Maladie de Lyme : comment la reconnaître et s'en protéger

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Dans ce dossier, retrouvez nos articles les plus utiles sur les symptômes et la prévention de la borreliose de Lyme et de ses co-infections.

Sommaire

1
La maladie de Lyme, qu’est-ce que c’est ?
2
Un point complet sur la maladie de Lyme, avec le Dr Richard Horowitz
3
Comment prévenir la maladie de Lyme
4
Tiques : 6 choses à savoir pour bien s’en protéger
5
Lyme : les tiques attaquent aussi en ville
1 La maladie de Lyme, qu’est-ce que c’est ?

La maladie de Lyme est une maladie bactérienne transmise par les tiques. Elle est difficile à diagnostiquer et à traiter, et affecte divers organes. Pour des raisons encore mal comprises, elle est en plein développement, notamment en Europe et aux États-Unis.

Par Collectif LaNutrition.fr Publié le 13/03/2012 Mis à jour le 19/05/2020

La maladie de Lyme, appelée aussi Borréliose de Lyme, est une infection due à des bactéries de forme hélicoïdale (spirochètes, dont fait partie la bactérie qui donne la syphilis), les borrélies. Ce type de bactérie est en général transmis à l’homme par une morsure de tique mais ce n’est probablement pas le seul mode de transmission de la maladie. Il est possible en effet que les moustiques, les puces, les araignées… soient également des vecteur de borrélies. La maladie de Lyme est transmissible de mère à enfant.

Il existe une trentaine d’espèces de borrélies découvertes à ce jour, dont 5 sont des pathogènes avérés pour l’humain, de nouvelles espèces étant découvertes chaque année par les chercheurs. Selon l’espèce et la souche de borrélie en cause, les symptômes peuvent être très différents.

Pourquoi Lyme ?

En 1975, deux mères de famille de la ville de Lyme (Connecticut) inquiétées par une série de 39 cas étranges d’arthrites inflammatoires chez des enfants alertent les autorités sanitaires américaines. Celles-ci ne parviennent pas à identifier la maladie mais déclenchent une enquête épidémiologique afin de recueillir un maximum de données. Allen C. Steere, un jeune rhumatologue de l’université de Yale, les analyse. Il parvient à démontrer que de nombreux enfants atteints présentaient des morsures de tiques avant l’apparition des symptômes. Il note également que ces symptômes s’atténuent lorsqu’on traite les enfants avec des antibiotiques. Cependant, il ne parvient pas à expliquer précisément comment la maladie a été transmise aux enfants. En 1982, un entomologiste médical, Willy Burgdorfer, examine l’intestin de tiques prélevées autour de la ville de Lyme. Il y trouve des bactéries géantes, de forme hélicoïdale, appelées spirochètes. Il suppose immédiatement qu’il pourrait s’agir de l’agent de la maladie constatée chez les enfants de Lyme. Pour vérifier son hypothèse, il inocule les bactéries à des lapins et constate que les animaux développent quelques semaines plus tard un érythème migrant, le premier signe de la maladie de Lyme. En 1984, le spirochète est nommé Borrelia burgdorferi en l’honneur de Willy Burgdorfer avant qu’on ne comprenne qu'il en existe en réalité différentes variétés. Une partie des autres borrélies véhiculées par les tiques provoquent chez l'Homme des symptômes équivalents ou proches de ceux induits par Borrelia burgdorferi.

Lire aussi : Comment prévenir la maladie de Lyme

La description classique de la maladie

Il est massivement accepté que la maladie de Lyme présente trois phases distinctes, séparées de périodes sans symptômes :

- La phase aiguë, ou primaire, survient entre 3 et 30 jours après la morsure de tique. Elle se manifeste souvent mais pas toujours par une lésion cutanée rouge centrée autour du point de piqûre et qui s’étend progressivement et ne gratte pas. Elle se déplace à d’autres endroits du corps (membres inférieurs en général), c’est pourquoi on l’appelle érythème chronique migrant (ECM). D’autres symptômes peuvent être associés à l’ECM : maux de tête, douleurs articulaires, légère fièvre, fatigue…). En l’absence de traitement, l’ECM disparaît au bout de quelques semaines. Notez que dans la moitié des cas, l’ECM n’apparaît pas alors que la personne a été infectée par une borrelia. Il arrive aussi qu’il passe inaperçu.

- Plusieurs semaines ou mois après la disparition de la lésion cutanée apparaît la phase secondaire caractérisée par des lésions cutanées semblables à celles observées pendant la phase primaire, des douleurs articulaires, des manifestations cardiaques (évanouissement, palpitations, douleurs thoraciques…) et neurologiques (inflammation des racines des nerfs autour de la zone de piqûre).

- La troisième phase se manifeste plusieurs mois ou années après l’infection par des atteintes cutanées plus sévères, des douleurs articulaires semblables à celles de la phase 2, et des manifestations neurologiques touchant la moelle épinière ou le cerveau.

Lire aussi : Un point complet sur la maladie de Lyme, avec le Dr Richard Horowitz

Il faut noter que la maladie de Lyme est complexe car l’infection par les spirochètes est généralement associée à d’autres infections provenant d’autres microorganismes présents dans la salive des tiques : bactéries, protozoaires, champignons, vers, virus… On parle de co-infections.

Le traitement conventionnel recommandé par les Haute Autorité de Santé (HAS) repose essentiellement sur la prise d’antibiotiques qui font disparaître certains symptômes. Le problème c’est que cette maladie, même traitée par antibiotiques, peut revenir sous une forme chronique.

Les médecins qui connaissent bien la maladie modulent le traitement en fonction de l’état du patient et de ses symptômes. Ils utilisent des antibiotiques ayant des spécificités propres et qui sont adaptés à la multiplicité des co-infections. Le recours à des antibiotiques capables d’attaquer les formes dormantes et très résistantes de la bactérie (formes kystiques) est souvent nécessaire. En parallèle, pour optimiser l’immunité, une complémentation nutritionnelle est généralement mise en place (vitamines, minéraux…). Pour lutter contre l’acidose, des modifications alimentaires (produits laitiers, viandes…) peuvent aider.

