Les besoins en vitamine D seraient 20 à 40 fois supérieurs aux apports conseillés

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 03/03/2011 Mis à jour le 06/02/2017
Les besoins d'un adulte en vitamine D en prévention des maladies chroniques seraient de 4000 à 8000 UI/jourLa France continue de recommander 200 UI/j

Des chercheurs américains de l'Université de Californie, de l’Ecole de médecine de San Diego et de l’université Creighton à Omaha, parmi lesquels deux des plus grands noms de la recherche sur la vitamine D, ont calculé que les recommandations officielles en vitamine D (200 UI/jour en France) sont bien trop faibles pour atteindre les niveaux sanguins de cette vitamine qui permettent de prévenir le cancer du sein et d’autres maladies chroniques. Leurs conclusions ont été publiées le 21 février 2011 dans le journal Anticancer Research.

« Nous avons constaté qu’un adulte doit disposer chaque jour de 4000 à 8000 UI (unités internationales)de vitamine D pour maintenir les taux sanguins des métabolites de la vitamine D dans la fourchette permettant de réduire de moitié environ le risque de plusieurs maladies - cancer du sein, cancer du côlon, sclérose en plaques, diabète de type 1 », explique le Pr Cedric Garland (université de Californie), l’un des auteurs de l’étude et un pionnier de la recherche sur cette vitamine . « J'ai été surpris de constater que les apports nécessaires pour maintenir le statut en vitamine D dans la zone protectrice sont si élevés. Beaucoup plus élevés que la dose de 400 UI / jour qui était nécessaire pour vaincre le rachitisme au 20e siècle. »

La vitamine D est synthétisée lors de l'exposition aux UVB du soleil, mais seulement entre mars et octobre dans l'hémiqphère nord; à la saison froide, la longueur d'ondes du rayonnement UVB ne permet pas cette synthèse.

L'étude fait état d'une enquête sur plusieurs milliers de bénévoles qui prenaient des suppléments de vitamine D à des doses allant de 1000 à 10000 UI / jour.  Des bilans sanguins ont été effectués pour déterminer le niveau de 25(OH)D - la forme sous laquelle la quasi-totalité de la vitamine D circule dans le sang.

« La plupart des scientifiques qui travaillent activement sur la vitamine D pensent maintenant qu’il faut avoir une concentration de25(OH)D de l’ordre de 40 à 60 ng /ml pour prévenir de nombreuses maladies », dit le Pr Garland. « Malheureusement, seulement 10 pour cent de la population américaine a de tels niveaux et il s’agit principalement de personnes qui travaillent à l'extérieur. »

« Maintenant que les résultats de cette étude sont publiés, il va devenir banal pour presque tous les adultes de prendre 4000 UI de vitamine D par jour, » dit le Pr Garland. « C'est une dose bien inférieure aux 10000 UI/j qui est le seuil inférieur du risque d’hypervitaminose D arrêté par les autorités sanitaires américaines, et les avantages sont considérables. Les personnes qui peuvent avoir des contre-indications devraient discuter de leurs besoins en vitamine D avec leur médecin de famille. »

« Il est maintenant temps que pratiquement tout le monde prenne plus de vitamine D pour aider à prévenir certains types majeurs de cancer et plusieurs autres maladies graves, et des fractures », selon Robert Heaney, lui aussi co-auteur de l’étude.

L'analyse de LaNutrition.fr. En 2001, l'ex-Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, aujourd'hui Anses) a divisé par deux l'apport nutritionnel conseillé (ANC) en vitamine D pour un adulte, le ramenant de 400 à 200 UI par jour. Cette opération a été réalisée arbitrairement, sans la moindre justification scientifique. Cinq ans plus tôt, en 1996, le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF) avait décrété que la dose maximum de sécurité pour la vitamine D est de 1000 UI par jour - sous-entendu, au-dessus de 1000 UI par jour, des risques pour la santé peuvent apparaître. Depuis, Thierry Souccar et Isabelle Robard dans Santé, mensonges et propagande (Seuil) ont montré que ce chiffre de 1000 UI est entaché d'une erreur de calcul, et que le CSHPF aurait dû retenir le chiffre de... 10000 UI. Quoi qu'il en soit, ni l'ANC de la vitamine D, ni sa dose de sécurité n'ont été à ce jour rectifiés. Il en résulte une situation qui pénalise l'ensemble de la population française, parce que médecins et pharmaciens hésitent à délivrer des doses de vitamine D supérieures à 1000 UI/j et surtout parce que les doses autorisées pour l'enrichissement des aliments en vitamine D correspondent à une fraction des 200 UI - autant dire qu'elles n'ont aucune influence biologique sur le statut des consommateurs. Par ailleurs, l'Institut national du cancer continue de prétendre qu'il faut "éviter de se mettre au soleil aux heures chaudes en été", alors que c'est précisément à ce moment qu'il faut s'exposer et exposer ses enfants pour constituer de bonnes réserves de vitamine D - certes pas plus de 15 à 20 minutes, visage protégé, mais si possible bras, torse et jambes nus.

Pour aller plus loin

Le livre du Dr Brigitte Houssin Vitamine D, mode d'emploi, vous dit tout sur la vitamine D (Lire un extrait ICI  >>).

Référence

Garland CF. Vitamin D Supplement Doses and Serum 25-Hydroxyvitamin D in the Range Associated with Cancer Prevention. Anticancer Res Feb 21 2011

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