Contre la grippe, buvons du lait !

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 16/09/2009 Mis à jour le 06/02/2017
Le maire d’une ville de la Sarthe a trouvé un moyen singulier de lutter contre la grippe et soutenir la production laitière : servir du lait à tous les enfants scolarisés.

Le maire de Coulaines, une commune française de la Sarthe, proche du Mans a décidé que sa ville distribuerait du lait à tous les élèves des écoles primaires lors de la récréation du matin pour dit-il « soutenir les éleveurs et protéger les enfants de la grippe. » Christophe Rouillon qui est aussi conseiller général de la Sarthe et vice-président de l'association des Maire de France explique sur son site comment lui est venue cette idée originale : « Lors des comices agricoles du week-end dernier à Berfay, Ballon et Bonnétable, j’ai pris conscience de la détresse des éleveurs qui sont en péril après avoir perdu près de 40 % de leurs revenus. J’en appelle aux consommateurs, car la meilleure façon de résister à la grippe A est d’être solide en se nourrissant bien. »

Or, pour Christophe Rouillon, « le lait est un aliment qui, sans conteste, éloigne le médecin ! Outre ses qualités nutritionnelles certaines, ses vertus protectrices sont nombreuses : il facilite en général la digestion, protège contre les infections, diminue le stress et l’hypertension. » Et M. Rouillon de conclure : « Alors, pour garder la forme défendons les producteurs et buvons du lait chaque jour ! » Voir le site de M. Rouillon.

LaNutrition.fr a vérifié chacune des propriétés attribuées peut-être un peu vite au lait par M. Rouillon. Hélas, non seulement le lait ne facilite pas la digestion, mais son sucre – le lactose – provoque des troubles digestifs chez environ 40% de la population française qui ne le digère pas. Le lait ne protège pas non plus contre les infections. Au contraire, le lait peut être un vecteur de maladies car il est facilement contaminé par de nombreux agents pathogènes comme la Listeria. La Listeria est présente dans le lait cru, mais elle peut aussi survivre à la pasteurisation lorsqu’elle est mal conduite. Quelques études épidémiologiques ont observé que les personnes consommant du lait écrémé avaient une pression artérielle légèrement plus faible que celles qui n’en consommaient pas, mais ces études ne permettent pas d’établir une relation de cause à effet, et les études d’intervention qui auraient pu le faire n’y sont pas parvenues. Au contraire, un régime sans laitages (ni aucun des aliments introduits à l’ère agricole) fait baisser de manière significative la pression artérielle ! (1) Enfin, la consommation de lait ne fait pas baisser le stress psychologique, mais elle semble augmenter le stress oxydant, un facteur de vieillissement.

Pour conclure, LaNutrition.fr rappelle à M. Rouillon que le ministère de l’éducation a adressé le 25 mars 2004 une circulaire n° 2004-0095 aux directeurs d'école soulignant « qu'aucun argument nutritionnel ne justifie la collation matinale de 10 heures qui aboutit à un déséquilibre de l'alimentation et à une modification des rythmes alimentaires des enfants. » S’il peut être envisagé de proposer aux élèves une collation dès leur arrivée à l'école maternelle ou élémentaire et, dans tous les cas, au minimum deux heures avant le déjeuner,  les boissons ou aliments proposés aux élèves « doivent permettre une offre alimentaire diversifiée favorisant une liberté de choix. » Cette circulaire n’indique pas que les élèves, fussent-ils scolarisés dans la Sarthe, sont là pour soutenir l’économie d’une filière agricole.

Référence

(1) Frassetto LA, Schloetter M, Mietus-Synder M, Morris RC Jr, Sebastian A. Metabolic and physiologic improvements from consuming a paleolithic, hunter-gatherer type diet. Eur J Clin Nutr. 2009 Aug;63(8):947-55. Epub 2009 Feb 11.

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