Dire adieu aux produits chimiques avec la cosmétique minimaliste

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 29/10/2019 Mis à jour le 29/10/2019
Point de vue

Les cosmétiques du commerce sont bourrés de substances inutiles voire parfois dangereuses pour le corps. La cosmétique minimaliste permet d’utiliser moins de produits et surtout de maîtriser leur composition. Entretien avec une experte, Pauline Dehecq, qui vient de publier Ma cosmétique minimaliste.

LaNutrition.fr : Qu’est-ce que la cosmétique minimaliste ?

Pauline Dehecq : En gros, c’est consommer moins mais mieux. Cela revient à faire le tri dans les produits que l’on utilise, utiliser des ingrédients parfois plus bruts, plus simples mais de diverses manières. Par exemple les huiles végétales de noisette, de macadamia ou de jojoba peuvent servir pour se démaquiller mais aussi pour hydrater le corps.
La cosmétique minimaliste c’est aussi privilégier les listes d’ingrédients les plus courtes possible, que ce soit dans les produits achetés ou ceux que l’on fait soi-même. Cela permet de mieux maîtriser leur composition.

Dans le cadre de la cosmétique minimaliste, tout le monde utilise les mêmes produits pour sa peau ?

Non, la cosmétique minimaliste s’appuie sur la compréhension des besoins de sa peau et permet d’adapter les soins en fonction. Je propose d’ailleurs un test pour connaître son type de peau dans mon livre. La cosmétique minimaliste s’attache donc aux vrais besoins de la peau. Par exemple aujourd’hui on a tendance à décaper beaucoup la peau avec des produits comme les eaux micellaires qui demandent à réhydrater la peau ensuite. En utilisant un produit doux comme un hydrolat, on a moins besoin de produits derrière.

Qu’est-ce qui vous a conduit à ce type de cosmétique ?

J’ai longtemps travaillé pour une marque de dermo-cosmétiques française et j’ai pu constater que la majorité des produits, y compris ceux qui sont recommandés par les dermatologues et vendus en pharmacie, ont une liste d’ingrédients à rallonge, pas très propre. Par ailleurs, comme beaucoup de gens aujourd’hui, je cherche à revenir à des choses plus simples, à l’essentiel.

Quelles sont les substances dont on doit le plus se méfier selon vous et qui entrent communément dans la composition des cosmétiques du marché ?

Ce n’est pas facile de répondre puisqu’il en existe beaucoup mais il me faut mentionner les huiles minérales issues de la pétrochimie, qui sont des huiles inertes (c’est-à-dire aussi riches en acides gras qu’une laitue) donc qui n’ont aucun intérêt pour la peau. Pire, elles sont occlusives et risquent donc de boucher les pores. Sans oublier que tout ce que l’on met sur la peau finit dans l’environnement et le pollue ! Leur seul intérêt est d’être peu coûteuses. 
Autres substances dont il faut se méfier : les tensio-actifs comme le sodium laureth sulfate qui est utilisé en cosmétique autant que dans les produits ménagers. Lui aussi n’est pas cher et se retrouve dans beaucoup de produits, notamment les gels lavants sans savon. Or le savon a été décrié car il est assez agressif pour la peau (quand on lui ôte sa glycérine) mais il a été remplacé dans ces produits par le sodium laureth sulfate qui est encore plus décapant.
Il y a aussi les divers conservateurs qui sont susceptibles d’être des perturbateurs endocriniens comme les parabens, désormais bien connus. Mais aussi le phénoxyéthanol qui les a remplacés dans certains produits alors qu’il n’est pas plus sûr. 
Je peux aussi citer les colorants azoïques (interdits dans l’alimentation mais pas en cosmétique) qui posent problème (on les reconnaît au code CI suivi de plusieurs chiffres) et les silicones, des composés de synthèse que l’on retrouve dans les shampoings mais aussi le maquillage et certains produits pour la peau car il floute les imperfections et les rides (mais étouffe la peau, tout comme les cheveux). En plus les silicones ne sont que très peu biodégradables.

Les cosmétiques que l’on fait soi-même sont-ils aussi sûrs que ceux du commerce ?

Quand on fait ses cosmétiques à la maison, il y a quelques règles de sécurité à respecter scrupuleusement pour assurer une bonne conservation à ses produits. Il faut bien respecter les dosages et éviter de prendre des libertés avec les recettes, on ne fait pas de la cuisine. Par ailleurs, dans la mesure où il y a moins de conservateurs, il faut observer une hygiène stricte en se lavant bien les mains et en désinfectant et stérilisant tout le matériel que l’on utilise. Une fois un produit réalisé, on le teste en en déposant une petite quantité dans le pli du coude et en attendant une éventuelle réaction pendant 48 h. Notez bien que les laboratoires ne produisent pas leurs cosmétiques en milieu stérile, à quelques exceptions près, ils utilisent simplement plein de conservateurs pour compenser.

Si on ne devait acheter que 4 ingrédients pour débuter en cosmétique minimaliste, vous conseilleriez lesquels ?

Ce n’est pas facile de répondre dans la mesure où je propose aussi bien des recettes de produits d’hygiène que de maquillage mais je dirais une huile végétale adaptée à son type de peau, un hydrolat adapté lui aussi, qui servira à la fois de lotion apaisante, nettoyante, de tonique ou pour bébé, un gel d’aloe vera (hydratant, apaisant, et qui peut faire une émulsion minute avec une huile végétale) et une argile elle aussi choisie en fonction du type de peau.

Doit-on privilégier les ingrédients issus de l’agriculture biologique ou non ?

Tant qu’à faire, c’est mieux, notamment pour les huiles essentielles ou végétales qui peuvent sinon contenir des résidus de pesticides. L’agriculture bio assure aussi le respect des gens qui cultivent. Mais il faudrait idéalement des produits à la fois bio et locaux. Alors les beurres de karité et de cacao et l’huile de coco ne peuvent pas être locaux mais il existe des producteurs français d’huiles végétales qui ne sont parfois pas bio mais dans une agriculture raisonnée et qui ont des produits préférables à une huile bio venant de Chine par exemple. C’est le cas par exemple d’une marque récente, Oden, qui propose des huiles végétales de cerise, de bourrache, d’onagre ou de prune qui sont produites en France en agriculture raisonnée et qui arriveront chez vous plus fraîches, plus riches en vitamines et qui seront donc plus intéressantes pour la peau qu’une huile bio venant de loin. 

Quel est le produit le plus intéressant à faire soi-même pour la santé ?

C’est sûrement le déodorant. D’ailleurs la plupart des gens sont venus à la cosmétique minimaliste suite à la polémique sur les effets des sels d’aluminium utilisés comme anti-transpirants. Faire soi-même son déo, c’est réaliser pas mal d’économies. En plus ce n’est pas compliqué, on peut en personnaliser le parfum et il dure 4-5 mois. La recette de déo que je propose est par ailleurs un produit qui ne peut pas tourner.

Quelle est la recette que vous préférez dans votre livre ?

Comme j’aime bien les produits un peu girly, je dirais l’huile sèche pailletée et la poudre pour les sourcils dont je me sers tous les jours. Elle a un rendu léger très intéressant qui est bien plus naturel à mon avis que les maquillages permanents et les traits de crayon très utilisés pour les sourcils aujourd’hui.

Ingénieure de formation, Pauline Dehecq est aussi la créatrice de l’atelier-boutique Mademoiselle Biloba à Lille.

Pour aller plus loin lire Ma cosmétique minimaliste

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