La forme chronique, encore méconnue

Ce qui est vraiment inquiétant dans la maladie de Lyme c’est sa forme chronique qui présente des symptômes très divers et changeants, rendant le diagnostic très difficile à établir. Comme la syphilis, elle aussi due à un spirochète, la maladie de Lyme peut en effet imiter n’importe quelle maladie.

La caractéristique principale de la forme chronique de la maladie de Lyme c’est que les symptômes apparaissent et disparaissent selon que le malade est dans un bon ou un mauvais jour. Douleurs articulaires, musculaires, symptômes neurologiques (fourmillements, engourdissement, sensation de brûlure) vont et viennent et changent de localisation.

La deuxième difficulté de cette maladie de Lyme chronique est le manque de tests fiables pour la diagnostiquer. Le problème c’est qu’aujourd’hui cette maladie prend une tournure épidémique à l’échelle mondiale (voir la vidéo du Pr Luc Montagnier sur cette question), qu’elle peut simuler n’importe quelle autre maladie et qu’on ne peut pas la détecter de manière fiable. Le diagnostic doit donc reposer avant tout sur l’examen clinique et pour que celui-ci aboutissent à un diagnostic il faut que les médecins soient informés sur la forme chronique de la maladie de Lyme et ses symptômes.

Pour en savoir plus sur la forme chronique de la maladie de Lyme et sur les traitements, vous pouvez lire l’excellent ouvrage de Judith Albertat, Maladie de Lyme, Mon parcours pour retrouver la santé.

Lecture conseillée : Soigner Lyme et les maladies chroniques du Dr Richard Horowitz (LIRE UN EXTRAIT ICI >>)

2 Un point complet sur la maladie de Lyme, avec le Dr Richard Horowitz

Le Dr Richard Horowitz est l’auteur de "Soigner Lyme et les maladies chroniques inexpliquées", le livre de référence pour le diagnostic et le traitement de cette maladie transmise par les tiques. Il explique ici pourquoi Lyme est si difficile à diagnostiquer et à traiter, et donne ses conseils.

Par Thierry Souccar Publié le 07/10/2014 Mis à jour le 19/05/2020

LaNutrition.fr : Richard Horowitz, que doit-on faire si on est mordu par une tique ? 

Dr Richard Horowitz : Le traitement dépend de quelle tique vous a mordu et de combien de temps elle est restée accrochée. Les femelles des tiques trouvées sur les cervidés (Ixodes scapularis aux USA et Ixodes ricinus en Europe) sont aujourd’hui porteuses d’un grand nombre de bactéries, virus et parasites. Ainsi, il suffit d’une morsure de 15 minutes pour être infecté par le virus de Powassan. Il est donc conseillé d’ôter toute tique découverte le plus vite possible, soit avec une pince à épiler, soit à l’aide de ces petits crochets spéciaux que l’on glisse entre la peau et la tique avant de tourner pour retirer le parasite en entier, tête comprise. Éventuellement, la placer dans un flacon ou un sac en plastique avec un brin d’herbe pour la faire analyser ultérieurement par un laboratoire spécialisé. En effet, toutes les tiques ne sont pas infectées par Borrelia burgdorferi, le microbe qui provoque la maladie de Lyme.

Faut-il attendre l’apparition de la rougeur caractéristique avant de voir un médecin, ou au contraire se faire prescrire des antibiotiques ? Lesquels ? Combien de temps ?

Aux États Unis, environ la moitié des patients mordus par une tique ne présente aucun érythème et seulement moins de 25  % d’entre eux ont l’aspect caractéristique d’une cible (érythème migrant ou EM). Il s’agit parfois d’une éruption cutanée rouge qui s’étend et ressemble à une infection cutanée (cellulite) ou une morsure d’araignée. Si vous habitez une région où la maladie de Lyme est endémique et si vous découvrez une tique accrochée depuis plusieurs heures, je vous conseille de consulter rapidement un médecin pour qu’il vous prescrive un traitement par doxycycline, que vous présentiez l’éruption cutanée caractéristique ou pas. Cet antibiotique traite la majorité des infections transmises par les tiques. Je le prescris généralement à raison de 100 à 200 mg, 2 fois par jour, pendant quatre semaines au maximum. On peut également utiliser une céphalosporine de seconde génération telle que le céfuroxime chez l’enfant de moins de 12 ans dont la dentition adulte n’est pas complète (les tétracyclines risquent d’altérer la couleur des dents), et chez les personnes qui travaillent à l’extérieur et sont exposées au soleil (les tétracyclines peuvent provoquer une hypersensibilité aux rayons UV et déclencher de graves coups de soleil). La posologie dépendra du poids du patient. Elle peut aller de 250 mg, 2 fois par jour chez l’enfant (moins chez les bébés), à 500 mg, 2 fois par jour chez l’adulte. Si vous tombez malade en dépit de la prise d’antibiotiques contre la maladie de Lyme, c’est que le médicament n’était pas actif sur toutes les infections transmises par la tique et des examens complémentaires seront nécessaires.

Les morsures de tiques sont-elles le seul vecteur d’infection de Lyme ? Qu’en est-il de la transmission par rapports sexuels ? Des transfusions ?  

Le principal mode de transmission de la maladie de Lyme est la morsure de tique. Cependant, de récentes études ont montré que Borrelia burgdorferi pouvait être retrouvée dans le sperme et les sécrétions vaginales. La transmission par voie sexuelle est donc probable, mais nos informations sont insuffisantes à ce jour pour en déterminer la fréquence. Il faudrait mettre en place des études complémentaires. Ce que nous savons, c’est qu’à l’instar de la babésiose (maladie ressemblant au paludisme) et la bartonellose (variante de la maladie des griffes du chat que l’on retrouve chez les tiques), la maladie de Lyme peut être transmise au fœtus par sa mère, entraînant alors maladie fœtale et/ou décès. Il est également démontré que l’anaplasmose et la babésiose sont transmissibles par voie sanguine (transfusions). Il convient donc de faire particulièrement attention à ces différents modes de contamination si nous souhaitons protéger les populations des effets dévastateurs des maladies transmises par les tiques.

