Sclérose en plaques : changer d'alimentation peut améliorer les symptômes

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 30/05/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Différentes études récentes apportent la preuve qu’un régime alimentaire adapté peut réduire les symptômes de la sclérose en plaques.

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire s’attaque à la myéline qui entoure les fibres nerveuses. Touchant entre 60 000 et 75 000 Français, avec 4 000 nouveaux cas chaque année, cette maladie neurologique progressive, invalidante, atteint de jeunes adultes. Les traitements sont lourds et peu efficaces. Il  existe peu d'études sur le lien entre SEP et alimentation mais certaines personnes ont pu constater une mise au silence des symptômes grâce à des changements alimentaires. Différentes études montrent aussi que la vitamine D semble efficace pour soulager les symptômes. Dans une étude américaine qui vient d'être publiée, le jeûne et le régime cétogène ont permis d'améliorer les symptômes de la maladie.

Lire : Sclérose en plaques : les bénéfices de la vitamine D

 

Les effets bénéfiques d’un régime qui mime le jeûne

Des chercheurs de l’université de Californie du sud ont utilisé des souris modèles pour la sclérose en plaques pour tester un régime qui mime un jeûne. Ces souris suivaient ce régime pendant trois jours (jour 1 : 50 % des apports caloriques normaux et jours 2 et 3 : 10 % des apports), avec trois cycles de sept jours en tout. Un groupe témoin a suivi un régime normal.

Les résultats montrent que le régime qui mime le jeûne réduisait les symptômes de la maladie chez les souris et a permis la rémission de 20 % des animaux. La réduction des symptômes était liée à une augmentation de la corticostérone, une hormone libérée par les glandes surrénales. Il y avait aussi une diminution des cytokines inflammatoires et des améliorations au niveau des lymphocytes T responsables de l’immunité. Le régime supprime l’auto-immunité en induisant l’apoptose des lymphocytes.

De plus, le régime qui mime un jeûne favorisait la régénération de la myéline. Pour Valter Longo, auteur principal de l’étude : « D'une part, ce régime imitant le jeûne tue les mauvaises cellules immunitaires. Ensuite, après que les souris sont revenues à un régime alimentaire normal, les bonnes cellules immunitaires mais aussi les cellules productrices de myéline sont générées, ce qui permet à un pourcentage de souris d’atteindre un état sans maladie. »

Les chercheurs ont aussi testé le régime sur des patients souffrant de sclérose en plaques grâce à un essai pilote. 18 personnes ont suivi un régime mimant le jeûne pendant sept jours avec 800 calories le jour 1 (40 % des apports normaux) et 200 à 350 calories les six jours suivants. Puis les aliments ont été réintroduits progressivement et le régime méditerranéen a pris la suite pendant 6 mois. De même, pendant 6 mois, 12 personnes suivaient un régime témoin et 18 un régime cétogène (riche en graisses et très pauvre en glucides).

Les personnes qui ont suivi le régime mimant le jeûne et la diète cétogène ont signalé des améliorations de leur qualité de vie et de leur santé physique et mentale. Le régime semblait  faisable et sans danger pour les patients.

Lire : Le régime cétogène, un régime thérapeutique (abonnés)

 

Le régime de George Jelinek améliore les symptômes

George Jelinek est un chercheur australien qui a une sclérose en plaques depuis 1999. Il est aujourd'hui en bonne santé après avoir mis au point et suivi une alimentation pauvre en graisses saturées, sans viande ni produits laitiers, avec de l’exercice, de la méditation et du soleil !

Dans un article publié en février 2013 dans Neurological Science, George Jelinek et ses collègues ont décrit les résultats obtenus avec des patients qui suivaient un stage visant à modifier leur mode de vie. Pendant 5 jours, ils mangeaient fruits, légumes, noix, poisson et recevaient une complémentation en oméga-3 et vitamine D. Ils devaient aussi s’exposer 15 min au soleil par jour, méditer 30 min par jour, et faire de l’exercice pendant 30 min 5 fois par semaine, de préférence à l’extérieur.

Alors que la maladie se développe progressivement, les patients ont constaté des améliorations significatives de leur qualité de vie. Un an après le séjour, les auteurs ont noté 11,3 % d’amélioration de la qualité de vie en général, avec 18,6 % d’amélioration pour la santé physique et 11,8 % pour la santé mentale. 5 ans après le stage, il y avait une amélioration de la qualité de vie de 19,5 %, avec 17,8 % pour la santé physique et 22,8 % pour la santé mentale.

Le régime Seignalet, sans gluten ni laitages a lui aussi amélioré la qualité de vie de nombreux patients.

Lire Réduire au silence 100 maladies - de Jean-Marie Magnien. (lire un extrait ICI >>) 


Il faut éviter le sel

Partant du constat que le fait de manger dans des restaurants de type "fast- food" provoque une augmentation de la production des cellules inflammatoires impliquées dans la régulation du système immunitaire et dans les maladies auto-immunes, des chercheurs de l'université de Yale se sont demandés si la teneur élevée en sel de ces aliments était en cause.

En utilisant un modèle animal de souris touchées par la sclérose en plaques, les chercheurs ont pu constater qu'une augmentation de l'apport en sel dans l'alimentation aggravait fortement l'évolution de la maladie via une augmentation anormale de la production de cellules du système immunitaire appelées Th17. Ils expliquent : "Les êtres humains ont été génétiquement sélectionnés pour s'adapter au milieu africain subsaharien, où on ne consommait pas de sel. Aujourd'hui l'alimentation moderne est riche en sel ce qui augmente fortement le risque d'hypertension artérielle et probablement de maladies auto-immunes."

Pour conclure, les chercheurs recommandent d'ores et déjà aux personnes touchées par une maladie auto-immune de suivre un régime alimentaire pauvre en sel. Dans Vaincre la sclérose en plaques, Julien Venesson explore plus avant le lien entre sel et SEP, expliquant pourquoi les malades doivent à tout prix éviter le sel.

Parmi les autres facteurs alimentaires soupçonnés de jouer un rôle dans l'auto-immunité figurent les protéines céréalières (gluten) et laitières, dans un contexte de d'hyperperméabilité intestinale.

Pour en savoir plus : Vaincre la sclérose en plaques, qui donne un programme complet (alimentation et exercice physique) pour réduire au silence la SEP (un extrait ICI  >>)

Sources

In Young Choi et al. A Diet Mimicking Fasting Promotes Regeneration and Reduces Autoimmunity and Multiple Sclerosis Symptoms. Cell Reports, May 2016 DOI: 10.1016/j.celrep.2016.05.009

Hadgkiss EJ, Jelinek GA, Weiland TJ, Rumbold G, Mackinlay CA, Gutbrod S, Gawler I. Health-related quality of life outcomes at 1 and 5 years after a residential retreat promoting lifestyle modification for people with multiple sclerosis. Neurol Sci. 2013 Feb;34(2):187-95.

Markus Kleinewietfeld, Arndt Manzel, Jens Titze, Heda Kvakan, Nir Yosef, Ralf A. Linker, Dominik N. Muller, David A. Hafler. Sodium chloride drives autoimmune disease by the induction of pathogenic TH17 cells. Published online 06 March 2013. Nature (2013). doi:10.1038/nature11868

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