3 laitages par jour augmentent le facteur de croissance IGF-1

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 25/10/2013 Mis à jour le 10/03/2017

Les femmes ménopausées qui consomment des laitages au niveau des apports conseillés (3 par jour) ont un niveau plus élevé d’IGF-1, soupçonné d'être impliqué dans certains cancers.

Les autorités sanitaires conseillent aux femmes ménopausées de consommer 3 laitages par jour pour disent-elles « réduire le risque de fractures ». Selon une analyse tirée de l’étude WHI (Women's Health Initiative), cette consommation est associée chez ces femmes à une augmentation de près de 19 % du taux d’un facteur de croissance, l’IGF-1 libre, lui-même soupçonné d'être impliqué dans le développement de certains cancers.

L’Etude WHI est une étude américaine sous la conduite des Instituts nationaux de la santé des Etats-Unis, qui suit 161 808 femmes âgées de 50 à 79 ans. Un volet porte sur une étude d’intervention, l’autre sur une étude d’observation.

L’IGF-1 (insulin-like growth factor-1) est un facteur de croissance. Il stimule le développement des tissus. Nous avons besoin d'IGF-1 mais des taux trop élevés ou trop bas peuvent être problématiques. L'IGF-1 est notamment impliqué dans la croissance des enfants, comme « bras armé » de l’hormone de croissance. Le niveau d’IGF-1 est aussi modulé par l’alimentation, et notamment la consommation de certaines protéines. Les études cliniques ont établi que les protéines laitières ont un effet très marqué sur l’IGF-1 plasmatique. On estime d’ailleurs que l’augmentation générale de la taille dans les pays où l’on consomme des laitages est essentiellement due aux protéines laitières.

En tant que facteur de croissance, l’IGF-1 paraît aussi impliqué dans certains cancers. En effet, les voies de signalisation qui utilisent l’IGF influencent la prolifération des cellules tumorales, leur survie, leur potentiel invasif et les métastases. Plusieurs traitements du cancer visent d’ailleurs à inhiber les réseaux de signalisation cellulaire qui utilisent l’IGF.

Des études ont trouvé que des taux élevés d’IGF-1 sont associés à un risque accru de mortalité par cancer.

Lire : Un facteur de croissance augmenterait la mortalité par cancer

Cependant, si plusieurs études ont trouvé un lien entre IGF-1 et cancer, d’autres n’ont pas confirmé cette association. Donc en l’état actuel des connaissances, on estime que l’IGF-1 jouerait un rôle modéré dans la cancérogénèse. A noter que des taux d'IGF-1 trop bas ont eux aussi été associés à un risque plus élevé de mortalité par cancer.

La majorité de l’IGF-1 circulant est lié à des protéines (il y en a 6 identifiées : IGFBP-1 à IGFBP-6). Cependant on considère que l’IGFBP-3 est la plus importante pour moduler l’activité biologique de l’IGF-1. Une petite partie de l’IGF-1 circule sous forme libre, et c’est cette forme qui a les effets biologiques les plus importants. Dans l’étude WHI, la consommation de laitages était associée à l’IGF-1 libre, mais n’était associée ni  à l’IGF-1 total, ni à l’IGFBP-3.

En conclusion, cette étude confirme que la surconsommation de laitages est associée à un taux sensiblement plus élevé d’IGF-1 chez l'adulte. Sachant que plusieurs travaux ont trouvé un lien entre laitages et certains cancers comme celui de la prostate, par précaution, des chercheurs spécialistes de l’IGF-1, comme le Pr Jeff Holly (université d’Oxford) conseillent pour réduire son risque de cancer, d’éviter des doses élevées de laitages, ou même de ne pas en consommer du tout.

Lire : Un régime riche en laitages et viandes associé au risque de cancer de la prostate

LaNutrition.fr considère que les laitages ne sont pas indispensables, mais qu'en l'état actuel des connaissances, une consommation modérée de laitages (moins de deux portions par jour), si on les tolère, ne présente pas de risque pour la santé.

A se procurer : Le régime cétogène contre le cancer (lire un extrait ICI  >>).

Source

Beasley JM : Associations of serum insulin-like growth factor-I and insulin-like growth factor-binding protein 3 levels with biomarker-calibrated protein, dairy product and milk intake in the Women's Health Initiative. Br J Nutr. 2013 Oct 7:1-7.

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