Nous vivons moins longtemps en bonne santé en France

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 09/05/2012 Mis à jour le 10/03/2017
La fin progressive de la dolce vita en France avec le recul de l'espérance de vie en bonne santé

Pour espérer vivre longtemps sans problème de santé, les 8 pays où il faut mieux vivre, qu’on soit une femme ou un homme, sont la Suède, Malte, la Grèce, l’Irlande, Chypre, le Royaume Uni, le Luxembourg et l’Espagne; soit 4 pays du Sud et 4 pays du Nord de l’Europe et deux des cinq grands pays (manquent France, Allemagne et Italie).

C’est ce qui ressort d’une étude européenne présentée le 19 avril 2012, réalisée dans l’ensemble des pays européens dans le cadre de l’Action conjointe européenne et coordonnée par l’Inserm, sur les espérances de vie en bonne santé.

Des écarts énormes au sein de l’Union Européenne

En moyenne dans l’UE 27, l’espérance de vie sans incapacité (EVSI) est de 62 ans chez les femmes et de 61.3 ans chez les hommes soit un écart de seulement 0.7 an entre les deux sexes alors que l’écart d’espérance de vie à la naissance (EV) est de 6 années (82.7 contre 76.7).  Malte et la Suède se détachent nettement avec une EVSI supérieur à 70 ans pour les deux sexes alors que le troisième pays est la Grèce avec une EVSI de 67.6 ans chez les femmes et 66.4 chez les hommes. La Suède possède le record en matière temps de vie sans incapacité chez les hommes de 90%. Les écarts au sein de l’UE 27 atteignent un pic en 2010 avec 19.5 ans chez les femmes (entre Malte et la République Slovaque) et 19.4 ans chez les hommes (entre la Suède et la République Slovaque). En moyenne dans l’UE 27, l’année fatidique est la 62ème année où l’être humain déclare souffrir d’incapacité à partir de cet âge avec une tendance à la convergence entre les deux sexes au fil des ans. Les femmes passent environ 75% de leur vie sans incapacité contre 80% chez les hommes, ce qui peut s’expliquer en partie par une déclaration plus volontaire des femmes pour leurs incapacités que chez les hommes.

La France est mal classée et en baisse au sein de l’UE 27

Chez les femmes, la France se classe en douzième position en 2010 (moins deux places versus 2009) à 63.5 ans d’EVSI alors que notre pays présente la plus longue EV de 85.3 ans avec l’Espagne. Chez les hommes, la France se classe en quatorzième position en EVSI à 61.9 ans, en baisse de trois places versus 2009. En matière d’EV, la France n’arrive qu’en huitième position chez les hommes à 78.2 ans.  Pour les deux sexes, la France se classe derrière la Bulgarie et la République Tchèque en matière d’EVSI ! Parmi les cinq grands pays d’Europe de l’Ouest, seule l’Allemagne fait moins bien que la France, avec des résultats misérables par rapport à son leadership  économique aussi bien en matière de PIB que de chômage. Les Allemands ont des résultats en EVSI inférieurs de 3.5 ans  à la moyenne de l’UE dans les deux sexes et sont en 20ème et 22ème position respectivement chez les femmes et chez les hommes.

Une diminution de la qualité de vie des femmes dans l’UE 27

On s’aperçoit que le niveau de richesse n’est pas directement lié à une bonne EVSI puisque les deux premières économies de l’UE 27 sont mal classées sur ce critère. L’EV continue à progresser dans tous les pays européens dans les deux sexes alors que l’EVSI diminue chez les femmes et augmente légèrement chez les hommes. Les femmes étant plus nombreuses dans les populations européennes, on observe une augmentation du nombre d’années de vie avec incapacité au cours du temps dans l’UE 27 ce qui est une source d’augmentation des dépenses de santé d’une part et de diminution de la qualité de vie des femmes d’autre part. Les mauvais résultats de la France et de l’Allemagne en EVSI sont à relier (c’est une des sources parmi d’autres) à leur niveau plus élevé des dépenses de santé (dans les 5 premiers pays les plus dépensiers dans le monde).

On peut craindre une dégradation de l’EVSI dans l’UE 27 dans les années à venir du fait de la crise économique et financière. L’année 2010 ne révèle que partiellement l’impact de la crise économique qui a suivi la crise des subprimes de 2009. La crise des dettes souveraines de 2011, avec son impact redoutable sur les économies nationales, risque d’accélérer la baisse de la qualité de vie dans l’UE 27. L’Allemagne démontre qu’une économie solide ne suffit pas à apporter à sa population une durée de vie longue en bonne santé !

L'auteur

Frédéric Bizard est consultant en Santé ; Maître de conférences  à Sciences Po Paris ; Auteur de « Une ordonnance pour la France » (Avril 2012, Editions Thierry Souccar) ; blog : www.fredericbizard.com

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