Arrêt du tabac : la flore intestinale responsable des kilos en trop ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/09/2013 Mis à jour le 10/03/2017
Les kilos pris après l’arrêt de la cigarette ne seraient pas dus à une augmentation de la prise alimentaire, mais à une modification de la flore intestinale.

Pas facile d’arrêter de fumer, surtout si on a peur de grossir ! Pour des chercheurs suisses, la prise de poids après l’arrêt de la cigarette ne serait pas due à des changements alimentaires, mais aux modifications de la flore intestinale.

La flore intestinale joue un rôle dans la digestion, mais aussi l’immunité. Comme elle se construit au fur et à mesure de l’existence, sa composition varie d’un individu à un autre. Des modifications de la flore intestinale peuvent avoir un impact sur le poids de l’individu.

Lire : On pourrait maigrir en modifiant la flore intestinale

Dans une étude parue dans PLoS One, des chercheurs de l’hôpital universitaire de Zürich se sont intéressés à la flore intestinale de personnes qui arrêtaient de fumer. En effet, 80 % des fumeurs qui arrêtent de fumer grossissent, et ils prennent en moyenne entre 7 et 8 kg. Leur poids augmente, parfois même lorsque le nombre de calories qu'ils consomment ne change pas... D'où l'idée que cette prise de poids puisse dépendre d'autres facteurs que la prise alimentaire.

Il s'agit d'une petite étude : 20 personnes ont participé à l’étude: 10 qui avaient arrêté de fumer 1 semaine avant le début de l’étude, et 10 témoins, dont 5 fumeurs et 5 non-fumeurs. Pendant les 9 semaines de suivi, les chercheurs ont analysé le matériel génétique des bactéries intestinales trouvées dans les feces, afin de connaître les espèces présentes.

Résultats : Alors que chez les témoins, fumeurs ou non-fumeurs, la diversité bactérienne évoluait peu, l’arrêt de la cigarette provoquait un changement important de la composition de la flore intestinale. Par exemple, les chercheurs ont observé une augmentation du nombre de bactéries des genres Firmicutes et Actinobacteria. En même temps, les personnes qui avaient arrêté de fumer ont pris en moyenne 2,2 kg alors que leurs habitudes alimentaires sont restées les mêmes - cependant, à la fin de l’étude, elles buvaient un peu plus d’alcool qu’avant.

Pour eux, la prise de poids qui suit l’arrêt de la cigarette serait causée par un changement de composition de la flore intestinale : le tabagisme influencerait la flore intestinale. Selon les chercheurs, les souches bactériennes qui dominent dans la flore intestinale de personnes obèses prennent le dessus chez les personnes qui arrêtent de fumer.

L’arrêt de la cigarette est vivement conseillé pour rester en bonne santé et réduire son risque de cancer et de maladies cardio-vasculaires. Arrêter de fumer permet aussi de réduire son stress.

Lire : Arrêter de fumer diminue le stress

L'analyse de LaNutrition.fr : Cette nouvelle étude ajoute une hypothèse à celles déjà avancées pour expliquer qu'on grossit après l'arrêt du tabac. Plusieurs études (mais pas toutes) ont trouvé que les ex-fumeurs avalent en moyenne 250 à 300 kcal de plus que lorsqu'ils fumaient. D'autres études (mais pas toutes) ont montré que le métabolisme de base (calories brûlées au repos) diminue après l'arrêt du tabac, que l'activité physique baisse elle aussi, et que l'activité de plusieurs lipases (des enzymes qui aident à métaboliser les graisses) augmente. De plus, un certain nombre de neuropeptides impliqués dans la régulation de l'appétit sont altérés (neuropeptide Y, leptine, orexines). Toutes ces perturbations rentrent généralement dans l'ordre 6 mois environ après l'arrêt de la cigarette. Après cette étude suisse, qui sera suivie d'autres, on s'attend bien sûr à voir arriver sur le marché des probiotiques qui promettent de prévenir le surpoids des ex-fumeurs. Mais d'ores et déjà, on sait qu'un régime alimentaire hypocalorique ou pauvre en glucides, ou à index glycémique bas, peut prévenir le surpoids, surtout s'il s'accompagne de substituts de la nicotine.

Pour aller plus loin, lire : Je ne veux plus fumer grâce à la cohérence cardiaque du Dr David O'Hare.

Source

Biedermann L, Zeitz J, Mwinyi J, Sutter-Minder E, Rehman A, Ott SJ, Steurer-Stey C, Frei A, Frei P, Scharl M, Loessner MJ, Vavricka SR, Fried M, Schreiber S, Schuppler M, Rogler G. Smoking cessation induces profound changes in the composition of the intestinal microbiota in humans. PLoS One. 2013;8(3):e59260. doi: 10.1371/journal.pone.0059260.

A découvrir également

Back to top