Les acides gras saturés des oléagineux bons pour le coeur

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 08/07/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Les acides gras saturés à très longue chaine améliorent lipides sanguins et marqueurs cardiovasculaires. Ils sont également associés à un risque plus faible de maladie coronarienne

La Meilleure Façon de Manger, le guide alimentaire de LaNutrition.fr conseille depuis l'origine de ne pas éliminer les graisses saturées de son alimentation. De fait, aujourd'hui, les acides gras saturés font l’objet de nombreuses recherches qui tendent à les réhabiliter… Une nouvelle étude parue dans la revue Circulation rapporte une association entre la concentration plasmatique en acides gras saturés à très longue chaine que l'on trouve dans les oléagineux, et un profil favorable des lipides sanguins et des marqueurs de résistance à l’insuline. Les personnes qui ont le plus d’acides gras saturés à très longue chaine dans le plasma ont un risque plus faible de maladie coronarienne.

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Les auteurs expliquent dans leur article que "les lipides ne sont pas seulement des nutriments qui apportent de l’énergie ou des blocs de constructions des groupes lipidiques, ils sont aussi capables de moduler le métabolisme du corps humain par différentes voies par exemple l’activation des PPARs (peroxisome proliferator-activated receptors), des facteurs de transcription des gènes".

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« Alors que les relations entre acides gras oméga-3, acides gras saturés, acides gras polyinsaturés ainsi qu’acides gras trans et maladie coronarienne ont été étudiées, les éléments concernant les autres acides gras sont rares » expliquent les auteurs. Récemment, des études ont montré les effets potentiellement bénéfiques des acides gras saturés à très longue chaine, qui sont des acides gras ayant 20 ou plus atomes de carbone- sur la fibrillation auriculaire, le diabète et la sensibilité à l’insuline.

Les acides gras saturés à très longue chaine proviennent essentiellement des noix et des huiles et peuvent être synthétisés dans l’organisme, ils servent de constituants essentiels des sphingolipides que l’on trouve dans les membranes cellulaires dans tout le corps. « De plus en plus de preuves suggèrent que ces acides gras saturés à très longue chaine sont activement impliqués dans le métabolisme humain » disent les auteurs.

Dans cette étude, les chercheurs ont évalué 3 acides gras à très longues chaines (C20 :0 arachidique, C22 :0 béhénique et C24 :0 lignocérique) dans le plasma et les érythrocytes de 794 personnes atteintes de maladie coronarienne, soit des femmes appartenant à la Nurses’ Health Study (NHS; 1990-2006) soit des hommes appartenant à la Health Professionals Follow-up Study (HPFS; 1994-2008). 1233 personnes en bonne santé ont servi de groupe de contrôle. Ils ont étudié les relations entre les VLCSFAs, les lipides sanguins et des marqueurs de risque cardiovasculaire.

Les acides gras à très longues chaines dosés dans le plasma sont corrélés avec des profils favorables de lipides sanguins, de marqueurs de résistance à l’insuline et de marqueurs de l’inflammation. En tenant compte d’un certain nombre de facteurs (indice de masse corporelle, régime alimentaire, acides gras trans, acides gras oméga-3), les chercheurs ont déterminé que ceux qui avaient le plus d’acides gras saturés à très longue chaine dans le plasma présentaient un risque de maladie coronarienne diminué de 52% par rapport à ceux qui en avaient le moins. La même tendance a été observée pour les VLCSFAs dans les érythrocytes mais l’association n’est pas significative.

Les résultats obtenus dans cette étude fournissent de nouvelles preuves des effets bénéfiques des acides gras saturés à très longue chaine sur la santé cardiométabolique. « La concentration d’acides gras saturés C24 : 0 dans le sang a notamment été associée à une plus faible incidence de diabète » expliquent les auteurs.

Les mécanismes sous-jacents ne sont pas bien établis mais les études menées sur des modèles animaux suggèrent que ces acides gras  pourraient activement moduler le métabolisme des lipides et la sensibilité à l’insuline. Ils présentent une particularité quant à leur dégradation. « Contrairement à la plupart des acides gras qui sont oxydés dans les mitochondries, l’oxydation des acides gras saturés à très longues chaines se produit dans les peroxysomes ».

« Des études supplémentaires sont nécessaires pour explorer les facteurs qui peuvent moduler les niveaux des acides gras saturés à très longues chaines, ce qui pourrait constituer un moyen de prévention ou d’intervention clinique de la maladie cardiaque » concluent les auteurs.

L'avis de LaNutrition.fr : La Meilleure Façon de Manger, le guide alimentaire de LaNutrition.fr, conseille depuis l'origine de ne pas éliminer les graisses saturées de son alimentation, en particulier les 3 acides gras saturés à longues chaînes et nombre pair d'atomes de carbone, qui sont précisément ceux analysés par les chercheurs dans cette étude. La Meilleure Façon de Manger donne (p.82) les sources alimentaires de ces 3 acides gras, qui sont essentiellement des noix, cacahuètes et graisses végétales. Depuis l'origine, nous considérons, contrairement à de nombreux organismes officiels, que les acides gras saturés, pris dans leur ensemble, devraient représenter 10 à 12% des calories totales.

Pour en savoir plus sur les bonnes graisses, lire La Meilleure Façon de Manger (lire un extrait ICI  >>)

Source

Malik VS, Chiuve SE, Campos H, Rimm EB, Mozaffarian D, Hu FB, Sun Q. Circulating Very-Long Chain Saturated Fatty Acids and Incident Coronary Heart Disease in U.S. Men and Women. Circulation. 2015 Jun 5. pii: CIRCULATIONAHA.114.014911. [Epub ahead of print]

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