Comment en êtes-vous venu à soigner les patients atteints de Lyme ?

À la fin de mes études de médecine à l’université libre de Bruxelles, en Belgique, je suis revenu aux États Unis et j’ai fait mes trois années d’internat dans un service de médecine interne de l’hôpital d’Elmhurst, dans le quartier du Queens. J’ai ensuite déménagé à Hyde Park, à deux heures au nord de New York, où l’on m’avait proposé un poste de directeur médical adjoint au Vassar Brothers Hospital. À l’époque, je ne m’étais absolument pas rendu compte que je m’installais dans l’une des régions américaines à plus forte densité de maladie de Lyme (ML). Je m’en suis vite aperçu lorsque j’ai reçu plusieurs nouveaux patients atteints de ML par jour. Beaucoup s’amélioraient après un traitement précoce, mais certains développaient des symptômes chroniques persistants : fatigue écrasante, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, problèmes de mémoire. Mes maîtres m’ont toujours encouragé à rechercher l’origine des problèmes. J’ai donc entamé un long voyage pour découvrir les raisons du mauvais état chronique de ces patients. Vingt-sept ans plus tard, après avoir soigné plus de 12000 patients provenant de toutes les régions des États Unis et d’Europe, j’ai compris que ces personnes continuaient à être malades après avoir été soignées pour une ML pour de nombreuses raisons. J’appelle cette pathologie le syndrome infectieux multisystémique de Lyme ou SIMS-ML. Le SIMS regroupe seize pathologies potentiellement concomitantes qui contribuent à la persistance des symptômes de certains patients souffrant de ML.

Comment approcher ce syndrome ?

Par ma grille d’évaluation des SIMS, dont le premier point concerne les infections. De nos jours, les tiques sont porteuses de nombreuses infections bactériennes, virales et parasitaires, qu’elles inoculent en même temps que Borrelia burgdorferi, la bactérie responsable de la ML. Les patients souffrant de co-infections sont beaucoup plus malades et moins sensibles aux traitements conventionnels. De plus, certaines co-infections sont difficiles à dépister avec les analyses sanguines habituelles.

Les patients qui présentent un SIMS-ML possèdent souvent aussi des signes de dysfonctionnement immunitaire, d’inflammation, d’intoxication par des toxiques environnementaux et/ou des métaux lourds, de troubles de la détoxification, de carences nutritives, d’anomalies hormonales, de troubles du sommeil, de dysfonctionnement mitochondrial, d’allergies et d’hypersensibilités alimentaires, de dégradation de l’état général avec perturbation du système nerveux autonome (qui régit le rythme cardiaque, la tension artérielle et le système digestif). Chacun de ces facteurs peut induire la chronicisation de la maladie.

De nombreux médecins restent fidèles au postulat de Pasteur comme quoi il y aurait une seule cause à chaque maladie. Cependant, ceci ne s’applique pas aux patients atteints d’un SIMS-ML. 

Combien de personnes sont atteintes par la maladie de Lyme aux États-Unis ?

Le CDC (centre d’épidémiologie américain) s’est récemment aperçu que le nombre de cas de ML aux États-Unis était dix fois plus important qu’on ne le pensait. Le chiffre officiel est passé de 30000 cas en 2012 à 300000 nouveaux cas par an actuellement. Et encore, l’incidence réelle est sans doute plus élevée puisque le CDC a signalé que 0,3 % de la population américaine était atteinte cette année-là, ce qui donnerait une incidence plus proche des 900000 nouveaux cas par an (en 2012, la population des États-Unis était supérieure à 300 millions). La prévalence réelle de la ML aux États-Unis est d’autant moins bien reflétée que les chiffres cités n’incluaient pas les résultats de tous les laboratoires effectuant des dépistages de MVT et que l’échantillon n’était pas représentatif pour les états ou la ML est endémique, l’État de New York, par exemple. Autre cause de sous-estimation : le protocole d’analyses en deux étapes qu’ils ont utilisé (un test ELISA, suivi d’un Western Blot) dont l’insensibilité est notoire et qui est réputé passer à côté de la moitié des cas de ML. Enfin, l’enquête n’a pas tenu compte des autres souches de Borrelia qui déclenchent des maladies similaires à la ML (Borrelia miyamotoi, par exemple). Pas plus qu’elle n’a tenu compte des co-infections et des diagnostics erronés de syndrome de fatigue chronique, de fibromyalgie et de SEP. J’estime donc que le nombre de nouveaux cas aux États Unis se situe entre un et deux millions de personnes par an.

Et en Europe ?

L’incidence réelle est difficile à déterminer pour l’Europe puisque de nombreux pays ne recherchent pas efficacement cette maladie ou utilisent des méthodes de dépistage défectueuses. Il existe de nombreuses souches de Borrelia en France et à travers l’Europe : Borrelia burgdorferi stricto sensu aux USA, en Europe et en Afrique du Nord ;  Borrelia afzelii en Europe et en Asie, plusieurs sérotypes de Borrelia garinii en Europe, Asie et Afrique du Nord, Borrelia valaisiana, Borrelia lusitaniae au Portugal, en Italie et en Afrique du Nord, et Borrelia spielmanii aux Pays-Bas, en Allemagne, en Hongrie et en Slovaquie. On ne peut pas demander à un test Western blot qui utilise une seule souche de Borrelia (cas le plus habituel) de déceler toutes ces souches différentes.

