Les pesticides sont-ils responsables de la maladie de Parkinson ? La recherche s'accélère avec les résultats de plusieurs études récentes qui mettent en cause des molécules très utilisées en France et au Canada.Le point sur un dossier qui continue de poser une énigme.
5 décembre 2003
La roténone, un pesticide largement employé dans l’agriculture biologique peut endommager les centrales énergétiques de nos cellules – les mitochondries – et augmenter ainsi le risque de maladie de Parkinson. Mais la roténone n’est pas seule à se comporter ainsi.
Des chercheurs de l’université Emory (Atlanta, Georgie, Etats-Unis) viennent de révéler que d’autres pesticides produisent des dommages similaires à ceux de la roténone, parfois en pire. Ils ont présenté leurs travaux à la dernière réunion de la Society for Neurosciences à La Nouvelle Orléans (Louisiane). Le pyridabène, un acaricide utilisé sur les arbres fruitiers et la vigne, et le fenpyroximate, un autre acaricide des fruitiers sont toxiques pour les mitochondries. Alors qu’il faut employer des doses importantes de fenpyroximate pour observer des dégâts in vitro, ce n’est pas le cas du pyridabène qui se révèle plus dangereux que la roténone. Les chercheurs, qui s’apprêtent à tester le pyridabène sur des modèles animaux, ne se veulent pas alarmistes, expliquant que l’exposition réelle à ces pesticides diffère des conditions de laboratoire.
Certes. Mais ces nouvelles études viennent alimenter l’hypothèse d’un lien entre le risque de Parkinson et l’exposition à des facteurs environnementaux comme les pesticides. En effet, on trouve comparativement plus de patients dans les zones rurales des pays développés que dans les zones urbaines. Le risque paraît évoluer avec les travaux de la ferme, l’exposition aux produits phytosanitaires, le travail en magasin de jardinage, l’exposition à des résines de plastique ou d’époxy, des peintures ou des colles.
Nous confions ces substances à des enzymes spécialisées dites de phase 1 pour qu’elles les traitent. Ce traitement s’effectue, selon les individus, rapidement ou lentement. Les « matboliseurs lents » se rencontreraient plus fréquemment chez les Parkinsoniens.
La maladie de Parkinson toucherait 120 000 Français, avec un âge moyen d’apparition de 55 ans. Elle se manifeste par une dégénérescence des neurones qui constituent « la substance noire » (ou locus niger), une région du cerveau. Ces neurones fabriquent un neurotransmetteur appelé dopamine. La dopamine intervient entre autres dans la genèse des mouvements coordonnés.
33ème réunion de la Society for Neurosciences, New Orleans (Louisiana), 8 au 12 novembre 2003