Des apports insuffisants

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 15/03/2006 Mis à jour le 28/02/2017
Aujourd'hui, les apports des français en oméga-3 sont insuffisants.Les apports de nos ancêtres étaient bien supérieurs aux nôtres.

 

L’apport conseillé par l’Afssa en 2001 s’établit à 0,8 % de l’apport énergétique soit 2 g par jour chez l’homme et 1,6 g chez la femme. Les apports conseillés en DHA : 0,12 g et 0,10 g respectivement. La Société internationale pour l’étude des acides gras et des lipides recommande en 2004 un minimum de 500 mg d’EPA + DHA par jour. L’Association américaine de cardiologie recommande 1 g d’EPA + DHA par jour pour les personnes à risque cardiovasculaire. En France, les apports en alpha-linolénique ont été évalués chez 2099 hommes et 2785 femmes sur une période de 30 mois entre 1994 et 1998. L’apport en acide alpha-linolénique (le chef de file de la famille oméga-3) en pourcentage de l’énergie est de 0,36 chez l’homme et 0,38 chez la femme, soit plus de deux fois moins l’apport conseillé.

Astorg P : Dietary intakes and food sources of n-6 and n-3 PUFA in French Adult Men & Women 2004. Lipids. 2004 Jun;39(6):527-35.

 

 

Le poisson, la carte maîtresse de Homo sapiens

 

 

Nos ancêtres du paléolithique supérieur (28 000 à 20 000 ans avant J-C) consommaient des quantités significatives de poisson, mollusques et volatiles aquatiques, selon une étude publiée dans le numéro du 22 mai 2001 des Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA. Cette information constitue une surprise. Jusqu’ici il était admis que la majorité des protéines animales de nos ancêtres directs provenaient de la viande. Pour parvenir à cette conclusion, Erik Trinkaus (université du Missouri, St-Louis) et son équipe ont comparé les caractéristiques du collagène d’ossements d’Homo Sapiens (nos ancêtres) et de Néanderthaliens, une branche humaine aujourd’hui éteinte. Ces deux lignées ont cohabité plusieurs dizaines de milliers d’années. Contrairement aux Néanderthaliens, dont les protéines étaient essentiellement apportées par la viande, Homo Sapiens se procurait 10 à 50 % de ses protéines en mangeant des animaux aquatiques.

Cette diversification alimentaire a peut-être joué un rôle important dans l’évolution, et dans l’ascendant pris par Homo Sapiens sur son voisin Néanderthal. Par rapport à la viande en effet, la chair des poissons et des animaux aquatiques contient des quantités plus importantes d’acides gras de la famille oméga-3, et notamment du DHA (acide docosahexaénoïque). Le DHA est particulièrement impliqué dans le développement des cellules nerveuses (cerveau, rétine, etc.).

Eskimaux : la fin d’un âge d’or

L’alimentation des peuples des régions arctique et subarctique a profondément changé ces dernières années, parce que les contacts avec les Occidentaux sont plus fréquents qu’autrefois. Conséquences : le régime traditionnel recule, lui qui était très riche en acides gras oméga-3, et la santé générale des populations de la région décline. L’obésité et le diabète sont en hausse ; les maladies cardiovasculaires, qui étaient inexistantes, commencent à affecter les hommes et les femmes. La progression la plus spectaculaire est celle des maladies mentales : elle se manifeste par l’augmentation des taux de dépression, de dépression affective saisonnière, d’anxiété et de suicide. Ces maladies ont tellement augmenté qu’elles sont aujourd’hui souvent plus répandues que dans les pays d’Europe du Nord. Les chercheurs pensent que c’est bien un changement alimentaire qui explique le déclin de la santé mentale des peuples qui vivent dans les régions arctique et subarctique.

McGrath-Hanna NK : Diet and mental health in the Arctic: is diet an important risk factor for mental health in circumpolar peoples?--a review. Int J Circumpolar Health. 2003;62(3):228-41.

 

Richards M : Stable isotope evidence for increasing dietary breadth in the European mid-Upper Paleolithic. Proc Natl Acad Sci USA, 20001, 98(11) : 6528-6532.

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