Lorsque je viens parler en Europe, je suis toujours étonné et attristé par le nombre de personnes qui souffrent de MVT dans des pays tels que la France, la Belgique et la Norvège. Ces patients me racontent tous la même chose. Voilà des années qu’ils sont malades et errent de médecin en médecin à la recherche d’un diagnostic alors qu’en fin de compte ils souffrent d’une ML avec co-infections transmises par les tiques. Il est urgent que chaque gouvernement européen mette en place un plan spécifique d’examen des tiques et détermine l’incidence réelle de ML et de MVT dans son pays.

Qu’est-ce qui rend cette maladie si difficile à diagnostiquer et à traiter ?

Comme je l’ai dit, les tiques peuvent être infectées par plusieurs souches de Borrelia. Plus de 100 souches différentes ont été dénombrées aux États Unis et plus de 300 au niveau mondial. Toutes ne peuvent pas être détectées par les tests sanguins standards. Les services de santé de l’État de New York et le CDC ont mené à bien une étude qui a révélé que plus de 81% des patients qui n’avaient jamais présenté d’érythème migrant caractéristique n’étaient pas détectés par le protocole conventionnel de dépistage en deux temps. Les co-infections transmises par les tiques sont aussi responsables de la chronicisation de nombreux patients et leur dépistage est également peu fiable. Ces infections restent souvent non détectées parce que les analyses standards ne sont pas assez sensibles pour déceler la présence de ces micro-organismes qui sont capables de se cacher du système immunitaire.

Les patients continuent à être malades en dépit d’antibiothérapies apparemment adéquates parce que beaucoup de ces co-infections persistent et provoquent inflammation et dysfonctionnement immunitaire. Ces infections déclenchent la libération de molécules appelées cytokines qui sont responsables de nombre des symptômes observés en cas de ML, notamment la fatigue, les douleurs musculaires et articulaires, les troubles de la mémoire et de l’attention ainsi que les troubles de l’humeur. Si nous ne traitons pas simultanément les trois « I » (infection, immunité et inflammation), les patients ne guériront pas.

Enfin, la majorité des médecins nient l’existence de causes plurifactorielles et ignorent le concept de SIMS. C’est un peu comme si un patient venait consulter pour une douleur au pied, provoquée par la présence de 16 clous. Si vous ne retirez pas tous les clous, le patient n’ira pas mieux. Vous trouverez dans mon livre le détail des 16 facteurs concomitants pouvant favoriser la chronicisation.

Vidéo : Richard Horowitz parle de la maladie de Lyme voir aussi cette vidéo

Quels sont les symptômes les plus fréquents quand on a Lyme ?

La majorité des patients souffrant de ML se plaignent de troubles multisystémiques, c’est-à-dire qu’ils présentent de nombreux symptômes simultanément. Les plus fréquents sont la fatigue, les douleurs articulaires, musculaires ou neurologiques s’exprimant régulièrement dans différentes parties du corps, les maux de tête, une raideur de la nuque, une hypersensibilité au bruit et à la lumière, des étourdissements, des troubles de la mémoire et de l’attention, des troubles du sommeil dont des difficultés d’endormissement ou des réveils en milieu de nuit, ainsi que des problèmes psychiatriques (particulièrement dépressions, angoisses, TOC et psychoses). Ces symptômes vont et viennent de façon irrégulière, certains jours étant meilleurs que d’autres. Chez les femmes, ils sont souvent aggravés à certains moments du cycle menstruel (juste avant, pendant ou après les règles). Ils sont aussi parfois aggravés ou soulagés par la prise d’antibiotiques. Ceci est dû au fait que la destruction de la bactérie par les antibiotiques peut donner lieu à une exacerbation passagère des symptômes que l’on appelle « réaction de Jarish-Herxheimer ». Lorsque le patient souffre de babésiose, une maladie proche du paludisme, il se plaindra également de sueurs abondantes jour et nuit, de frissons, de toux inexpliquée avec respiration de Kussmaul (où le patient a beaucoup de mal à reprendre son souffle). Les personnes qui souffrent en même temps d’une ML et d’une babésiose sont beaucoup plus sévèrement atteintes et rebelles aux traitements standards.

Si les tests biologiques ne sont pas fiables, comment savoir si on est atteint ?

Le diagnostic de la maladie de Lyme est essentiellement clinique et nul ne devrait se fier exclusivement aux analyses sanguines comme le recommande aux Etats-Unis le CDC. Je veux dire que c’est au médecin de repérer les symptômes caractéristiques de ML et d’écarter les autres pathologies possibles si les analyses sanguines s’avèrent négatives. Vous trouverez dans mon livre un bon moyen d’évaluer la probabilité d’avoir une ML ou une MVT. Il s’agit du questionnaire SIMS-ML de Horowitz.

Répondre au questionnaire SIMS-ML de Horowitz

Nous l’avons récemment validé pour la seconde fois chez plus de 500 patients et les chercheurs de l’université de New Paltz l’ont déclaré valide et utile comme outil de dépistage. Un score total supérieur à 46 indique une forte probabilité de maladie vectorielle à tique. Si l’on effectue alors des analyses sanguines chez un laboratoire fiable (aux États-Unis, par exemple, IgeneX utilise plus d’une souche de Borrelia), et si l’on étudie les bandes du Western Blot (chaque bande représente une protéine précise de la surface du microbe) on peut déterminer la probabilité d’exposition : pour la maladie de Lyme, ce sont les bandes 23, 31, 34, 39, et 83/93 qui sont intéressantes. L’administration du questionnaire, l’écartement d’autres pathologies possibles et la recherche de protéines spécifiques sur le Western Blot devraient permettre d’établir ou d’écarter le diagnostic de façon assez fiable.

Vous faites un lien entre des maladies comme la fatigue chronique, la fibromyalgie, des maladies auto-immunes comme la polyarthrite et Lyme. Cela voudrait dire que dans de nombreux cas, ces patients sont en réalité infectés par des bactéries transmises par les tiques ? Dans quelles proportions et comment savoir ?

