Les habitudes alimentaires se prennent dès la petite enfance

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 05/09/2014 Mis à jour le 10/03/2017
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Un ensemble de 11 études montre que les habitudes alimentaires futures –bonnes ou mauvaises-se mettent en place dès la première année de vie. Une période à ne pas négliger en matière d’éducation alimentaire

Pour inculquer de bonnes habitudes alimentaires, les parents doivent prendre conscience qu’il n’est jamais trop tôt pour commencer. Dans une synthèse d’études parue dans la revue Pediatrics, les chercheurs rapportent que dès la première année de vie, les parents peuvent –et doivent- influencer la façon dont leurs enfants se nourriront plus tard.

« Nos premières préférences gustatives, en particulier pour les fruits et légumes, mais a fortiori également pour les boissons sucrées, sont durables," declare le Dr Elsie Taveras, chef de la division de pédiatrie générale à l'hôpital pour enfants de Boston. « Pour qu’une alimentation de qualité soit mise en place, il faut agir dès la première année de l’enfant », ajoute-t-elle.

Des études précédentes ont effectivement montré que les préférences gustatives se mettent en place tôt dans l’enfance sans que l’on sache exactement comment le régime alimentaire « infantile » influence les préférences alimentaires des enfants plus tard, une fois à l’école.

Dans cet ensemble de 11 études, les habitudes alimentaires d’environ 1 500 enfants âgés de 6 ans participant à l’Infant Feeding Practices Study II ont été comparées à celles qu’ils avaient pendant leur première année.

« De façon peu surprenante, pour les enfants qui avaient une consommation peu régulière de fruits et légumes dans la petite enfance, on retrouve la même habitude lorsqu’ils sont âgés de 6 ans » dit le Dr Kelley Scanlon, épidémiologiste et auteur de quelques-unes des études. Il suggère d’intéresser les enfants aux fruits et légumes vers l’âge de 10-12 mois.

Les parents ne savent pas toujours comment faire accepter à leurs enfants des légumes qu’ils ne connaissent pas et au goût parfois amer. La tâche est d’autant plus ardue que pour certains plats, sucrés ou salés, les enfants n’ont pas besoin qu’on leur présente plusieurs fois pour devenir « accros ». Selon Catherine A. Forestell, pyschologue, « l’expérience alimentaire tôt dans la vie est importante et les parents ne doivent pas être découragés par un refus de leur enfant face à un aliment ». En persistant, les enfants finissent par accepter l’aliment nouveau et son goût.

La petite enfance est aussi la période où l’on prend les mauvaises habitudes… Parmi les études, une a montré que lorsque les bébés buvaient des boissons sucrées, ils étaient 2 fois plus susceptibles d’en boire au moins une fois par jour à l’âge de 6 ans. Une autre étude rapporte que la consommation de boissons sucrées plus de trois fois par semaine par des nourrissons âgés de 10-12 mois double le risque d’obésité à l’âge de 6 ans par rapport à un nourrisson qui ne prenait pas de boissons sucrées. Ces résultats montrent l’importance de cette période pour introduire de bonnes habitudes en ce qui concerne les boissons.

Lire : contre l'obésité infantile, de l'eau aux repas et seulement de l'eau

Quel rôle joue l’allaitement dans les habitudes alimentaires ? Les enfants qui ont été nourris au lait maternel dans les premiers mois de leur vie sont plus à même -que ceux qui ont été nourris avec un lait infantile- d’accepter des goûts nouveaux plus tard. Le goût du lait maternel est influencé par les habitudes alimentaires de la mère. Cela peut constituer une sorte de « pont de saveurs » et faciliter la transition vers des aliments « nouveaux ». Par ailleurs, à l’âge de 6 ans les enfants allaités ont tendance à boire plutôt de l’eau que des boissons sucrées et à consommer plus de fruits et des légumes. L’allaitement maternel est donc un avantage pour instaurer une meilleure alimentation chez les enfants.

Lire : les enfants allaités sont plus minces à l'âge de 7-8 ans

Les parents manquent parfois de conseils pour l’éducation alimentaire de leur enfant. Ils ne savent pas forcément que certains aliments doivent être évités dans la première année de vie. Mais une chose est sûre, l'exemple dans l'éducation alimentaire est primordial : « il sera plus facile aux enfants de goûter aux choux de Bruxelles s’ils voient leurs parents en manger » conclut le Dr Forestell.

Lire : boissons sucrées : si maman en boit, les enfants aussi

Source

« Childhood Diet Habits Set in Infancy, Studies Suggest » Catherine Saint Louis, www.nytimes.com

Infant Feeding and Long-term Outcomes: Results from the Year Six Follow-Up of Children in the Infant Feeding Practices Study II. Pediatrics 2014; 134 (Supplement)

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