Pour la ligne et la santé, il vaudrait mieux limiter les glucides que les graisses

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 08/09/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Un régime pauvre en glucides permet d’obtenir une perte de poids plus importante qu'un régime pauvre en graisses et diminuerait également le risque de maladies cardiovasculaires

Selon une nouvelle étude parue dans Annals of Internal Medicine, les personnes qui mangent plus de matières grasses mais peu de glucides ont tendance à perdre plus de poids et de masse grasse que les personnes qui suivent un régime pauvre en matières grasses. Un tel régime permettrait également de diminuer le risque de maladie coronarienne.

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Dans l’esprit de beaucoup de ceux qui veulent perdre du poids, les matières grasses sont à bannir, ou en tous cas à réduire foprtement. Et les matières grasses saturées encore plus, en raison de leur mauvaise image en ce qui concerne la santé cardiovasculaire. Mais cette vision devrait évoluer car les études tendent à montrer qu’en diminuant la quantité de glucides et en éliminant seulement les graisses trans du régime alimentaire, on peut diminuer le risque de maladie cardiaque.

De son côté, le régime pauvre en glucides et riche en graisses et protéines a été popularisé dans les années 1970 par un Américain, le Dr Robert Atkins. Vivement critiqué par les autorités sanitaires à l'époque, ce régime était efficace mais probablement déséquilibré. Une nouvelle version cette fois équilibrée a été publiée il y a quelques années par 3 médecins-chercheurs américains.

Lire : Le nouveau régime Atkins

L’une des critiques fréquentes de ce régime, est que les personnes qui le suivent augmentent leur consommation de graisses saturées en mangeant plus de viande et risquent ainsi d’augmenter leur taux de cholestérol et d’autres facteurs de risques de maladies cardiovasculaires. Cependant, cette position est peu à peu abandonnée par les chercheurs et récemment la Suède a reconnu que l'on peut perdre du poids sans risque en suivant un régime pauvre en glucides.

Lire : la Suède conseille un régime pauvre en glucides pour maigrir

Dans cette étude, 148 hommes et femmes âgés de 22 à 75 ans et avec un indice de masse corporel moyen d’environ 35 kg/m2 ont suivi pendant un an soit un régime faible en glucides - groupe « low-carb »- avec moins de 40 g/jour de glucides soit un régime faible en graisses -groupe « low-fat- avec des apports en graisses représentant moins de 30% des apports alimentaires.

Les personnes du groupe low-carb ont suivi un régime dérivé du régime Atkins, avec moins de 40 grammes de glucides par jour : ils ont favorisé les protéines et les graisses insaturées (poissons, noix, huile d’olive) mais également des graisses saturées (viande, fromage). Au final, 13% de leurs calories quotidiennes provenaient de graisses saturées soit le double des recommandations de l’American Heart Association. Mais la majorité des graisses qu’ils consommaient provenaient de graisses insaturées.

Dans le groupe "low-fat", la consommation quotidienne de glucides représentait 55% des calories, celle de graisses ne dépassant pas 30%. Les participants ont consommé céréales et féculents. Un tel régime se rapproche des conseils alimentaires donnés à la population française par le Programme national nutrition santé (PNNS).

La consommation de légumes et fruits frais a été encouragée dans les deux groupes et les participants ont été incités à éviter les graisses trans.

Les résultats montrent que l’apport énergétique total était similaire dans les deux groupes pendant la durée de l’intervention (1448 Kcal pour le low-carb, 1527 Kcal pour le low-fat).

Après 12 mois, les participants du groupe low-carb ont perdu plus de poids (en moyenne 5,3 kg) que ceux qui ont suivi le régime low-fat (1,8 kg perdus). Par rapport au groupe "low-fat", ils ont également perdu plus de graisses (-1,5%) et augmenté leur masse musculaire (+1,5%). 

Les personnes ayant suivi le régime pauvre en glucides (low-carb) ont obtenu de meilleurs résultats que le groupe low-fat sur plusieurs « marqueurs » : une diminution plus importante du taux de triglycérides, du taux de CRP (marqueur de l’inflammation) et une augmentation plus importante du taux de cholestérol-HDL (pseudo « bon » cholestérol). Le ratio cholestérol total/cholestérol HDL a également diminué de façon plus significative dans le groupe low-carb que dans le groupe low-fat.

Le risque de maladie coronarienne (évalué par le test de Framingham)  du groupe low-carb a diminué entre le début et la fin de l’étude alors que le groupe low fat n’a pas eu d’amélioration sur ce point. De plus, les personnes ayant suivi le régime « low-fat » ont perdu plus de masse musculaire que de masse grasse.

Selon Dariush Mozaffarian, le doyen de la Friedman School of Nutrition Science and Policy at Tufts University, les résultats de cette étude montrent que « au quotidien diminuer les glucides aide à perdre du poids sans se focaliser sur les calories. Et c'est très important parce que quelqu'un peut changer ce qu'il mange plus facilement que d'essayer de réduire les calories. "

L'avis de LaNutrition.fr. Il s'agit d'une étude intéressante mais encore limitée par la taille de la population étudiée. Par ailleurs, on peut en critiquer le protocole : face au groupe "pauvre en glucides", avait-on vraiment un groupe "pauvre en graisses" ? Alors que la diminution des glucides dans le premier groupe est très importante par rapport à ce que les volontaires consommaient avant l'étude (-75%), la réduction des graisses dans le deuxième groupe est faible (-5% seulement). Aurait-on eu les mêmes résultats très favorables au groupe "low-carb" avec une réduction plus drastique des corps gras dans l'autre groupe ? Quoi qu'il en soit, et même si on considère que le groupe "low-fat" n'en était pas vraiment un, cette étude s'ajoute à d'autres travaux pointant dans la même direction : réduire les féculents peut être une option intéressante quand on cherche à perdre du poids. En creux, elle suggère que les recommandations officielles ("manger moins gras") méritent a minima d'être revisitées, en tous cas pour les personnes cherchant à perdre du poids. Or depuis 2010 et la parution d'un document de l'ANSES (incomplet et erroné) sur les "risques" des régimes, il est devenu tabou en France de parler de "régime amaigrissant". Cette étude pourrait délier les langues...  

Lire : un régime pauvre en glucides plus efficace qu'un régime pauvre en graisses

Sources

Lydia A. Bazzano, MD, PhD, MPH*; Tian Hu, MD, MS; Kristi Reynolds, PhD; Lu Yao, MD, MS; Calynn Bunol, MS, RD, LDN; Yanxi Liu, MS; Chung-Shiuan Chen, MS; Michael J. Klag, MD, MPH; Paul K. Whelton, MD, MSc, MB; and Jiang He, MD, PhD. Effects of Low-Carbohydrate and Low-Fat Diets. A Randomized Trial. 2 September 2014, Annals of Internal Medicine Volume 161, Number 5.

A call for a low-carb diet that embraces fat. www.nytimes.com

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