La digestion

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 22/06/2010 Mis à jour le 17/02/2017
L'essentiel

Lorsqu’on se nourrit, les aliments subissent un processus complexe qui va permettre l’absorption des protéines, glucides, lipides, vitamines et minéraux.L’ensemble de ce phénomène est appelé « digestion ».Si un élément de cette chaîne ne fonctionne pas correctement, l’impact sur la santé peut-être très important (carences, problèmes immunitaires, etc).

La bouche : le début du travail

  • Avant d’arriver dans l’estomac, les aliments subissent déjà plusieurs actions

  • La mastication et la salive jouent un rôle important

Les préliminaires : la mastication

Lorsqu’on introduit des aliments solides dans notre bouche, c’est immédiat : on mâche. Ce mécanisme acquit depuis l’enfance permet aux aliments d’être découpés en morceaux plus fins qui pourront d’une part être avalés, et d’autre part être plus sensibles aux actions des sucs digestifs. En effet, lorsque l’on découpe un produit, son volume ne change pas mais sa surface totale augmente.

La mastication permet également d’envoyer un signal à notre cerveau via l’histamine, un neurotransmetteur, qui augmente notre sensation de satiété.

Bien mâcher est donc indispensable pour faciliter la digestion mais également pour la régulation des mécanismes de l’appétit.

Un peu d’alchimie : la salive

La bouche ne remplit pas qu’un rôle mécanique. La salive a aussi son rôle à jouer. Produite par trois types de glandes réparties entre l’avant et l’arrière de la bouche, elle va humidifier les aliments et commencer la digestion via l’action d’une enzyme : l’amylase salivaire, aussi appelée ptyaline, qui va découper les molécules d’amidon (que l’on trouve dans les féculents) en morceaux plus petits.

Au terme de ces deux actions (mécanique et chimique), le mélange constitué prend alors le nom de « bol alimentaire ». C’est aussi dans la bouche que commence l’absorption de certains micronutriments comme la vitamine C.

Et plus si affinités : l’œsophage

Le bol alimentaire arrive ainsi dans l’œsophage. Cette partie du tube digestif est constituée d’une couche musculaire circulaire et longitudinale. Les contractions de ces muscles sont responsables du péristaltisme qui permet au bol alimentaire de progresser vers l’estomac même dans des conditions particulières (penché vers l’avant ou la tête à l’envers par exemple).

De l’estomac à l’intestin

  • L’estomac est le siège d’un ensemble de réactions chimiques complexes

  • Ces réactions sont indispensables à l’absorption des nutriments

Plus complexe qu’il n’y paraît

Une fois dans l’estomac, les aliments sont censés y rester grâce à un petit anneau, le sphincter œsophagien inférieur. Celui-ci ne s’ouvre normalement que pour laisser passer les aliments en provenance de l’œsophage. Malheureusement il arrive que ce système soit défaillant, ce qui se traduit par un passage du contenu de l’estomac vers le haut. Ce contenu étant très acide, il agresse les parois de l’œsophage. C’est ce qu’on appelle communément les « brûlures d’estomac », ou encore le reflux gastro-œsophagien (RGO).

L’estomac est également constitué de muscles qui vont effectuer un deuxième travail mécanique, après celui de la bouche, en mélangeant les particules alimentaires aux sucs digestifs, sécrétés par l’estomac. Ces sucs digestifs ont chacun un rôle particulier.

Un petit chimiste sommeille en vous : la sécrétion gastrique

La sécrétion gastrique est constituée de :

  • Acide chlorhydrique : il s’agit d’un liquide extrêmement acide. Il va permettre d’abaisser le pH dans l’estomac à une valeur située entre 1 et 3. Il est très corrosif et le simple contact avec la peau suffirait à nous « trouer » ! Cette forte acidité va permettre de détruire un grand nombre de bactéries qui auraient pu se trouver dans les aliments (mais pas toujours toutes), et également d’activer les enzymes qui dégradent les protéines.

  • Mucus : pour se protéger de l’acide qui pourrait entraîner une auto-digestion de notre estomac, il y a production de mucus, une substance visqueuse protectrice. Il arrive que cette protection soit insuffisante dans certaines maladies. Lorsque l’estomac est endommagé par l’acide (ou par autre chose), on parle alors d’ulcère.

  • Gastrine : cette hormone jour un rôle de contrôle dans la production d’acide gastrique (un gros repas nécessitera plus d’acide qu’un petit repas)

  • Pepsinogène : cette enzyme est inactive dans un premier temps. Dès que le milieu devient acide elle se découpe, ce qui la rend active. Elle s’appelle alors la pepsine et devient capable de couper les protéines en peptides (toutes petites protéines).

  • Lipase gastrique : cette enzyme possède une action limitée sur les lipides dans l’estomac mais agit tout de même sur les graisses alimentaires (triglycérides) qu’elle réduit en éléments basiques appelés acides gras.

  • Facteur intrinsèque : cette protéine sera utilisée plus tard pour permettre l’absorption de la vitamine B12 dans l’intestin. Un manque ou une absence de facteur intrinsèque oblige à prendre un supplément de vitamine B12 pour toute la vie.

Ainsi dans l’estomac commence la digestion des protéines et des lipides, grâce à une action mécanique (brassage) et une action chimique (sécrétions). Au niveau de l’estomac a également lieu le début de l’absorption de l’alcool (lire encadré). A la sortie de l’estomac, le bol alimentaire sous sa nouvelle forme prend alors le nom de chyme.

