Les régimes amaigrissants ne sont pas sans risques

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/11/2010 Mis à jour le 21/11/2017
Un rapport de l’Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail (Anses) met en garde contre les risques des régimes amaigrissants.

Carences, augmentation de la masse graisseuse, troubles de l’ovulation. Les risques auxquels on s’expose lorsque l’on suit un régime amaigrissant ne sont pas anodins. C’est ce qu'affirme l’Agence de sécurité sanitaire alimentation, environnement et travail (Anses) dans un rapport intitulé « Evaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement » daté de novembre 2010.

Pour constituer ce rapport, l’Anses a soi-disant passé au crible quinze régimes dont les régimes Atkins, citron détox, californien, chrononutrition, Dukan, Cohen, Mayo, Fricker, Montignac, Weight Watchers.

C’est tout d’abord le risque de carences nutritionnelles qui est dénoncé par l’Anses. Dans 80 % des régimes, les apports en protéines sont supérieurs aux apports nutritionnels conseillés (ANC) et dans trois régimes sur quatre, les apports en fibres sont inférieurs à l'ANC. Par ailleurs, ces régimes sont souvent beaucoup trop pauvres en vitamines, minéraux, glucides et beaucoup trop riche en sel.

L’Anses cite également les risques que ces régimes font courir à la santé. Selon elle, ils favoriseraient notamment la diminution de la densité minérale osseuse et la réduction en acides gras polyinsaturés indispensables et augmenteraient le risque de fractures.L‘augmentation du risque de calculs biliaires avec les régimes très hypocaloriques, et de cancer colorectal avec les régimes pauvres en glucides complexes et en fibres serait également à craindre.

Proposés trop tôt, « ces régimes exposeraient les enfants à des troubles de la croissance », souligne le docteur Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille et président du groupe ayant travaillé sur ce rapport. Chez les adolescentes, ils augmenteraient le risque de troubles de l’ovulation.

Par ailleurs, ces régimes semblent inefficaces sur le long terme: «dans 95% des cas, il y a reprise de poids après le régime.» Pire : «Des personnes qui n'avaient pas de problème de poids avant leur régime peuvent se retrouver en surpoids et développer des troubles du comportement alimentaire.», déclare le docteur Lecerf.

En définitive, « la recherche de la perte de poids sans indication médicale formelle comporte des risques, en particulier lorsqu'il est fait appel à des pratiques alimentaires déséquilibrées et peu diversifiée », conclut l’Anses.

L'avis de LaNutrition.fr : Ce rapport très médiatisé ne vaut pas le papier sur lequel il est imprimé. Pas un mot sur les régimes basés sur l'index et la charge glycémiques, qui sont pourtant soutenus par des dizaines d'études favorables. Le régime Atkins cité dans ce rapport fait référence à une version qui n'a plus plus cours depuis des années. La version actuelle a été conçue par trois médecins universitaires américains et il est en tous points conformes aux recommandations nutritionnelles. Evalué positivement dans plus de 50 études publiées dans des journaux à comité de lecture, c’est une méthode efficace non seulement pour perdre du poids et ne pas le reprendre, mais également pour prendre en charge le diabète, les dyslipidémies, l’épilepsie et peut-être Alzheimer. Il est conseillé par de très grands noms de la nutrition, comme Gary Foster, directeur du Centre de recherche sur l’obésité (Temple University, Philadelphie)  ou encore le Pr Walter Willet (Ecole de santé publique de Harvard). Par ailleurs, les résultats des régimes « dans la vraie vie » sont meilleurs que ceux donnés par les études d’intervention : entre 1999 et 2006 plus d’un tiers des Américains qui ont cherché à perdre du poids ont réussi à maintenir une perte égale ou supérieure à 5% de leur poids initial. Enfin, les régimes amaigrissants sont d'une grande efficacité dans des maladies chroniques comme la stéatose hépatique non alcoolique et le diabète de type 2, où ils peuvent permettre aux malades de retrouver la santé. Au final, il apparaît clairement que ce rapport très incomplet a été réalisé à charge; il est donc tendancieux et ne sert pas les intérêts des patients. 

Pour en savoir plus, consultez toutes nos fiches régimes

Article rédigé le 25 novembre 2010, mis à jour le 26 décembre 2013

Rapport de l’Anses publié le 25 novembre 2010, « Evaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement ».

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