Auto-immunité : l'alimentation qui a changé la vie de Sonia Sidle

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 23/02/2024 Mis à jour le 23/02/2024
Point de vue

Le protocole AIP est un programme alimentaire conçu pour réduire au silence les maladies auto-immunes. Découvrez le témoignage de Sonia Sidle, touchée par la thyroïdite de Hashimoto et aujourd’hui coach AIP.

Avec Ludy de Menten, Sonia Sidle signe le premier livre sur le protocole AIP qui paraît en France en mars 2024 : Soigner l’auto-immunité avec le protocole AIP. Nous l’avons interrogée sur son expérience personnelle avec ce programme.

Quels problèmes de santé aviez-vous avant de découvrir le protocole AIP ?

Avant de découvrir le protocole AIP, j'ai souffert d'endométriose pendant environ 15 ans avant d'être diagnostiquée à l'âge de 28 ans. J’avais tous les symptômes classiques : règles douloureuses, fatigue extrême, mal au dos, crampes en dehors de la période de mes règles et plus tard infertilité. Peu de temps après mon diagnostic, ayant perdu beaucoup de poids sans raison particulière, je suis allée voir mon médecin qui, après m’avoir fait une prise de sang confirmant une hyperthyroïdie temporaire (d'où la perte de poids extrême et le goitre qui commençait à apparaître), m’a diagnostiqué avec une thyroïdite de Hashimoto. La thyroïdite de Hashimoto se traduit normalement par la présence d’une hypothyroïdie qui dénote une baisse du niveau d’hormones thyroïdiennes dans le sang.

Cependant, le taux hormonal présente généralement une hausse au départ, c’est-à-dire une hyperthyroïdie qui n’est que transitoire. C’est ce qui m’est arrivé lorsque j’ai été diagnostiquée. Assez rapidement je suis passée à une hypothyroïdie où j’ai souffert de symptômes allant du brouillard cérébral à la prise de poids, en passant par la perte de cheveux et la peau sèche.

Comment avez-vous découvert ce protocole et pourquoi vous a-t-il semblé intéressant ?

J’ai découvert ce protocole grâce à un nouveau médecin que j’ai consulté en 2017 qui était un médecin fonctionnel. Il m’a immédiatement recommandé de changer mon alimentation en m’expliquant quels aliments je devais éliminer. Étant prête à tout pour améliorer ma santé puisque cela faisait 15 ans que je souffrais toujours des mêmes symptômes (sensibilité au froid, fatigue, prise de poids, peau et cheveux secs, brouillard cérébral) reliés à la maladie de Hashimoto, j’ai tout de suite été intriguée et j’ai décidé de suivre ses conseils. J’ai ensuite fait des recherches et je me suis rendue compte que cette nouvelle façon de manger avait un nom : le protocole auto-immunité (AutoImmune Protocol en anglais ou AIP). Plus je lisais des témoignages de personnes ayant suivi ce protocole pour aider à éliminer leurs symptômes de maladie(s) auto-immune(s), plus j’ai été motivée à le suivre car tous les témoignages que je trouvais étaient positifs.

Que vous a apporté le protocole AIP ? Comment s'est passée cette expérience ?

Le protocole élimine les aliments connus pour provoquer une réaction inflammatoire du fait de certains de leurs composants, puis les réintroduit un à un afin d’identifier de manière personnalisée ceux qui posent problème. J’ai commencé ce protocole tout doucement, en changeant petit à petit mes habitudes alimentaires (cette période s’appelle la phase de transition) jusqu'à l'élimination complète des aliments non autorisés par l’AIP. Une fois que j’ai été à 100 % en phase d'élimination (qui n’est que temporaire, 30 à 90 jours, voire jusqu'à six mois selon les cas), mes symptômes se sont progressivement améliorés jusqu'à l'élimination complète de ceux-ci. Dans mon cas, la phase d'élimination a duré 90 jours. Je ne vous cacherai pas qu’au début ce protocole paraît difficile à suivre mais une fois que vous avez commencé, que vous avez pris l’habitude de cuisiner AIP et que vous vous sentez mieux, vous vous demandez comment vous avez pu vivre sans. Mon expérience avec le protocole a été plus que positive, j’avais l’impression d'être une nouvelle personne ne souffrant plus de tous ces symptômes avec lesquels j’avais vécu pendant 15 ans.