L'alcool
On considère que l’alcool est absorbé depuis l’estomac à hauteur de 20%, le reste sera absorbé plus bas, au niveau de l’intestin grêle. Contrairement aux protéines et aux lipides, l’absorption de l’alcool est passive, elle ne nécessite pas d’enzymes ou de brassage. On parle alors d’absorption par diffusion passive. Cette diffusion est maximale pour une boisson titrée de 10 à 40%. Ainsi, on comprend pourquoi il n’est pas conseillé de boire sans manger : la présence de nourriture ralentit ce mécanisme, permettant ainsi au taux d’alcool dans le sang de s’élever moins vite et plus progressivement

 

Le duodénum

Le chyme prend alors la direction du duodénum, juste avant d’arriver dans l’intestin. A ce stade si des lipides sont présents, les sels biliaires, sécrétés par le foie à partir du cholestérol, sont excrétés pour les émulsionner.

En même temps, le pancréas commence sont travail en produisant trois grandes catégories d’enzymes : les protéases, lipases et amylases. Elles s’attaqueront respectivement aux protéines, lipides et glucides pour les découper en molécules plus petites et faciles à absorber. De plus, il y a sécrétion d’eau et de bicarbonates, ce qui va permettre de neutraliser l’acidité forte du chyme (qui endommagerait le duodénum et l’intestin).

C’est après toutes ces étapes que débute l’absorption au niveau de l’intestin…

Intestin et absorption

  • L’intestin grêle est un endroit majeur de la digestion

  • Le passage de l’intestin grêle au côlon caractérise la fin de la digestion

L’intestin grêle et ses secrets

C’est dans l’intestin grêle que va avoir lieu la majeure partie de l’absorption des nutriments. Pour cela il est doté de caractéristiques très particulières.

Tout d’abord sa longueur : de 6 à 7 mètres en moyenne chez un homme adulte. Mais aussi sa structure, optimisée dans le but d’augmenter sa surface de contact. Ainsi, l’intestin grêle est formé de multiples plis et replis qu’on appelle les anses et les valvules conniventes.  Puis en surface, on retrouve encore des plis, à la manière de tentacules, qui comportent à leur superficie des villosités et des microvillosités qui constituent la bordure en brosse. On estime que toutes ces villosités permettent une surface de contact moyenne d’environ 250m².

On retrouve également diverses enzymes dans les membranes externes de l’intestin qui vont permettre d’achever la digestion de certains sucres. C’est par exemple à ce moment que la lactase, qui permet de digérer le lactose, pourra faire son travail, à condition que l’activité de cette enzyme existe encore (la lactase ayant tendance à naturellement disparaître chez l’adulte).

Action, absorption

Les glucides résultant de la digestion (glucose, galactose ou fructose) vont être absorbés et passer dans le sang. Toutefois, certains glucides ne seront pas absorbés, soit parce que l’enzyme nécessaire à leur hydrolyse n’était pas présente (absence de lactase par exemple), soit parce qu’il s’agit de glucides non assimilables : les fibres.  Ces dernières joueront un rôle important plus tard, une fois arrivées dans le gros intestin, ou côlon.

Les graisses quant à elles passeront par la lymphe puis seront transportées jusqu’au foie qui se chargera de leur utilisation.

Les protéines, maintenant présentent sous forme de peptides et acides aminés, seront également absorbées ici et passeront dans le sang, en direction du foie.

Simultanément, les vitamines, l’eau et les minéraux passent dans l’organisme. Toutefois, pour ces derniers, l’absorption est parfois complexe en raison d’interactions (par exemple entre le calcium et le fer) ou en fonction du milieu (pH).

Le voyage de côlon

Le côlon mesure environ 1,5 mètre de long. Son rôle est de récupérer l’eau restante et d’absorber certains nutriments qui n’auront pas pu l’être auparavant puis d’éliminer les résidus non absorbables. Pour cela, un grand nombre de bactéries sont présentes. C’est ce qu’on appelle la flore intestinale.

L’équilibre de cette flore, c’est-à-dire le nombre et le type de bactéries présentes, est très important pour la maturité du système immunitaire chez le nourrisson puis pour son fonctionnement chez l’adulte.

Si le milieu est favorable alors l’absorption des minéraux augmente.

Le pilier essentiel de cette flore reste l’alimentation. En effet, les fibres alimentaires non digérées peuvent être fermentées par les bactéries, ce qui amènera à produire des acides gras particuliers, dits à chaîne courte. Ces derniers jouent un rôle encore mal connus mais pourraient permettre de diminuer le risque de cancer du côlon ou aider les personnes souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin, de plus ils permettent de nourrir la flore elle-même et donc de la maintenir. En outre, cette flore bactérienne est capable de produire de la vitamine K.

C’est ainsi qu’il convient d’être vigilant lors de certains traitements médicamenteux comme les antibiotiques car ceux-ci éliminent beaucoup de bactéries et peuvent fragiliser ainsi l’intestin, ce qui se traduit par des troubles du transit (diarrhées).

Pour finir, les fibres assurent un rôle mécanique en permettant aux résidus alimentaires d’être évacués dans les selles.

Pour aller plus loin : Soignez le colon irritable naturellement par le Dr. Jacques Médart (lire un extrait ICI  >>)

La sélection

Publicité

Les meilleurs livres et compléments alimentaires sélectionnés pour vous par NUTRISTORE, la boutique de la nutrition.

Découvrir la boutique logo Nutrivi

A découvrir également

Back to top