Les nitrates dans l’eau du robinet

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 13/03/2008 Mis à jour le 10/03/2017
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Quelle quantité de nitrates trouve-t-on dans dans l'eau du robinet?Quels sont ses effets sur la santé ?

D’où viennent les nitrates ?

La concentration « naturelle » en nitrates des eaux souterraines en l’absence de fertilisation va de 5 à 15 mg/l (NO3). Mais la source majeure provient de l’apport d’engrais azotés. Cet apport peut se faire soit directement sous forme de nitrates, soit sous forme d’ammoniac, ou d’urée, lesquels se transforment dans le sol en nitrates. Certains engrais associent les deux formes, comme le nitrate d’ammonium, qui dans les sols libère immédiatement des nitrates, avant de générer plus lentement des nitrates issus de l’oxydation de l’ammoniac. Les lisiers d’élevage libèrent surtout la forme ammoniaquée.

Que dit la réglementation ?

Le décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 limite à 50 milligrammes par litre la teneur maximale en nitrates de l'eau destinée à la consommation humaine. La norme de 50 mg/L a été fixée en fonction des risques courus par les populations les plus vulnérables : nourrissons et femmes enceintes. Une eau dont la teneur en nitrates dépasse 50 mg par litre n'est pas potable.

La consommation d'une eau présentant une concentration de nitrates supérieure à la norme mais inférieure à 100 mg par litre est considérée comme temporairement acceptable, sauf pour les nourrissons et les femmes enceintes ou allaitantes.

Au-delà de 100 mg par litre, l'eau ne doit ni être bue ni être utilisée pour préparer les aliments.

Quelle est la situation en France ?

Depuis le début des années soixante-dix, la qualité des cours d’eau s’est dégradée. Après une amélioration en 2005, la proportion de points de médiocre ou mauvaise qualité s’élève à 21 % en 2006.

 

Les nitrates dans les eaux continentales proviennent à 66 % de l’agriculture (engrais azotés et lisier). Le reste est issu des rejets des collectivités locales (22%) et de l’industrie (12%).

Les régions les plus touchées sont la Bretagne, la Champagne-Ardenne, le Centre, le Poitou-Charentes et l’Ile-de-France.

Y a-t-il des risques pour la santé ?

L’ion nitrate est la forme stable de l’azote, formé par l’association d’un atome d’azote avec trois atomes d’oxygène. Une fois ingéré, il peut être réduit en nitrite par les bactéries présentes dans le corps, en particulier dans la bouche, mais aussi l’intestin grêle et le côlon. A partir de 25 mg/L, les nouveaux-nés peuvent manquer d’oxygène parce que les nitrites issus des nitrates oxydent le fer ferreux (Fe2+) de l'hémoglobine des globules rouges en fer ferrique (Fe3+). La méthémoglobine qui en résulte est incapable de fixer l'oxygène.

Dans un milieu acide, l’estomac par exemple, l’ion nitrite donne naissance à de l’acide nitreux qui génère du dioxyde d’azote. Le dioxyde d’azote est capable de réagir avec des susbtances azotées qu’on appelle amines pour former des individus très peu fréquentables, les nitrosamines. Les nitrosamines endommagent les gènes et provoquent des cancers dans toutes les espèces animales.

Plus on consomme de nitrates dans l’eau, plus on fabrique de nitrosamines. Les populations qui affichent des taux élevés de cancers de l’oesphage et de l’estomac sont aussi celles chez lesquelles on retrouve des taux élevés d’une nitrosamine, la N-nitrosoproline. Plusieurs études ont trouvé que les nitrates de l’eau augmentent le risque de certains cancers - d’autres études ont conclu qu’ils n’ont pas d’influence.

En fait, la toxicité des nitrates varie selon l’environnement dans lequel ils sont métabolisés. La vitamine C bloque la formation de nitrosamines en réduisant l’acide nitreux en monoxyde d’azote. La vitamine E bloque elle aussi la nitrosation en réduisant l’ion nitrite en monoxyde d’azote. Le café, l’ail, le thé vert préviennent eux aussi l'apparition des nitrosamines.

A l’inverse, le fer des viandes rouges stimule la formation de nitrosamines, le sel nitrité des charcuteries est un précurseur direct de ces substances. (1)

Faire bouillir l’eau ne réduit pas sa teneur en nitrates. Au contraire, cela les concentre !

Ward MH : Workgroup Report: Drinking-Water Nitrate and Health—Recent Findings and Research Needs. Environ Health Perspect. 2005, 113(11): 1607–1614.

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