D’après mon expérience personnelle, la majorité des patients souffrant de syndrome de fatigue chronique, de fibromyalgie, ou de pathologies auto-immunes de type polyarthrite rhumatoïde, SEP ou lupus, présentent plusieurs étiologies concomitantes, plusieurs choses les rendent malades. Il s’agit notamment d’infections bactériennes, virales, parasitaires et fongiques ainsi que de nombreux autres facteurs que vous trouverez sur la grille d’évaluation des SIMS : intoxication par toxines environnementales de type métaux lourds ou moisissures, problèmes de détoxification, allergies et hypersensibilités alimentaires, dysbioses intestinales, troubles du sommeil, carences nutritionnelles, dysfonctionnements mitochondriaux, troubles hormonaux et dysfonctionnement du système nerveux autonome. Tous ces facteurs renforcent la fatigue, la douleur, les problèmes de mémoire ainsi que les troubles du sommeil et de l’humeur. Ainsi, soit le patient n’a jamais vraiment souffert d’un trouble auto-immun mais plutôt d’un SIMS-ML, soit il a présenté un trouble auto-immun, s’est fait mordre par une tique et plusieurs des symptômes énumérés ci-dessus ont contribué à aggraver son état.

Il existe des marqueurs spécifiques au lupus (anticorps dirigés contre l’ADNdb) et à la polyarthrite rhumatoïde (peptide cyclique citrulliné). Le clinicien doit demander ces dosages afin de déterminer si le patient souffre réellement d’une maladie auto-immune ou pas. Les choses se compliquent avec la SEP, que la ML imite à la perfection ! On retrouve des modifications de la matière blanche à l’IRM cérébrale et des augmentations du taux de certaines protéines spécifiques dans le LCR lors des deux maladies. Il serait donc intéressant que les divers spécialistes (neurologues, rhumatologues) travaillent en association avec un médecin spécialiste en ML lorsqu’ils rencontrent des difficultés diagnostiques.

Comment y voir plus clair quand on est concerné ?

La grille de diagnostic différentiel en 16 points fait ressortir les différents problèmes médicaux qui peuvent être concomitants et contribuer à la maladie chronique. Les patients qui se plaignent de fatigue, maux de tête, insomnies, douleurs articulaires et musculaires, troubles de l’humeur et/ou problèmes de mémoire et d’attention, qu’ils proviennent d’une ML ou non, tireront souvent bénéfice de l’utilisation de la grille d’évaluation des SIMS pour explorer les 16 facteurs potentiellement responsables de leurs symptômes. Par exemple, une personne souffrant de fatigue, maux de tête, palpitations, étourdissements, tremblements et irritabilité en milieu d’après-midi souffre peut-être d’hypoglycémie postprandiale avec des fluctuations de la glycémie qui seront éliminées par de simples changements alimentaires. La même personne peut aussi présenter une tension artérielle basse qui impose une augmentation du sel et des liquides dans la ration alimentaire. Tant que l’hypoglycémie et l’hypotension n’auront pas été traitées correctement, les symptômes perdureront.

Il semble donc raisonnable d’examiner tous les facteurs de la grille d’évaluation des SIMS pour voir lesquels sont présents et contribuent à l’état chronique. En cas de maladie de Lyme ou autre MVT, de nombreux patients seront améliorés en soignant les infections bactériennes et parasitaires chroniques tout en rééquilibrant les hormones et en améliorant leur détoxification de substances chimiques environnementales. C’est particulièrement vrai de ceux chez qui les traitements classiques ont échoué. Nous devons changer la façon dont nous appréhendons la maladie chronique et la santé.

Quels sont les traitements les plus efficaces pour vaincre ces infections ? Combien de temps faut-il traiter un patient lorsque la maladie est chronique. Peut-on espérer une guérison totale ?

Le spirochète responsable de la ML peut prendre plusieurs formes : spiralée à paroi, kystique, ou encore intracellulaire. Il peut également exister en biofilm. Il nous faut donc des antibiotiques et des plantes efficaces contre toutes ces formes différentes si nous voulons améliorer l’état clinique de nos patients. Ainsi, il m’arrive d’associer un médicament contre les formes spiralées tel que la pénicilline, un produit antikystique tel que le Plaquenil (hydroxychloroquine) avec un antibiotique intracellulaire tel que la roxithromycine et de la serrapeptase qui pénètre les biofilms, pour former un protocole thérapeutique exhaustif contre la maladie de Lyme. Cependant, si la ML est associée à une babésiose et/ou une bartonellose (infection intracellulaire) j’adopterais un autre protocole avec deux antibiotiques intracellulaires (doxycycline + rifampicine, par exemple) un traitement antipaludéen (Malarone = atovaquone+proguanil) et des plantes antipaludéennes (artémisine) pour plus d’efficacité. Chaque individu sera traité différemment, mais, en moyenne, un patient qui souffre de ML depuis des années aura besoin de plusieurs mois, ou années, de traitement. Ce dernier associera antibiotiques et phytothérapie, avec un soutien immunitaire, nutritif et détoxifiant à long terme. La guérison complète, avec élimination de toute infection, peut s’avérer impossible chez les personnes qui ont souffert de ML chronique depuis des années. Cependant, l’utilisation du modèle SIMS permettra tout de même d’améliorer leur qualité de vie et ils se sentiront mieux.

Dans votre livre, vous expliquez qu’en cas d’échec, le médecin doit explorer d’autres voies, comme l’intoxication aux métaux lourds. Cette intoxication est-elle répandue, et quels sont les métaux lourds les plus souvent en cause ?

Nous sommes tous exposés quotidiennement à des centaines de toxines environnementales, notamment les polychlorobiphényles (PCB), les dioxines, les plastiques, les solvants organiques volatils (SOV) et les métaux lourds. Les analyses de mes patients reviennent souvent positives pour des métaux lourds tels que le mercure, le plomb, l’arsenic, le cadmium ou l’aluminium. Or, un empoisonnement aux métaux lourds comme le mercure imite les symptômes d’une ML et contribue à la résistance des symptômes. Certains patients sont plus sensibles que d’autres à ces métaux qui participent à la fatigue, au dysfonctionnement immunitaire, aux douleurs musculaires, articulaires et nerveuses, aux problèmes de mémoires et aux troubles psychiatriques. Des patients qui ne répondent pas aux antibiotiques s’améliorent parfois lorsque l’on retire ces métaux lourds et ces toxines de leur organisme. Associé aux protocoles de chélation, le glutathion doit être envisagé chez les patients en échec thérapeutique car il a souvent un effet clinique positif.

