Dans un essai clinique de 4 mois, le régime cétogène était plus efficace que le régime DASH pour réduire la pression artérielle, la glycémie et perdre du poids chez des adultes obèses, en surpoids, hypertendus, diabétiques ou prédiabétiques.

Adopter un régime kéto, une nouvelle piste de traitement du syndrome des ovaires polykystiques ? Des chercheurs l'ont testée.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), aussi appelé syndrome de Stein-Leventhal, est une maladie fréquente qui touche environ 7 à 10 % des femmes en âge de procréer, et qui peut provoquer l'infertilité. D'une origine mal connue, elle se manifeste par un dérèglement de l'axe hypothalamo-hypophysaire dont le rôle est de contrôler naturellement la production d'hormones sexuelles.
Du point de vue clinique, le syndrome des ovaires polykystiques se caractérise par des troubles de l’ovulation, une sécrétion excessive d’hormones mâles et la présence de "kystes" (en réalité des follicules dont la croissance a été interrompue) dans les ovaires. Il est souvent associé à une résistance à l'insuline, un excès de triglycérides et cholestérol, et l'obésité. Le SOPK augmente aussi le risque de développer du diabète et d’autres problèmes de santé métabolique. Les femmes qui en souffrent peuvent aussi présenter des symptômes de virilisation (acné, pilosité excessive, etc).
L'option thérapeutique la plus souvent prescrite aux femmes atteintes de SOPK et obèses, quelle que soit la gravité de l'expression clinique, c’est la correction du mode de vie par l'alimentation et l'activité physique. Le régime cétogène, pauvre en glucides, pourrait représenter une option intéressante. Riche en graisses et faible en glucides, ce régime a montré des effets prometteurs chez les femmes atteintes du SOPK. Des recherches montrent qu'il peut aider les femmes à perdre du poids, améliorer leur fertilité, et normaliser leurs cycles menstruels.
Plusieurs études ont testé le régime cétogène chez les femmes souffrant de ce trouble, par exemple dans une étude publiée en 2021 dans le Journal of Obstetrics and Gynaecology.
L’étude a comparé sur 18 participantes en situation d’obésité et de NAFLD (stéatose hépatique ou maladie du foie gras), les effets du régime cétogène avec ceux d’un traitement médicamenteux conventionnel pendant 12 semaines.
Résultats : le régime cétogène semble aider à gérer les déséquilibres des paramètres métaboliques et notamment ceux concernant le foie. En effet, les signes de stéatose hépatique ont disparu chez 6 des 7 participantes du groupe cétogène après 12 semaines, alors qu'ils n'ont disparu que chez une seule des 10 participantes du groupe témoin. Ce changement dans l’alimentation des participantes a aussi permis de réduire les troubles du cycle menstruel et de rééquilibrer les taux d'estradiol et de progestérone de la même manière que le traitement.
En 2022, une autre publication scientifique a décrit les effets comparés d’un régime cétogène et d’un régime méditerranéen hypocalorique chez des femmes en surpoids et/ou obèses atteintes du SOPK. Cette étude à court terme (quelques semaines) montre un changement significatif des paramètres anthropométriques de corpulence et biochimiques (lipides sanguins, résistance à l’insuline) dans les deux groupes après les deux thérapies. Cependant, tous les paramètres étaient significativement plus améliorés dans le groupe « cétogène » que dans le groupe « méditerranéen ».
Enfin, en septembre 2023, un nouvel article publié dans Journal of the Endocrine Society a montré les bienfaits du régime cétogène sur les hormones des femmes atteintes du SOPK. Dans cette méta-analyse, les chercheurs ont examiné les effets de ce régime sur les hormones reproductives (LH, FSH, testostérone et progestérone) et sur le changement de poids de femmes atteintes de SOPK. Ils ont découvert que les femmes atteintes du SOPK qui suivaient un régime cétogène pendant au moins 45 jours ont constaté une perte de poids significative et une amélioration de leurs taux d’hormones de reproduction. Leur ratio d’hormones LH/FSH était plus faible, ce qui signifie qu’elles pourraient avoir de meilleures chances d’ovuler. Les femmes avaient également des niveaux de testostérone plus faibles. Pour Karniza Khalid, auteure de cette étude, "Ces résultats ont des implications cliniques importantes, en particulier pour les endocrinologues, les gynécologues et les diététitiens qui, en plus du traitement médical, devraient soigneusement planifier et personnaliser les recommandations alimentaires individuelles pour les femmes atteintes du SOPK."
Ces études suggèrent donc que le régime cétogène est une option thérapeutique intéressante dans le SOPK et qu’il pourrait être proposé aux patientes qui en souffrent.
Angélique Houlbert, diététicienne-nutritionniste, a bâti un programme nutritionnel pour les femmes souffrant de SOPK, qu’elle décrit dans son livre : Le régime SOPK. Elle reconnaît que le régime cétogène s’avère efficace pour diminuer les symptômes du SOPK, « ce qui semble tout à fait logique puisque par la privation de glucides, la glycémie reste stable et la sécrétion d’insuline extrêmement faible. »
En effet, l’insuline et la glycémie jouent un rôle important dans les symptômes du SOPK, d’où l’importance de mieux les contrôler : « les hyperinsulinémies chroniques (le fait de fabriquer trop d’insuline) et l'insulino-résistance (donc la résistance des cellules à cette hormone) sont considérées comme LE point de départ des troubles endocriniens et métaboliques, dont le surpoids, dans le SOPK. »
Toutefois, le régime cétogène présente des inconvénients pratiques. « Bien qu’efficace, je n’ai pas choisi de fonder le régime SOPK sur ce mode alimentaire parce qu’il n’est pas toujours très simple à suivre au quotidien. » Le régime SOPK qu’elle propose dans son livre ressemble davantage à une alimentation méditerranéenne à index glycémique (IG) bas, plus facile à mettre en place et à suivre à long terme.
Le régime céto-alcalin que propose le Dr Anna Cabeca pour les troubles liés à la ménopause pourrait aussi s’avérer valable pour le syndrome des ovaires polykystiques. Dans SOS Ménopause, elle explique : " Le sucre exerce un effet direct sur des pathologies hormonales telles que le syndrome des ovaires polykystiques. Le sucre en grande quantité est un puissant générateur d’inflammation, il doit donc être prohibé pour la plupart d’entre nous, en particulier lorsque nous vieillissons."
Le sucre exerce un effet direct sur des pathologies hormonales telles que le syndrome des ovaires polykystiques
Dans son livre, le Dr Anna Cabeca préconise un régime céto-alcalin, enrichi en végétaux, qui limite les aliments inflammatoires notamment les graisses saturées : "le régime céto-alcalin que je propose, qui est la combinaison d’une alimentation cétogène et alcalinisante, contribue à réguler l’insuline et à mettre fin à la résistance à cette hormone d’une manière unique : votre organisme passe en cétose, ce qui restaure la sensibilité à l’insuline." En combinant une alimentation cétogène et une alimentation alcalinisante, "vous obtenez un programme puissant qui équilibre les hormones féminines de manière unique."
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