qui ont des bénéfices santé spectaculaires et font faire d’importantes économies. Alors que le débat public s’intéresse aux coûts des soins, voici un moyen simple et qui a déjà fait ses preuves dans d’autres pays », commente Lee Goldman, doyen des facultés de sciences et de médecine de l’université de Columbia (États-Unis).

De nombreux pays, comme le Japon, le Royaume-Uni, la Finlande et le Portugal, ont réussi à réduire l'apport alimentaire en sel en combinant la régulation du sel dans la nourriture toute prête, l'étiquetage des plats préparés, l'éducation de la population et la collaboration avec les industriels. Avec des conséquences bénéfiques. Kirsten Bibbins-Domingo et son équipe estiment qu'un effort à l'échelle de la population américaine pour diminuer les apports en sel pourrait être aussi efficace que l'arrêt du tabac, la réduction pondérale ou le traitement médicamenteux de l'hypertension artérielle ainsi que de l'hypercholestérolémie.

Les autorités américaines estiment qu’un Américain moyen consomme plus de 10 g de sel (4 g de sodium) par jour. La plupart des organismes américains de santé publique recommandent de limiter les apports quotidiens en sel à moins de 5,8 g de sel (2,3 g de sodium) et à moins de 3,7 g pour les personnes de plus de 40 ans. Chaque gramme de sel contient 0,4 g de sodium.

En France, l'Académie de médecine estime que les besoins nutritionnels n'excèdent pas 3 grammes de sel par jour.

 

« Il est évident que l’on doit réduire les apports en sel, mais les gens pensent que c’est trop compliqué parce que la plupart du sel vient des plats préparés, et non de la salière, explique Karen Bibbin-Domingo. Notre étude suggère que l’industrie agro-alimentaire peut grandement contribuer à la santé publique en ôtant un peu du sel qu’elle met dans les plats cuisinés. »

Le chercheur Pierre Meneton (Inserm) rend le sel responsable de plus de 75 000 accidents cardiovasculaires et de 25 000 morts chaque année en France.

Pour en savoir plus, retrouvez les vidéos de Pierre Meneton qui témoigne de la problématique liées à la surconsommation de sel sur LaNutrition.fr : Surconsommation de sel, danger, Le sel, un tueur caché et Pourquoi le sel est partout.

Lire également notre article Une cuillère à café de sel en moins pour sauver 4 millions de vies, dans notre dossier sur le sel.

Bibbins-Domingo K, Chertow GM, Coxson PG, Moran A, Lightwood JM, Pletcher MJ, Goldman L. Projected Effect of Dietary Salt Reductions on Future Cardiovascular Disease. Published at www.nejm.org January 20, 2010 (10.1056/NEJMoa0907355)

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