À qui s’adresse votre livre : patients ou médecins ?

J’ai conçu mon livre autant pour les patients que pour mes confrères. Tous les termes médicaux sont expliqués pour que le grand public puisse les comprendre. À la fin du livre, une partie entière destinée aux médecins est consacrée aux posologies des différents traitements pharmaceutiques et phytothérapeutiques que j’ai utilisés pour soigner mes patients. Étant donné que nous nous trouvons en pleine épidémie (la ML est la principale maladie vectorielle à tiques, ou MVT, dans le monde entier), sans test de dépistage sanguin fiable et vu la capacité de la ML à se présenter comme un syndrome de fatigue chronique, une fibromyalgie ou une pathologie auto-immune telle que la sclérose en plaques (SEP), il importe d’éduquer aussi bien les praticiens que les patients. Ce sont les controverses quant au diagnostic et au traitement de la ML et de ses pathologies connexes qui m’ont poussé à écrire ce livre pour expliquer les éléments scientifiques et raconter comment j’ai réussi à aider des patients chez qui les traitements conventionnels avaient échoués. Mon modèle diagnostic et thérapeutique est étayé par des centaines de références scientifiques énumérées à la fin du livre. L’édition en français de ce livre me permet de partager toutes ces informations avec les personnes vivant en Europe et au Québec.

Est-il possible pour des patients français, belges, suisses ou canadiens de vous consulter ?

En l’espace de vingt-sept ans, j’ai soigné plus de 12000 patients souffrant de ML chronique et provenant de toutes les régions des États Unis et d’Europe. Je suis enchanté que mon livre soit maintenant disponible pour tous les médecins et patients francophones mais même quand ce n’était pas le cas, de nombreux patients francophones sont venus me voir de Belgique, de Suisse, de France et du Canada pour que je confirme leur diagnostic et que je les soigne. Je donne des conférences sur l’approche SIMS-ML en France et en Europe afin que les médecins puissent utiliser mon modèle pour aider leurs patients européens.

Merci, Richard Horowitz.

Merci, et je vous souhaite à tous une excellente santé !

Propos recueillis par Sylviane Passard - Traduction : Anne Pietrasik

Pour aller plus loin : Soigner Lyme et les maladies chroniques inexpliquées, par le Dr Richard Horowitz (LIRE UN EXTRAIT ICI >>)

3 Comment prévenir la maladie de Lyme

Suivez ces conseils pour éviter d'être piqué par une tique, qui peut transmettre la maladie de Lyme et d'autres infections

Par Didier Souccar Publié le 14/03/2012 Mis à jour le 19/05/2020

Postée sur des herbes hautes, la tique s’accroche aux chevreuils, daims, campagnols, mulots, écureuils, oiseaux, chiens, chevaux, bovins.... Elle se nourrit de leur sang pour se développer. Elle devient porteuse de la bactérie responsable de la maladie de Lyme (Borrelia burgdorferi) lors d’un repas sanguin sur un animal infecté. La tique peut ensuite piquer l’homme et lui transmettre la bactérie Borrelia, ainsi que d'autres bactéries.

Les morsures peuvent venir des tiques larves, nymphes, et adultes femelles (les mâles ne piquent pas). On estime que 5 à 20% des tiques sont infectées.

La meilleure prévention actuelle consiste à se protéger contre les morsures de tiques lors d'une promenade en forêt, en particulier entre avril et septembre. Plus généralement, il faut être prudent lors des ballades en pleine nature et même dans son jardin lorsqu'on tond sa pelouse.

La maladie a été identifiée partout en France. Elle est généralement absente en altitude (au dessus de 1 500 mètres). Elle est très présente dans les régions boisées et humides, où le gibier est nombreux, en particulier dans l’Est (Alsace, Lorraine) et au Centre (Limousin, Auvergne), mais aussi et c'est plus récent, dans le Pyrénées. Selon le ministère de la santé, il y aurait 9,4 cas de Lyme pour 100 000 habitants, mais 180 pour 100 000 en Alsace. Ces chiffres sont contestés par les associations qui estiment que plusieurs centaines de milliers de Français sont contaminés.

Comment éviter d’être piqué en forêt

  • Eviter les zones boisées et broussailleuses avec des herbes hautes et des feuilles mortes au sol.
  • Marcher au centre des chemins
  • Porter des vêtements longs et fermés, les chaussettes recouvrant le bas des pantalons. Les autorités recommandent de porter des vêtements clairs pour pouvoir plus facilement repérer les tiques, mais les études ne montrent pas que cette stratégie est particulièrement efficace.
  • On peut appliquer des insectifuges à base de DEET (diéthyltoluamide) sur la peau exposée. Ils sont actifs plusieurs heures. Eviter d’appliquer ces produits sur la peau des enfants, des femmes enceintes, sur les yeux, la bouche. Selon l’agence américaine de protection de l’environnement, certains insecticides à base de 2-undecanone ou de citronnelle seraient eux aussi efficaces.
  • On peut pulvériser des produits à base de perméthrine sur les vêtements, en particulier chaussures, pantalons, chaussettes. Idem sur les tentes. Il existe des articles prétraités.

