Une alimentation d’origine végétale peut inverser la maladie coronarienne

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 07/07/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Dans une étude d'intervention, un régime alimentaire basé uniquement sur des aliments d’origine végétale permet de stopper la progression voire inverser la maladie coronarienne et ainsi diminuer les risques liés à la maladie.

Dans cette étude parue dans le Journal of Family Practice, les auteurs montrent que des patients avec un diagnostic de maladie coronarienne peuvent diminuer les symptômes et/ou inverser la maladie en changeant de régime alimentaire et en faisant des produits d’origine végétale la base de leur alimentation. Cette étude est signée de Caldwell B Esselstyn, un médecin végétarien et auteur à succès qui a tiré d'affaire l'ex-président Bill Clinton en lui faisant suivre un régime de ce type.

La maladie coronarienne (ou insuffisance coronarienne) débute par la formation d’une plaque dans les artères (athérosclérose). Cette plaque rétrécit et obstrue les artères et gêne la circulation sanguine. Elle peut conduire à l’infarctus du myocarde. Le mode de vie et notamment les choix alimentaires sont un facteur majeur dans l’apparition de cette maladie mais également dans son traitement. 

Modifier son comportement alimentaire peut s’avérer indispensable pour stopper la progression de la maladie. En effet, le régime alimentaire dit occidental peut favoriser les lésions endothéliales qui sont le point de départ dans la cascade d’évènements conduisant à la maladie coronarienne.

Lire : le fer de la viande augmenterait le risque d'infarctus

Un régime alimentaire avec des aliments d’origine végétale a permis dans une étude précédente menée par les auteurs chez 17 patients d’inverser la maladie coronarienne. La réussite de cet essai a donné l’impulsion à cette nouvelle étude sur une population plus large.

Ici, 198 patients avec un diagnostic de maladie coronarienne (angiographie, infarctus du myocarde, test d’effort) et présentant des facteurs de risque tels que hyperlipidémie (n=161), hypertension (n=60) et diabète (n=23) étaient volontaires pour passer d’un régime alimentaire classique à un régime de type végétarien. Il ne s'agit pas d'une étude randomisée.

Le régime d’intervention de base comporte des céréales complètes, des légumineuses, des lentilles, des fruits et légumes. Les participants sont encouragés à prendre un complément multivitaminé et de la vitamine B12 ainsi que des graines de lin comme source supplémentaire d'acides gras oméga-3.

Parmi les aliments à éviter on trouve les huiles ajoutées, les produits laitiers, viandes, poissons, noix, avocats, les aliments sucrés, la caféine et le fructose. Le sel doit également être limité.

La pratique d’exercice physique est encouragée mais pas requise. Enfin, les patients ont tous continué leur traitement médical lié à leur « historique » cardiovasculaire et ont suivi un programme d’information avant le début de l’intervention.

177 patients ont adhéré au régime alimentaire d’origine végétale. Le suivi des patients a duré près de 4 ans en moyenne. Parmi les 112 patients qui souffraient d’angine de poitrine, 102 ont vu une amélioration voire une résolution de leurs symptômes. Un autre patient avec une claudication a observé le soulagement de ses symptômes. L’inversion de la maladie coronarienne a été observée chez 39 patients. Enfin, 27 patients ont pu éviter l’angioplastie ou le pontage initialement recommandés. Parmi ce groupe, seul un incident cardiovasculaire majeur, lié à la progression de la maladie, a été relevé.

Parmi les 21 patients, qui n’ont pas changé de régime alimentaire, 13 (62%) ont connu un incident cardiovasculaire (mort subite, transplantation, accident vasculaire ischémique, pontage…).

Les auteurs donnent plusieurs explications aux bons résultats obtenus par les personnes ayant suivi le régime végétal dans leur étude. D’abord en évitant les produits d’origine animale, les patients ne subiraient pas de lésions au niveau de leurs cellules endothéliales. Ils ne sont pas exposés à la lécithine et à la carnitine et ne produisent donc pas au niveau de leur flore intestinale, un composé athérogène, l’oxyde de triméthylamine ou TMAO récemment mis en cause dans le risque cardiovasculaire (cette mise en cause demande confirmation). Ensuite, la formation intensive suivie par tous les participants qui leur permet de bien comprendre les mécanismes de la maladie coronarienne et l’importance du changement alimentaire augmente certainement l’adhérence au régime à base d’aliments d’origine végétale.

L'avis de LaNutrition.fr. Pour les auteurs, les modifications du régime alimentaire représentent une manière efficace et peu onéreuse de diminuer les risques cardiovasculaires et les patients devraient être systématiquement informés de cette option. Ils ont raison, même si l'étude elle-même a dans sa conception plusieurs faiblesses. De plus, il s'agit là d'un régime très pauvre en graisses, donc probablement difficile à suivre à long terme. Il n'est d'ailleurs pas dit qu'un régime plus libéral pour ce qui est des graisses n'aurait pas obtenu les mêmes résultats, voire des résultats encore meilleurs. Par ailleurs, plusieurs études ont trouvé qu'un régime de type méditerranéen, probablement plus facile à suivre, donnait d'excellents résultats en prévention de l'infarctus. Quoi qu'il en soit, il semble clair dorénavant que plusieurs maladies chroniques non infectieuses, dont le diabète et les maladies coronariennes, peuvent être éradiquées par un changement d'alimentation et un peu plus d'activité physique quotidienne, comme la marche. 

Lire : Dr de Lorgeril : les infarctus et les AVC peuvent être éradiqués

Source

 Caldwell B Esselstyn Jr, Gina Gendy, Jonathan Doyle, Mladen Golubic, Michael F. Roizen. A way to reverse CAD? The Journal of Family Practice, JULY 2014, Vol 63, No 7, p 356-364.

 

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