J’avais l’impression d'être une nouvelle personne

Avez-vous pu réintroduire des aliments que vous aviez éliminés dans le protocole ?

J’ai pu réintroduire sans problème beaucoup aliments éliminés dans le protocole comme le café, le chocolat, les œufs, les haricots verts, les fruits à coque… Il m’a fallu plus de temps pour réintroduire certains aliments comme les pois chiches et les produits laitiers, car mon intestin poreux n'était pas complètement guéri la première fois que j’ai essayé de les réintroduire. Puis il y a des aliments comme le paprika, le vin, le champagne que je ne peux absolument pas manger ou boire car j’ai une réaction immédiate (entre autres maux de tête et maux de ventre).

Lire : Maladies auto-immunes : quelle alimentation privilégier ? (abonnés)

Avez-vous adapté le protocole à long terme, vous permettez-vous des écarts ?

Après avoir passé plusieurs mois à réintroduire les aliments un par un, j’ai maintenant une alimentation personnalisée, qui se rapproche d’une alimentation paléo avec des produits laitiers. Je me permets quelques rares écarts mais seulement lors d’occasions spéciales (par exemple pendant un voyage) car il m’arrive d’avoir des réactions.

Pouvez-vous parler de l’expérience de votre fils ?

À l'âge de 12 ans, mon fils a commencé à ressentir des symptômes tels que l’incapacité à former des phrases cohérentes et à effectuer des calculs simples ainsi qu’un brouillard cérébral assez important. Ayant rapidement identifié les signes de la thyroïdite de Hashimoto, je l’ai emmené chez le pédiatre pour le faire tester (il suffit de faire une simple prise de sang pour confirmer le diagnostic de cette maladie). La maladie de Hashimoto ayant été confirmée, c’est alors qu’il a commencé le protocole auto-immunité. Le pédiatre n'était pas vraiment d’accord pour que mon fils suive ce protocole en complément du traitement hormonal prescrit, prétextant le risque de carences nutritionnelles pour un adolescent. Je lui ai expliqué que ce régime alimentaire était au contraire très riche en nutriments et mon fils a donc commencé le protocole. Il a eu des résultats positifs en très peu de temps : ses symptômes ont disparu en quelques semaines. Il a réintroduit les aliments éliminés un par un, une majorité d’entre eux avec succès et certains comme les produits laitiers (qui ne lui conviennent pas) sans succès. Aujourd'hui, à 18 ans, il maintient les principes de l'AIP, incluant une alimentation anti-inflammatoire proche du régime paléo. Ses analyses sanguines révèlent une réduction significative de l'activité auto-immune.

En tant que coach AIP, avez-vous apporté votre touche personnelle au protocole, l'adaptez-vous en fonction des personnes ?

Oui, j’adapte le protocole en fonction des maladies de mes clients, en fonction aussi du type de symptômes dont ils souffrent et enfin en fonction de la durée de la maladie. Donc j’ajuste le protocole selon les cas car même si on laisse un aliment qui n’est pas permis pendant la phase d'élimination dans l’alimentation d’une personne, il y a de grandes chances que cette personne voie quand même beaucoup d'amélioration dans son état de santé. Il y aura certainement une réduction de l’inflammation, un comblement des carences nutritionnelles, une identification des sensibilités alimentaires, une régulation des hormones et de la digestion, un rééquilibrage du microbiote intestinal et une restauration de la barrière intestinale.

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Le protocole AIP est-il seulement un programme alimentaire ?

Non, le protocole AIP n’est pas seulement un programme alimentaire, il y a aussi une composante « mode de vie » qui met l’accent sur différents piliers qui sont tous aussi importants les uns que les autres :

  • la gestion du stress ;
  • la gestion du sommeil ;
  • la connexion à la nature, à soi-même et aux autres ;
  • la pratique d’une activité physique avec des exercices adaptés ;
  • la réduction des toxines environnementales.

Ces piliers sont à adopter au fur et à mesure de la phase de transition vers la phase d'élimination, puis il est important de les garder pendant la phase d'élimination et ensuite à long terme.

Pour en savoir plus, lire : Soigner l'auto-immunité avec le protocole AIP

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