Peut-on vraiment se fier aux études cliniques concernant l’alimentation ?

Par Sarah Amiri - Diététicienne et journaliste scientifique Publié le 16/12/2019 Mis à jour le 16/12/2019
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Une nouvelle étude menée par le Dr David Ludwig pointe du doigt le manque de rigueur des études cliniques en nutrition.

Pourquoi c’est important

En 2000, une plateforme d’enregistrement des études cliniques a été créée aux Etats-Unis suite à une demande de la Food and Drug Administration (les autorités de santé américaines) visant à réduire le risque de biais lié à la sélection/l’omission des informations dans les études médicales et aux analyses post-hoc (analyses statistiques effectuées après que les résultats aient été trouvés, souvent motivées par la volonté d’obtenir des résultats positifs). Actuellement, l'enregistrement préalable des essais cliniques est requis par les National Institutes of Health pour le financement des études et leur publication dans de nombreuses revues cliniques.

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Le risque de biais est particulièrement important pour les études concernant l’alimentation, car elles sont plus complexes à mener que les études médicament contre placebo. En effet, si on peut ne pas savoir quel médicament on avale, on sait en revanche ce que l’on mange. Par ailleurs, de multiples paramètres peuvent venir fausser les résultats et il est difficile de prendre en compte uniquement un facteur du mode de vie. 

Dans une nouvelle étude publiée dans JAMA, des chercheurs ont cherché à établir la rigueur des études en nutrition par rapport à celles sur les médicaments.

L’étude

Les chercheurs ont inclus dans leurs recherches 148 études portant sur les médicaments et 343 études sur l’alimentation. Puis ils en ont sélectionné 9 sur les médicaments et 21 études sur l’alimentation, qui étaient à la fois randomisées et contrôlées, publiées dans les meilleures revues scientifiques et portant soit sur un médicament, soit sur un régime alimentaire particulier. Ont été écartées celles qui évaluaient les effets d’une habitude spécifique (sauter un repas par exemple), un complément alimentaire ou la consommation d’un aliment particulier. 

Les chercheurs ont comparé les déclarations préalables aux publications originales sur la plateforme dédiée, avec les publications finales dans les journaux.

Résultats : 86 % des études sur l’alimentation ont été modifiées entre le moment où elles ont été déclarées et celui de leur publication contre seulement 22 % des études sur les médicaments. Les modifications concernaient notamment la durée de l’étude et les paramètres étudiés. Par exemple, une étude clinique mesurant dans un premier temps « le poids après 5 ans » a ensuite été publiée comme évaluant le « changement dans la graisse corporelle après 1 an ». 

Quelles solutions ?

Selon les chercheurs ces résultats sont en partie dus à l’hétérogénéité des études nutritionnelles, mais aussi au peu de financement qu’on leur alloue par rapport aux études pharmacologiques. Pour harmoniser les études en nutrition, les chercheurs suggèrent la création d’une plateforme leur étant exclusivement dédiée.

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