La réflexologie ou le bien-être par les pieds

Certaines zones de nos pieds correspondraient à des organes ou des fonctions de notre corps. C’est sur ce principe que se base la réflexologie plantaire, une discipline qui vise à mobiliser les processus d’autoguérison du corps en exerçant une pression soutenue sur ces zones réflexes. Une simple technique de massage ? Pas selon les praticiens et les adeptes qui mettent en avant les bienfaits de la réflexologie et ses vertus thérapeutiques. Certaines études ont montré que la réflexologie pouvait contribuer à améliorer la qualité de vie de patients atteints de cancer et soulager certaines douleurs.

Un peu d’histoire

Le réflexologie aurait déjà été utilisée par les Chinois et les Egyptiens durant l’Antiquité. Les premières traces de cette discipline apparaissent en Occident à la fin du 16^e siècle, attestées par la publication d’un ouvrage sur le sujet en 1582.

Il faudra attendre les travaux du docteur William Fitzgerald, un médecin américain, au début des années 1900 pour reconnaître les débuts de la réflexologie moderne. Ce dernier était en quête d’une méthode d’anesthésie quand il s’est rendu compte que la douleur éprouvée par certains patients diminuait quand on exerçait une pression sur certaines zones particulières de leur corps. C’est sa collaboratrice, Eunice Ingham, qui est à l’origine des premiers traités de réflexologie moderne ayant servis de base aux méthodes actuelles.

Comment ça marche ?

Bonne question. Parce que si les études attestant de l’efficacité de la réflexologie commencent à apparaître, les explications scientifiques sont moins solides. Certains avancent que la stimulation de certains points pourrait mobiliser l’énergie vitale, un peu comme l’acupuncture. Une autre hypothèse : cette technique pourrait contribuer à dissoudre les dépôts formés par un excès d’acide urique dans certaines parties du corps. Enfin, une dernière théorie avance que la réflexologie agirait en stimulant la production d’endorphines (nos molécules anti-douleur naturelles).

A quoi ça sert ?

A améliorer la qualité de vie des patients atteints d’un cancer

Les études les plus solides et les mieux documentées sur la réflexologie concerne les patients atteints de cancer. Beaucoup d’entre eux rapportent en effet que cette pratique améliore leur quotidien. Comment ? En diminuant les symptômes de la maladie, tant sur le plan émotionnel que sur le plan physique. Les patients rapportent une baisse de l’angoisse et de l’anxiété et une augmentation de leur bien-être (1, 2). Pour savoir si cette amélioration est liée uniquement au « massage » ou réellement à la pratique de la réflexologie, des chercheurs ont comparé les effets de séances de massage des pieds à des séances de réflexologie (3). Dans les deux cas les patients ont rapporté une relaxation et un meilleur bien-être mais aucune différence fondamentale entre les deux groupes n’a été constatée. Cependant d’autres études sont plus concluantes. Un groupe de chercheurs a notamment évalué les effets de cette thérapie chez des femmes traitées par chimiothérapie pour un cancer du sein (4). Grâce à la réflexologie les patientes ont moins souffert des effets secondaires du traitement : baisse des nausées, des vomissements et de la fatigue.

A soulager certaines douleurs

En 1999, un groupe de chercheurs danois a évalué les effets de la réflexologie sur les maux de têtes (5). 220 personnes souffrant de migraines chroniques ont été traitées pendant des périodes allant jusqu’à 6 mois. Résultat positif : près de 80 % des patients rapportent une amélioration de leurs symptômes.

Les douleurs dorsales seraient également soulagées par cette médecine douce. En 1993, des chercheurs espagnols ont testé les effets de cette technique chez 91 patients se plaignant de douleurs chroniques du bas du dos (6). Certains ont reçu de vraies séances de réflexologie et d’autres des massages de pied aléatoires. D’après les chercheurs, l’amélioration de l’état de santé des patients traités par réflexologie a été meilleure que celle des patients qui ont reçu de simples massages.

Les douleurs du syndrome prémenstruel seraient également atténuées par la réflexologie plantaire. C’est du moins ce que suggère une étude américaine publiée dans la revue Obstetrics and Gynecology (7). Pour cette étude, 35 volontaires ont reçu soit des vraies séances de réflexologie soit un traitement placebo. Au bout de 8 semaines les femmes qui avaient eu droit à la réflexologie rapportaient une diminution de la sensibilité des seins, des douleurs menstruelles et des symptômes associés comme la sensibilité et l’irritabilité.

En pratique

Le titre de reflexologue n’est pas régi par l’ordre des médecins et les consultations ne sont donc pas remboursées par la sécurité sociale. Si vous souhaitez trouver un praticien près de chez vous vous pouvez vous adresser à la fédération francophone des Professionnels et Enseignants de la Réflexologie (ffPER) qui regroupe et répertorie les praticiens adhérents ainsi que les écoles affiliées.

