Quelle alimentation contre le SOPK ? Les conseils d'Angélique Houlbert

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 23/08/2023 Mis à jour le 23/08/2023
Point de vue

Le SOPK, ou syndrome des ovaires polykystiques, est un trouble endocrinien et métabolique qui affecte environ 10 % des femmes en âge de procréer. Quel régime adopter pour en réduire ses effets ? Les conseils d'Angélique Houlbert, diététicienne-nutritionniste, et auteure du livre Le régime SOPK.

Le SOPK, ou syndrome des ovaires polykystiques, représente la première cause d'infertilité chez les femmes françaises. Qu'est-ce que ce syndrome ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles sont les conséquences ?

Nous avons demandé à Angélique Houlbert, qui publie Le régime SOPK, quels étaient les mécanismes métaboliques qui sous-tendent ce syndrome et comment l'alimentation peut aider les femmes qui en sont atteintes.

SOPK : définition

LaNutrition : Quels sont les symptômes et les complications du SOPK à court et à long terme ?

Angélique Houlbert : Les femmes atteintes de SOPK ont souvent des irrégularités menstruelles, avec des cycles irréguliers. Elles n’ovulent pas forcément à chaque cycle. À l’échographie, on n'observe pas la présence de véritables kystes sur les ovaires mais ce sont de nombreux petits follicules dont la croissance s’est arrêtée et qui ne sont donc pas arrivés à maturité.

Les chercheurs savent désormais que ce qui nuit à la maturation de ces follicules ovariens est une hyperandrogénie, et notamment une élévation du taux de testostérone libre, qui peut se manifester par de l’acné, une pilosité excessive ou encore une perte de cheveux.

À court terme, les femmes atteintes de SOPK peuvent avoir des problèmes de fertilité. Selon l’inserm, c’est d’ailleurs la première cause d’infertilité féminine puisque la moitié des femmes qui ont un SOPK sont infertiles.

Ensuite, avec les années, elles développent souvent à long terme un syndrome métabolique avec des troubles cardiovasculaires (hypertension artérielle), un surpoids, une insulino-résistance et des troubles hépatiques comme la NASH.

Quelles sont les causes possibles du SOPK ?

Le SOPK est caractérisé par une forte composante héréditaire (60-70 % des filles nées de mères atteintes développent des symptômes) puisqu’une vingtaine de gènes peuvent prédisposer à la maladie mais ils expliquent moins de 10 % des cas. Selon les dernières recherches, des phénomènes épigénétiques seraient davantage en cause que la génétique. Et autant on ne peut pas changer de patrimoine génétique, autant il est possible d’exprimer ou non certains gènes par des modifications de son hygiène de vie : meilleure gestion du stress, qualité du sommeil, alimentation adéquate, pratique d’une activité physique et/ou de tout autre loisir plaisant, équilibre social (famille, amis, collègues…). C’est ce que l’on appelle l’épigénétique, c’est-à-dire tout ce qui peut modifier l’expression d’un gène, de manière réversible, et qui peut se transmettre d’une génération à une autre.

Certains facteurs environnementaux influencent aussi la progression des symptômes du SOPK notamment les sous-produits alimentaires (produits de glycation avancée) et les produits chimiques perturbateurs du système endocrinien (bisphénols, phtalates, octylphénols, composés perfluorés : PFOA, PFOS…).

Et surtout, de plus en plus d’études montrent que les principales causes des symptômes du SOPK, sur lesquelles il est très facile d’agir, sont les hyperinsulinémies chroniques et/ou la résistance à l’insuline.

Lire : Soigner le syndrome des ovaires polykystiques naturellement (abonnés)

Quel régime alimentaire pour les femmes souffrant de SOPK ?

Vous avez écrit aux Éditions Thierry Souccar Le régime NASH, Le nouveau régime IG diabète et Je mincis avec le régime IG bas. Il y aurait donc un point commun entre tous ces troubles et c’est la raison pour laquelle vous avez décidé d’écrire ce livre ?

Pour écrire mes ouvrages aux Éditions Thierry Souccar, je suis en veille permanente sur les dernières études scientifiques publiées mondialement. Mon objectif est de rester à la pointe de la recherche dans les domaines de l’alimentation et de la micronutrition.

Depuis déjà quelques années celles réalisées sur le SOPK sont devenues de plus en plus fréquentes jusqu’à ce que de récentes méta-analyses montrent du doigt une hormone bien connue des diabétiques et de celles et ceux qui veulent perdre du poids : l’insuline.