Après la promenade

  • On examine soigneusement tout le corps et le cuir chevelu après la promenade dans une zone à risque, pour repérer et retirer précocement toute tique.
  • Pour cela, il faut prendre l’habitude de prendre une douche ou un bain dans les deux heures qui suivent la fin de la promenade. Dans une étude conduite dans le nord est des Etats-Unis, cette pratique a réduit de 60% le risque de contracter la maladie de Lyme.  En effet, c’est l’occasion de repérer une tique, avec en plus l’opportunité de l’éliminer naturellement grâce au savon et à l’eau. Autre avantage : après une douche ou un bain on change généralement de vêtements.
  • L’examen du corps doit être minutieux, quitte à se servir d’un miroir. Les parents doivent examiner soigneusement les enfants, notamment au niveau des aisselles, des oreilles, de l’ombilic, des genoux, des jambes, des cheveux.
  • Examiner aussi soigneusement les animaux qui vous ont suivi en forêt, les vêtements, les sacs. On peut tuer les tiques en passant les vêtements et les sacs dans une sécheuse à température max pendant une heure.

Si vous repérez une tique sur la peau

  • Ne pas appliquer d'éther, de pétrole ou tout autre produit chimique.
  • A l'aide d'une pince fine (pince à épiler) ou d'une pince spéciale vendue en pharmacie, agripper la tique le plus près possible de la peau et tirer doucement mais fermement vers l’extérieur. Ne pas faire tourner la tique ni la secouer, ce qui risque de détacher le corps de la tique de la partie qui mord la peau. Si cela arrive, détacher la partie restante avec la pince à épiler. En cas d’échec, la laisser en place et laisser la peau cicatriser. Appliquer un antiseptique sur la zone (alcool, produit iodé, etc…)
  • Dans les 3 à 30 jours on peut repérer l’apparition éventuelle d’un  érythème migrant (EM).  Il s'agit d'une lésion rouge circulaire, d'au moins 5 cm de diamètre qui a pour centre la zone mordue. Elle peut s’accompagner de fièvre et de douleurs articulaires. La présence d'une petite zone d'érythème autour de la piqûre immédiatement ou dans les 24 premières heures après la morsure est le résultat d'une réaction aux composés salivaires de la tique. L'absence d'EM ne veut pas dire quon n'a pas été infecté.
  • Consulter un médecin même en l'absence d'érythème migrant. La règle est d'instaurer dans tous les cas, EM ou pas, un traitement antibiotique pour détruire les bactéries et éviter que la maladie ne prenne une forme chronique.

Lectures conseillées : Maladie de Lyme de Judith Albertat et Soigner Lyme et les maladies chroniques du Dr Richard Horowitz (LIRE UN EXTRAIT ICI >>)

4 Tiques : 6 choses à savoir pour bien s’en protéger

Les tiques ne doivent pas être prises à la légère car en plus de Lyme, elles transmettent d'autres maladies.

Par Marie-Céline Ray Publié le 21/06/2017 Mis à jour le 19/05/2020

Voici cinq choses à savoir pour limiter votre risque d’être piqué et d’avoir une maladie liée à une tique.

1. Promenade en nature : que faire avant et après ?

Lorsque vous partez en randonnée en forêt, que vous vous promenez dans des herbes, portez un chapeau, des chaussures, des chaussettes et de longs pantalons ; vous pouvez aussi utiliser un répulsif à tiques. La tête, les chevilles, les jambes, les pieds sont souvent les parties du corps sur lesquelles les tiques peuvent monter en premier sur votre corps. Lorsque vous rentrez de votre sortie en plein air, procédez à un examen minutieux (pour les petits enfants, un bain est idéal). Les tiques ne s’accrochent pas forcément immédiatement à un point du corps. Elles peuvent prendre leur temps pour trouver le bon endroit pour s’installer.  

2. Que faire si j’ai une tique ?

Il faut la retirer au plus vite. Pour cela, le mieux est d’utiliser un tire-tique (vendu en pharmacie). Cet outil possède un crochet pour attraper la tique. Il faut ensuite le tourner. La tique est ainsi plus facilement retirée entière. Puis désinfectez la zone piquée et lavez-vous les mains. L'INRA propose d'adresser la tique pour analyse.

Lire : Les Français appelés à collaborer au dispositif Citicks

3. Et les animaux de compagnie ? (chien/chat)

Vérifiez régulièrement vos animaux et traitez les si besoin. Si votre animal a une tique, retirez la avec un tire-tique. Si votre animal est infesté, nettoyez ses affaires (tapis, niche…).

4. Quelles sont les maladies transmises par les tiques ?

Les tiques transmettent la maladie de Lyme, mais pas seulement. Voici d’autres maladies dont elles sont vecteurs :

  • des rickettsioses (des maladies dues à une bactérie de la famille des Rickettsies, des bactéries intracellulaires) : ce sont par exemple des fièvres boutonneuses, comme la fièvre boutonneuse méditerranéenne due à Rickettsia conorii, transmise dans le bassin méditerranéen par la tique du chien,
  • la fièvre Q (ou fièvre du Queensland), identifiée sur des personnels d’abattoir du Queensland. Elle est souvent transmise par des animaux d’élevage,
  • des ehrlichioses, dues à une bactérie Ehrlichia, qui causent des symptômes proches de la grippe,
  • l’anaplasmose due à une bactérie et qui peut être fatale,
  • des maladies virales comme l'encéphalite à tiques due à un flavivirus,
  • des fièvres hémorragiques comme la maladie de Crimée-Congo, ou la fièvre hémorragique d’Omsk,
  • des babésioses, dues à des parasites microscopiques qui infestent les cellules du sang,
  • la theilériose transmise par la tique Ixodes scapularis,
  • des paralysies à tiques…

5.    Comment savoir si j’ai une maladie transmise par des tiques ?

Beaucoup de maladies transmises par des tiques commencent par de la fièvre, des maux de tête, de la fatigue. Il peut y avoir des rougeurs, comme dans le cas de la maladie de Lyme avec un érythème migrant. Mais beaucoup de personnes qui ont eu une maladie transmise par une tique ne se souviennent pas avoir été mordues. Le diagnostic est souvent difficile lorsque l'infection est ancienne parce que les symptômes peuvent évoquer d'autres maladies, et que les tests actuels ne sont pas fiables. Le Dr Richard Horowitz a mis au point un questionnaire qui donne une probabilité faible ou forte que les maux dont on souffre soit dû à une maladie de Lyme. 