Le réflexologue doit tenir compte du lien entre douleur et émotion

Monique Schweitzer est la représentante pour la France et les pays francophones de l'Institut International de Réflexologie et responsable de l’Ecole de Réflexologie de Toulouse. Formatrice, elle reçoit également des patients. Elle nous raconte comment se déroule une séance.

Quels sont les motifs qui amènent les gens à aller vous voir ?

La plupart du temps ce sont des patients qui n’ont pas obtenu de résultats avec une autre forme de thérapie. Ils souffrent de douleurs d’origines diverses comme des troubles digestifs, des maux de dos, des états dépressifs et ils souhaitent éliminer les excès de toxines et relancer leurs propres défenses grâce à la réflexologie.

Comment se déroule une séance ?

Quand je vois une personne pour la première fois, je lui sers une tisane d’accueil pendant qu’elle rédige son anamnèse, c’est-à-dire qu’elle remplit un formulaire pour détailler son état de santé et les éventuels traitements suivis. C’est important de savoir si un patient prend des médicaments ou non car par exemple s’il prend de l’aspirine ça peut influencer l’influx sanguin et nerveux et donc modifier sa réponse à la séance de réflexologie.

Vous procédez ensuite au « travail » des pieds ?

Oui, j’installe le patient dans un fauteuil basculant de façon à ce qu’il ait la tête située à la même hauteur que les pieds et je le couvre d’une couverture car la température du corps à tendance à baisser quand une personne se détend. Ensuite on commence par des mouvements de relaxation de tout le pied et de la cheville, pour prendre contact et évaluer son niveau de stress.

Vous insistez sur des zones en particulier ?

Dans un premier temps on se consacre vraiment à l’ensemble du pied. Par la suite on va effectivement travailler plutôt les zones réflexes qui correspondent aux douleurs ou au mal-être du patient. Par exemple si un patient se plaint de constipation, on va davantage travailler sur les zones du pied qui correspondent au système digestif. Mais on n’oubliera pas pour autant d’insister sur d’autres « réflexes d’aide » qui viennent renforcer efficacement le travail sur l’organe en souffrance, par exemple le réflexe du diaphragme pour le détendre ou des surrénales pour stimuler son péristaltisme.

Vous obtenez de bons résultats ?

Oui, car la réflexologie est une thérapie manuelle extrêmement efficace, surtout pour toutes les maladies fonctionnelles, c'est-à-dire où la fonction de l’organe est altérée. Certaines pressions exercées peuvent être douloureuses aux pieds, et le réflexologue doit faire en sorte que le patient ressente une « bonne douleur » annonciatrice d’une changement, souvent spectaculaire de son état. Mais le résultat n’est pas lié qu’à la bonne pression exercée sur la zone réflexe, il est lié aussi à l’écoute du thérapeute et à la relation existant entre le stress et la maladie du patient. D’ailleurs, quand la personne est en confiance, elle va parfois beaucoup se confier pendant la séance, ce qui demande autant de qualités d’écoute que de qualités liées à l’exercice de la réflexologie en elle-même. A la fin de la séance, les patients repartent souvent avec le sentiment de se sentir plus légers, d’avoir des pieds moins gonflés et de ressentir que quelque chose a vraiment bougé en eux !

En tout combien de temps dure une séance ?

Il faut compter environ 45 à 60 minutes. A la fin de la séance, je donne au patient une petite planche pour lui indiquer les zones réflexes à faire chez lui entre deux séances. En fonction du motif de consultation et du but à atteindre, un bon travail peut déjà être fait en 3 à 5 séances, les trois premières toutes les semaines puis 15 jours après et enfin un mois après pour la dernière séance. A raison de 45 à 50 euros par séance, un travail complet revient environ à 250 euros.

Pour en savoir plus vous pouvez consulter le site de l'Institut International de Réflexologie

(1). Hodgson H. Does reflexology impact on cancer patients' quality of life? Nurs Stand. 2000 Apr 19-25;14(31):33-8
(2). Stephenson NL, Weinrich SP, Tavakoli AS. The effects of foot reflexology on anxiety and pain in patients with breast and lung cancer. Oncol Nurs Forum. 2000 Jan-Feb;27(1):67-72

(3) Ross CS, Hamilton J et al. A pilot study to evaluate the effect of reflexology on mood and symptom rating of advanced cancer patients. Palliat Med. 2002 16(6): 544-5.
(4). Yang JH. The effects of foot reflexology on nausea, vomiting and fatigue of breast cancer patients undergoing chemotherapy. Taehan Kanho Hakhoe Chi. 2005 35(1): 177-85.

(5). Launso L, Brendstrup E, Arnberg S. An exploratory study of reflexological traitement for headache. Altern Ther Health Med. 1999 5: 57-65

(6). Kovacs FM, Abraira V et al. Neuro-reflexotherapy intervention in the treatment of non specified low back pain : a randomized, controlled, double-blind clinical trial. Med Clin (Barc). 1993 101(15): 570-5.

(7). Oleson T, Flocco W. Randomized controlled study of premenstrual symptoms treated with ear, hand, and foot reflexology. Obstet Gynecol 1993 Dec;82(6):906-11.