Comment savoir si j’ai bien la grippe A ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 18/11/2009 Mis à jour le 15/02/2017
1,5 million et demi de personnes auraient déjà été contaminées par la grippe A en France. Mais s’agit-il bien de la grippe A(H1N1) ?

« Plus d'un million et demi de personnes ont déjà été atteintes par la grippe et ont consulté pour cela ». C’est ce qu’a annoncé mardi 17 novembre le Dr Françoise Weber, directrice générale de l'Institut de veille sanitaire (InVS), ajoutant que « nous avons dépassé les 400.000 consultations pour la grippe H1N1 2009 la semaine dernière ».

C’est imparable : l’épidémie de grippe A est bel est bien là. Mais comment peut-on être sûr que ces patients souffrent bien de la grippe A(H1N1) et pas de la grippe saisonnière ou d’un « syndrome grippal » lié à un autre virus ? Impossible de savoir. Tous les médecins le disent : sur la base d’une consultation médicale, on ne peut pas faire la différence entre une grippe A et une grippe classique. « On repère les symptômes grippaux, mais de là à dire si c’est une grippe A, B ou C, ou même autre chose qu’une grippe, on ne peut pas savoir », confie un médecin généraliste.

Le test, seul moyen d’identifier la grippe A

Le seul moyen d’identifier avec certitude un cas de grippe A(H1N1), c’est le test en laboratoire. Au début de l’épidémie, ce test était systématique, chaque personne « suspecte » pouvait ainsi être étiquetée comme une grippe A. Problème : à raison de 200 euros par test, les autorités sanitaires ont rapidement abandonné le test systématique. Et avec seulement 27 laboratoires en France aptes à pratiquer ces tests, impossible de proposer l’analyse à tous les malades.

Certains patients qui tiennent absolument à savoir si leur grippe vaut un A peuvent se rabattre sur une solution alternative : « le test de diagnostic rapide ». Pour la modique somme de 36 euros non remboursés par la sécurité sociale, le laboratoire d’analyse du coin pourra vous dire si vous êtes infecté par « un virus de la famille A ». Gros bémol : le test de diagnostic rapide ne pourra jamais vous confirmer que le virus responsable est le H1N1. Le coupable pourrait en effet être tout autre virus de la grande famille A. Et de toute façon avec moins de 60 % de fiabilité, l’efficacité du test laisse largement à désirer.

D’où viennent les chiffres officiels ?

Mais alors comment ont été calculés ces fameux 1,5 millions de cas de grippe A en France ? En réalité ils n’ont pas été « calculés » mais « extrapolés ». A l’Institut national de veille sanitaire (Invs) on dit qu’on est passé du « recensement exhaustif » à une « estimation statistique de surveillance populationnelle ». En pratique ça veut dire quoi ? L’Invs s’appuie sur l’aide de 1300 médecins dis « sentinelles ». Chaque jour, ces médecins volontaires fournissent via Internet des informations sur leurs patients présentant des symptômes grippaux. Les critères : au moins 39 de fièvre, un syndrome respiratoire et des courbatures.

Le problème c’est qu’en réalité, 200 à 300 virus différents sont susceptibles de provoquer les symptômes de l’état grippal : picornavirus, métapneumovirus, coronavirus, virus respiratoire syncytial, rhinovirus. On estime que moins de la moitié des grippes diagnostiquées comme telles sont effectivement liées au virus de la grippe lui-même, le fameux influenzae. Certains experts vont même jusqu’à affirmer que seules 7 à 8 % des « grippes » sont réellement des grippes. (lire à ce sujet l’article Pourquoi le vaccin contre la grippe saisonnière est peu efficace).

Des prélèvements chez les médecins vigies

En parallèle de ces estimations statistiques, l’Invs établit une surveillance virologique. Cette fois ce sont les médecins « vigies » des « Groupes régionaux d’observation de la grippe » (Grog) qui entrent en jeu. Ces 600 généralistes et pédiatres réalisent en tout environ 2000 prélèvements chaque semaine. A partir de ces prélèvements, l’Invs en déduit le taux de circulation de la grippe A. « Si l’on prend la semaine du 26 au 31 octobre en Ile-de-France, 60 % des prélèvements étaient positifs à la grippe A », confie le coordinateur du réseau des Grog.

Confrontés à la même incertitude, les Etats-Unis se sont eux-aussi prêtés jusqu’en juillet 2009 au diagnostic biologique de la grippe A. Une enquête menée par la chaine CBS révèle que selon les Etats seuls 1 à 17 % des prélèvements étaient alors positifs à la grippe A(H1N1). (Lire à ce sujet l’article Les cas de grippe A (H1N1) sont-ils surestimés ?)

Conclusion : des chiffres et des statistiques à prendre avec précaution, dans l’attente d’indicateurs plus fiables, s’ils arrivent un jour.

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