Risque cardiovasculaire : l'exercice aussi efficace, voire plus, que les médicaments

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/10/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Dans les maladies coronariennes, l’exercice est aussi efficace que les médicaments pour prévenir le décès ; il est même plus efficace chez ceux qui ont eu une crise cardiaque.

Un médicament ou un jogging ? Selon une nouvelle revue de littérature parue dans BMJ, pratiquer un exercice physique est aussi efficace que certains médicaments pour prévenir le décès dans le cas des maladies cardiovasculaires ; chez les patients ayant eu une crise cardiaque, l’exercice physique est même plus efficace.  

L’activité physique a des effets bénéfiques sur la santé, en prévention de maladies hroniques comme le cancer ou le diabète. Pour le Global Burden of Disease de l’OMS, l’inactivité est la cinquième cause majeure de maladies en Europe occidentale. C’est pourtant, comme le tabagisme, un facteur sur lequel on peut agir. Or, les niveaux d’activité physique dans la population restent insufisants. Au Royaume-Uni, 14 % des personnes font un exercice régulier. En France, un sondage de l’Inpes de 2005 a révélé que 46 % des français avaient pratiqué une activité physique comparable à un entraînement dans la semaine précédente.

Lire : Le sport, un médicament miracle ?

Des chercheurs américains et britanniques ont voulu comparer les effets de l’exercice et des médicaments sur la mortalité. Tout d’abord, ils ont recherché des méta-analyses (c’est-à-dire des articles qui font la synthèse d'essais cliniques sur le même thème) sur l’efficacité de l’exercice sur la mortalité et en ont trouvé 4 : sur la prévention des maladies coronariennes, de la crise cardiaque, de l’insuffisance cardiaque et du prédiabète. Ensuite, ils ont recherché des méta-analyses qui évaluaient l’impact de médicaments sur la mortalité dans ces 4 conditions et en ont trouvé 12. Par exemple, ils ont sélectionné des études sur les statines, les bêta-bloquants et les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) pour la prévention des maladies coronariennes ; pour la prévention des crises cardiaques, ils ont trouvé des études sur les anticoagulants et les antiplaquettaires.

Les statines sont des médicaments anti-cholestérol prescrits en prévention du risque de maladie cardiovasculaire. Leur efficacité réelle est l’objet de controverses en France et dans le monde.

Lire les analyses du Pr Philippe Even et du Dr Michel de Lorgeril et le billet de Thierry Souccar à propos d'une étude française concluant qu'il est dangereux de ne pas prendre ses statines.

La prise de statines entraîne aussi des effets secondaires.

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Enfin, les auteurs ont recherché des articles comparant directement l‘exercice à la prise de médicaments mais ils n’en ont trouvé aucun. Au total, l’ensemble des analyses comptait 305 essais cliniques pour 339 274 participants. 14 716 personnes avaient participé à 57 essais cliniques sur les effets de l'exercice physique. Pour la maladie coronarienne, les statines, les bêta-bloquants, les anti-plaquettaires et les IEC ont tous réduit le risque de décès, mais l’exercice physique donnait des résultats comparables. Chez les patients qui ont survécu à une crise cardiaque, l’exercice physique était même plus efficace que les médicaments,  anticoagulants et antiplaquettaires. Pour l’insuffisance cardiaque, les diurétiques étaient plus efficaces.

Par conséquent, l’exercice pourrait être plus efficace que les médicaments pour prévenir le décès chez les patients à risque cardiaque. Naturellement, il faut consulter son médecin avant de démarrer un entraînement physique. Cette étude révèle surtout l’absence de recherches comparant directement l’efficacité de l’exercice avec un traitement médicamenteux.

Source

Huseyin Naci et John P A Ioannidis. Comparative effectiveness of exercise and drug interventions on mortality outcomes: metaepidemiological study. BMJ 2013; 347 doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.f5577 

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