Statines et cholestérol : la longue marche vers la vérité

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 12/02/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité
On nous a fait croire pendant des années que le cholestérol était un ennemi qu'il fallait faire baisser à grandes rasades de médicaments (les statines) ou de margarine anticholestérol. La vérité commence à apparaître dans les médias.

En septembre 2012, les Dr Philippe Even et Bernard Debré s’en prenaient dans un livre retentissant à la prescription de médicaments inutiles – au premier rang desquelles les statines. (1) Aujourd'hui le Pr Even s'attaque de front à ces médicaments et aux laboratoires qui les vendent, avec la parution du livre La vérité sur le cholestérol (Le Cherche Midi). L'analyse des essais cliniques menés pour évaluer l'efficacité des statines le conduit à conclure que "d’une manière ou d’une autre, et souvent de plusieurs manières, chaque essai multiplie les pièges, les illusions, les non-dits, les chausse-trapes et pour tout dire les truquages ou les falsifications de la part de l’industrie."

Une prise de conscience dont a fait état un dossier spécial du Nouvel Observateur jeudi 14 février 2013, et qui, comme l'écrit Anne Crignon dans l'hebdomadaire, doit beaucoup aux travaux du Dr Michel de Lorgeril, un cardiologue français du CNRS (Grenoble). Ce chercheur dénonce depuis des années, preuves scientifiques à l’appui, l’imposture du dépistage et du traitement du cholestérol.

Michel de Lorgeril s’est fait connaître comme principal investigateur de la célèbre étude de Lyon (initiée avec Serge Renaud), qui a établi la preuve qu’un régime de type méditerranéen riche en acides gras oméga-3 (issus du colza) diminue la mortalité chez des cardiaques. Cette étude connue dans le monde entier a contribué (hélas avec retard, en raison de la mauvaise volonté de l’industrie agro-alimentaire) à mettre à disposition des Français des matières grasses bien plus équilibrées que celles de tournesol et de maïs qui régnaient jusqu’alors - j'ai raconté cette incroyable histoire dans Santé, mensonges et propagande (écrit avec Isabelle Robard). Michel de Lorgeril est aussi l’un des pères du French Paradox, selon lequel, en dépit d’un cholestérol moyen plutôt élevé, les Français jouissent d’une excellente santé cardiovasculaire du fait de leur mode de vie et en particulier d’une consommation modérée de vin.

Ces travaux ont fait de lui à l’étranger un chercheur reconnu et éminemment respecté, probablement l’un des seuls spécialistes français de nutrition dont la renommée dépasse nos frontières. Je l’ai connu à cette époque, et j’ai relayé ses travaux dans Le Nouvel Observateur et Sciences et Avenir.

L’autre French Paradox, c’est que ses travaux auraient dû lui voir dérouler un tapis rouge dans notre pays. Au contraire, l’unité dans laquelle il œuvrait, que beaucoup à l’étranger nous enviait a été fermée par l’Inserm. Le Dr de Lorgeril s’est retrouvé praticien à l’hôpital de Saint-Etienne, sans réels moyens de poursuivre ses recherches. Il est aujourd'hui à Grenoble, dans une unité du CNRS.

Jusqu’au milieu des années 1980, Michel de Lorgeril a cru que le cholestérol était le vrai coupable des maladies cardiovasculaires. Il a même conduit des études pour tenter de prouver cette implication. C’est parce que toutes ses études se sont révélées négatives qu’il a cherché à comprendre ce qui se passe réellement.

Ce qui se passe réellement, c’est que contrairement à ce qu’on lit partout, le cholestérol ne « bouche » pas les artères, et la théorie du cholestérol ne tient pas la route. Michel de Lorgeril et d'autres ont amplement publié sur ce sujet. J’ai proposé à Michel de rassembler ces preuves dans un livre. C’est ainsi que « Dites à votre médecin que le cholestérol est innocent, il vous soignera sans médicament » est paru le 13 juin 2007.

Le jour-même, trois communiqués de presse, pas moins, s’en prenaient aux conclusions du livre et à son auteur. Ils émanaient l’un de l’industrie du médicament, l’autre de la Société française de cardiologie, et le dernier, à nouveau de la Société française de cardiologie, assistée de la Fédération française de cardiologie, et d’autres organismes plus obscurs comme le Collège National des Cardiologues Français, la Nouvelle Société Française d’Athérosclérose (ex-Arcol et SFA), la Société Française d’Hypertension Artérielle, l’Association de Langue Française pour l'Etude du Diabète et des Maladies Métaboliques et la Société Française de Nutrition.

Ces « sociétés savantes expertes » autoproclamées (qui ne sont que de simples associations de médecins, de surcroît liées aux laboratoires pharmaceutiques) dénonçaient les propos « fantaisistes » et les « mauvais conseils» de l’auteur. Le président de la Société française de cardiologie, Nicolas Danchin à l'époque, ira même jusqu’à accuser Michel de Lorgeril de tenir des propos « criminels ».

Après avoir refusé de publier le droit de réponse que nous lui avions adressé, la Société française de cardiologie finira par s’exécuter sous la menace du procès qui s’annonçait. Ambiance…

En 2008, Michel de Lorgeril publie le livre « Cholestérol, mensonges et propagande », dans lequel il montre, toujours études à l’appui, que les statines ne diminuent pas la mortalité. Les essais qui concluent au contraire ont été biaisés, comme par exemple l'étude Jupiter. En plus, ces médicaments entraînent des effets indésirables, parfois graves comme le diabète, pudiquement passés sous silence par les laboratoires.

En 2011, les hypolipémiants ont coûté à la collectivité française près d'un milliard et demi d'euros, et beaucoup plus encore si l'on tient compte de la prise en charge des effets indésirables. Pour un bénéfice vraisemblablement nul.

Si abaisser le cholestérol par des statines ou des margarines aux stérols végétaux ne diminue ni le risque d’infarctus ni celui d’AVC, que faire ? C’est à cette question que Michel de Lorgeril et Patricia Salen répondent avec leur dernier livre « Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral » (lire un extrait ICI  >>). Ces maladies, expliquent-ils, sont des maladies du mode de vie, qui ne peuvent être prévenues ou guéries qu’en modifiant son alimentation, en se livrant à un minimum d’exercice physique, en diminuant son stress. Au moment où les médias sortent enfin de leur frilosité et relaient les critiques sur les statines, ce message de bon sens mérite d’être entendu non seulement par les patients et les bien-portants mais aussi par ceux qui sont en charge de la santé publique.

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Consulter aussi

Le blog de Michel de Lorgeril

(1) Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux. Le Cherche Midi, 2012.

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