Scanners et radios augmentent le risque de cancers

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 14/06/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Scanners et imagerie aux rayons X augmentent le risque de cancersPlusieurs organisations demandent aux médecins de ne prescrire ces examens qu'en cas de réelle nécessité, en particulier chez l'enfant et la personne âgée

Scanners, radios, tomographies par émission de positrons : ces examens qui exposent aux rayonnements augmenteraient le risque de cancer, selon plusieurs études récentes. Cette augmentation est faible, mais elle doit être prise en compte par les médecins qui ces dernières années ont eu tendance à multiplier les prescriptions de tels examens.

Une étude publiée dans le JAMA par le Dr. Rebecca Smith-Bindman, de l’université de Californie (San Francisco) et son équipe a trouvé que le nombre de scanners par millier de personnes a triplé aux Etats-Unis entre 1996 et 2010.  Ces chercheurs estiment que 2% des cancers à venir seront directement liés à l’exposition à ces rayonnements. Tout en soulignant l’intérêt de l’imagerie médicale pour la santé, ils demandent aux médecins de bien mesurer le rapport bénéfices risques, d’en informer le patient et de limiter ou retarder certains examens.

Par exemple, l’Académie américaine en charge des allergies, de l’asthme et de l’immunologie estime qu’ un scanner est inutile en cas de sinusite aigue simple ou d’infection des sinus. La Société américaine d’oncologie clinique recommande de réduire le nombre de scanners et tomographies PET dans les cas non avancés de cancers du sein et de la prostate, qui ont peu de risque de métastases.

L’Académie nationale des sciences des Etats-Unis a conclu récemment qu’un seul scanner annuel (qui délivre une dose de 10 mSv de radiation) peut augmenter le risque de cancer. Il en va de même des autres examens qui délivreraient de telles doses. En 2010, 16,% des patients américains ont été exposé à 10 mSv au moins.

En France, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estimait récemment que "l’augmentation des doses de rayonnements ionisants délivrées par l’imagerie médicale (principalement en scanographie et en radiologie interventionnelle) devient préoccupante et doit être maîtrisée." Un rapport de 2010 a montré une augmentation de 47% en 5 ans des doses délivrées aux patients (soit 1/4 de la population française). Lire l'avis de l'ASN.

On pense que le risque de cancer lié aux radiations épouse la forme d’une courbe en U : il est élevé dans les premières années de la vie, il diminue jusqu’à 40 ans pour remonter ensuite.

Une autre étude récente, publiée dans le Lancet trouve que les enfants de moins de 15 ans qui ont eu des scanners ont un risque faible mais significatif de leucémie et cancer du cerveau. Ces examens ne doivent pas être totalement évités (un scanner peut permettre de diagnostiquer un traumatisme crânien grave) mais ne devraient être entrepris qu’en cas d’absolue nécessité et avec la dose de rayonnement la plus faible possible. Aux Etats-Unis, 4 millions d’enfants ont chaque année un scanner. Un tiers de ces examens pourrait être remplacé par une imagerie moins risquée comme les ultrasons ou l’IRM.

Les auteurs de l’étude du JAMA ont eux constaté que le nombre d’examens augmente très sensiblement avec l’âge, ce qui entraîne une forte exposition des personnes de plus de 45 ans aux rayonnements : plus de 20% d’entre eux ont reçu en 2010 des doses élevées ou très élevées. Cela signifie qu’il faut s’attendre dans les années à venir à une augmentation significative des cancers liés à l’imagerie médicale chez les plus âgés puisque cette population est aussi la plus exposée.

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