Pourquoi l’insuline joue un rôle crucial dans le SOPK et la prise de poids ?

L’insuline est l’hormone que l’on fabrique quand la glycémie (le taux de sucre dans le sang) augmente. C’est une sorte de clé qui fait entrer le glucose dans les cellules, afin qu’il soit utilisé pour produire de l’énergie ou qu’il soit stocké. L’insuline est donc en quelque sorte une hormone de « stockage ». C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les femmes atteintes de SOPK ont des difficultés à perdre du poids.

Seulement l’insuline a bien d’autres fonctions et les hyperinsulinémies chroniques (le fait de fabriquer trop d’insuline) et l'insulino-résistance (donc la résistance des cellules à cette hormone) sont considérées comme LE point de départ des troubles endocriniens et métaboliques, dont le surpoids, dans le SOPK.

L’insuline est par exemple le principal régulateur de la production du transporteur de la testostérone (la SHBG) et surtout, elle pousse les ovaires et les glandes surrénales à produire des androgènes donc de la testostérone. Et pour couronner le tout, cet hyperandrogénie va réduire l’élimination de l’insuline, donc c’est un véritable cercle vicieux !

Cette hormone joue donc un rôle important dans le SOPK, et c’est plutôt une bonne nouvelle puisque c’est un pilier sur lequel il est très facile d’agir : en pratiquant une activité physique régulière et en adoptant une alimentation à indice glycémique bas qui permettra de réinitialiser le métabolisme et donc d’équilibrer les hormones.

Le régime SOPK à IG bas est donc bien plus qu’un régime amincissant et il s’adresse aussi à celles qui ne sont pas en surpoids, c’est bien ça ?

Oui c’est un véritable programme basé sur les dernières études cliniques, donc validé scientifiquement. Pour vous donner une idée, j’ai répertorié plus de 400 études récentes et je propose sur quatre semaines de réinitialiser entièrement le logiciel hormonal interne, à l’image d’un « reset » et d’une reprogrammation que l’on fait sur un smartphone ou un ordinateur.

Concrètement, aux différents repas, il sera toujours essentiel de choisir des féculents à IG bas : des légumes secs (légumineuses deshydratées : pois chiches, lentilles, haricots rouges, fèves...), des patates douces (plutôt que des pommes de terre), du riz basmati complet ou semi-complet, des pâtes cuites al dente, du muesli au petit déjeuner… pour que la glycémie s’équilibre rapidement et que les hyperinsulinémies cessent.

Lorsqu’il n’y a plus d’élévation du taux d’insuline dans le sang, la régularisation du taux de testostérone se fait naturellement et progressivement, l’acné s’atténue, les cycles menstruels se normalisent. Le gros avantage de ces choix alimentaires est que l’adoption d’un tel régime fait également sortir de la dépendance au sucre et qu’il n’y aura plus de fringales entre les repas.

Ovaires polykystiques : les aliments à éviter

Évitez les aliments à IG élevé, les sucreries, boissons sucrées, produits à base de farines raffinées, le riz blanc.. Ces aliments génèrent des pics de glycémie et stimulent la production d'insuline.

Quels autres aliments pour limiter les effets du SOPK ?

Pour le reste du contenu des assiettes, en cas de SOPK, il faudra veiller à la consommation d'aliments bruts, peu ou pas transformés, et inclure des aliments qui stoppent les trois menaces du tissu ovarien :

  • augmenter la consommation d'aliments végétaux à chaque repas pour diminuer l’oxydation,
  • favoriser la consommation d'aliments riches en oméga-3 pour limiter l’inflammation chronique,
  • privilégier en priorité les modes de cuisson à basse température pour limiter les produits de glycation avancée.

Quels compléments alimentaires sont intéressants ?

En plus d'une alimentation adaptée, et pour optimiser les modifications alimentaires, je conseille systématiquement la prise de certains nutraceutiques, qui ont largement fait leurs preuves en cas de SOPK. C’est pour moi un pilier essentiel, indissociable du régime alimentaire et de la pratique d’une activité physique plaisante. Ce sont eux qui permettront de réensemencer le microbiote, qui combleront les déficiences en micronutriments, équilibreront les hormones sexuelles, limiteront les hyperinsulinémies et si besoin optimiseront la perte de poids. Parmi eux, l’inositol est la pierre angulaire, suivie de la vitamine D3, de la cannelle, de la berbérine ou encore de certains oligo-éléments comme le chrome.

Pour en savoir plus, lisez : Le régime SOPK

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