Le questionnaire de Richard Horowitz

6. Quels traitements ?

Les maladies bactériennes transmises par les tiques peuvent souvent être traitées avec succès grâce à des antibiotiques, si le traitement est administré rapidement. Plus tard, l'efficacité des antibiotiques est limitée. Il peut être utile d'avoir recours à des traitements de fond (correction des déficits nutritionnels, huiles essentielles, probiotiques...) pour retrouver la santé, même si les bactéries ne sont pas éliminées.

Lire : Judith Albertat : "On peut soigner la maladie de Lyme par l'alimentation"

5 Lyme : les tiques attaquent aussi en ville

Il n’y a pas que dans les bois, que l’on peut se faire mordre par une tique, vecteur de la maladie de Lyme. Le problème s'étend désormais aux zones urbaines.

Par Collectif LaNutrition.fr Publié le 14/02/2017 Mis à jour le 19/05/2020

Les maladies transmises par les tiques, Lyme en tête, représentent un problème majeur pour la santé humaine et animale dans le monde. Ixodes ricinus est une tique des forêts mélangées, qui est le vecteur d’agents de maladies virales, bactériennes et de protozoaires en Europe (zoonoses). Les tiques transmettent par exemple le virus de l’encéphalite à tiques ou la bactérie Borrelia burgdorferi, l'agent responsable de la borréliose de Lyme.

Lire : La maladie de Lyme, qu'est-ce que c'est ?

On sait que les tiques sont à craindre lors des balades en forêt, ce qui conduit à se protéger en randonnée, mais nous devrions aussi faire attention en ville d'après des chercheurs anglais.

Des tiques urbaines portent les bactéries Borrelia burgdorferi et B. miyamotoi

Pendant trois saisons (printemps, été, automne) en 2013-2014, des chercheurs britanniques ont récolté des tiques dans les pelouses, dans les bois et leurs abords, dans une zone urbaine de Salisbury, dans le sud de l’Angleterre. Des tiques ont été trouvées dans plus de la moitié des 25 sites suivis. La présence et l’activité de la tique Ixodes ricinus étaient significativement plus élevées dans les abords des bois. La bactérie Borrelia a été recherchée chez les tiques. Les bactéries B. garinii et B. valaisiana étaient les plus souvent détectées. B. garinii a été trouvée dans 42 % des tiques tandis que 36 % étaient infectées par B. valaisiana.

Mais les scientifiques ont aussi trouvé chez les tiques urbaines les deux pathogènes qui posent des problèmes de santé publique : l’ADN de Borrelia burgdorferi a été détecté dans 18,1 % des jeunes tiques récoltées dans les 25 sites entre 2013 et 2014. Deux tiques étaient également positives pour le nouveau pathogène émergent B. miyamotoi.

Le nombre de tiques infectées par B. burgdorferi était plus important en 2014 qu’en 2013. Les tiques étaient actives pendant les trois saisons d’étude, mais surtout au printemps.

Par conséquent, la transmission de Borrelia peut se faire dans des espaces verts urbains féquentés. Les oiseaux et les chiens pourraient jouer un rôle dans le déplacement des tiques dans les habitats urbains. En effet, dans cette étude, beaucoup de sites étudiés étaient sur des voies empruntées par les chiens et leurs maîtres.

En Europe, les tiques sont bien présentes en ville

En 2014, un ensemble de chercheurs de différents pays européens (Italie, Allemagne, Suisse, France, République tchèque, Hongrie, Slovaquie) a étudié la tique Ixodes ricinus et les pathogènes qu’elle transmet en zone urbaine et péri-urbaine, en Europe. Cette recherche s’inscrivait dans le cadre du projet européen EDENext.

Des populations abondantes de tiques ont été observées dans des zones urbaines vertes en Europe, ce qui peut augmenter le risque d’exposition des humains et des animaux domestiques à des tiques pouvant être infectées. Dans les habitats urbains, les rongeurs, hérissons, oiseaux, lézards, chiens, chats, et dans les zones péri-urbaines les renards, chevreuils, sangliers, jouent un rôle majeur dans le maintien de réservoirs de tiques et donc de  bactéries pathogènes associées.

Dans les villes européennes, les parcs publics, les jardins, les aires de loisirs et les cimetières sont des endroits où les hommes et les animaux domestiques peuvent rencontrer des tiques. L’adaptation des animaux sauvages à l’environnement urbain peut aussi conduire à une augmentation des contacts avec les humains et donc du risque d’exposition à des agents pathogènes. 

Conclusion : si vous promenez régulièrement un animal ou vous rendez dans les parcs et jardins de votre ville, pensez à adopter les mêmes précautions qu'à la campagne, notamment à bien examiner votre peau et celle de vos enfants à la recherche de tiques.

Pour en savoir plus sur la maladie de Lyme, lisez  : Maladie de Lyme : l'épidémie qu'on vous cache (lire un extrait ICI >>)

Sources

Hansford KM, Fonville M, Gillingham EL, Coipan EC, Pietzsch ME, Krawczyk AI, Vaux AG, Cull B, Sprong H, Medlock JM. Ticks and Borrelia in urban and peri-urban green space habitats in a city in southern England. Ticks Tick Borne Dis. 2016 Dec 21. pii: S1877-959X(16)30279-5. doi: 10.1016/j.ttbdis.2016.12.009.

Rizzoli A, Silaghi C, Obiegala A, Rudolf I, Hubálek Z, Földvári G, Plantard O, Vayssier-Taussat M, Bonnet S, Spitalská E, Kazimírová M. Ixodes ricinus and Its Transmitted Pathogens in Urban and Peri-Urban Areas in Europe: New Hazards and Relevance for Public Health. Front Public Health. 2014 Dec 1;2:251. doi: 10.3389/fpubh.2014.00251. eCollection 2014.

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