Un anticholestérol tué dans l’œuf

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 06/12/2006 Mis à jour le 06/02/2017
Il devait réussir le double pari de faire baisser votre mauvais cholestérol tout en boostant le bon cholestérol. Le torcetrapib, nouvelle molécule anti-cholestérol testée par les laboratoires Pfizer (et non le nom d’un animal préhistorique), vient d’être abandonné. Motif : il augmenterait le risque de décès.

Le torcetrapib agit en inhibant une protéine appelée CETP qui est censée transférer les esters du cholestérol des HDL, le « bon » cholestérol, vers les LDL, le « mauvais » cholestérol. Grâce à ce médicament le laboratoire pharmaceutique espérait donc pourvoir à la fois faire baisser le LDL et monter le HDL.

Les essais cliniques en cours viennent d’être interrompus à la demande d’un comité de surveillance. Motif : un nombre élevé de décès et d’accidents cardio-vasculaires chez les patients qui prenaient ce nouveau médicament. En effet, lors d’un point intermédiaire, le comité de surveillance a constaté 82 décès dans le groupe qui prenait une statine (atorvastatine) et le torcetrapib, contre 51 dans le groupe qui ne recevait que la statine. Tous les patients qui participaient à cet essai portant sur 15 000 volontaires et baptisé « Illuminate » se sont vus ordonner de cesser immédiatement de prendre le torcetrapib.

Deux jours à peine après cette annonce, le géant de l’industrie pharmaceutique a vu le cours de son action chuter de 15 %. Pfizer espérait en effet que le torcetrapib rencontrerait autant de succès que leur traitement-phare anticholestérol, l’atorvastatine commercialisée sous le nom de lipitor. Le torcetrapib devait être le médicament le plus coûteux à développer, avec un budget de 800 millions de dollars pour la seule phase 3 des essais cliniques.

Le torcetrapib fait partie d’une nouvelle génération de médicaments destinés à relever le taux de cholestérol HDL. Les résultats des essais cliniques de phase 2 rendus publics en avril 2004 avaient montré que le torcetrapib à la dose de 120 m/j augmente le HDL de 46% et de 61% lorsqu’il est associé à une statine. A la dose quotidienne de 240 mg, ce médicament double le niveau du HDL, mais déjà ces essais de phase 2 avaient révélé que les patients qui prenaient 60 mg de torcetrapib plus une statine souffraient d’une augmentation de la pression artérielle systolique.

Un autre médicament (de Sanofi-Aventis), le rimonabant, destiné aux obèses et aux fumeurs augmente aussi le cholestérol HDL et fait baisser les triglycérides.

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