Thyroïdite de Hashimoto : faut-il supprimer le gluten ?

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 04/03/2024 Mis à jour le 04/03/2024
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L’analyse de plusieurs études laisse espérer une amélioration de cette maladie avec un régime qui exclut les aliments à gluten. Mais il y a des précautions à prendre.

La thyroïdite de Hashimoto

La thyroïdite de Hashimoto (TH) est la maladie auto-immune la plus répandue dans le monde. Elle concerne environ 5 % de la population générale, et 10 fois plus les femmes que les hommes. Il est donc important de rechercher des moyens simples de la contrôler et d'en diminuer les symptômes.

Cette maladie est causée par une infiltration de globules blancs dans la glande thyroïde et la production d'anticorps contre la thyroglobuline (Tg) et la thyroperoxydase (TPO). La thyroglobuline est produite dans la glande thyroïde et constitue le composant principal de la colloïde folliculaire. Elle intervient, comme la thyroperoxydase, dans l’iodation de l’acide aminé L-tyrosine, ce qui permet la synthèse des hormones thyroïdiennes T4 et T3.

Lors de thyroïdite de Hashimoto les taux sériques d’auto-anticorps anti-Tg et anti-TPO augmentent. Cette maladie est assez fréquemment associée à la maladie céliaque qui est une intolérance au gluten, la principale protéine des céréales.

Lire : Thyroïde : des maladies fréquentes et invalidantes (abonnés)

Le gluten attire donc l’attention des chercheurs, d’autant qu’il augmente la perméabilité intestinale. La perméabilité intestinale est un élément important dans l'apparition des maladies auto-immunes, car elle permet le passage de fragments alimentaires (par exemple, issus des laitages) dans la circulation systémique. La présence de ces fragments d’aliments peut déclencher une réaction du système immunitaire pour les éliminer, et entraîner une réaction croisée avec les tissus de l’organisme qui partageraient des similitudes avec les antigènes alimentaires, comme la thyroïde. D’où l’inflammation et l’apparition d’auto-anticorps.

Le régime sans gluten peut donc avoir un effet anti-inflammatoire général dans les maladies inflammatoires auto-immunes, améliorer les symptômes et constituer un adjuvant aux thérapies médicamenteuses conventionnelles.

De plus, un régime sans gluten peut favoriser l’absorption du sélénium et de la vitamine D, éléments essentiels à la fonction et à la santé de la thyroïde. En effet, le manque de vitamine D a été associé à plusieurs maladies auto-immunes et une relation inverse entre les niveaux de vitamine D et ceux d’anti-TPO a été rapportée.

Ce que les chercheurs ont trouvé

Des chercheurs suisses et italiens ont donc conduit une méta-analyse pour examiner toutes les données disponibles dans la littérature scientifique sur l'effet du régime sans gluten sur la fonction thyroïdienne de patients atteints de Hashimoto, mais exempts de maladie céliaque.

Au final, 4 études portant sur un total de 87 patients ont finalement été incluses pour une analyse quantitative. La durée moyenne de suivi du régime sans gluten était de près de 6 mois. Les méta-analyses ont montré que ce régime réduit les taux d'anticorps et de TSH, l’hormone hypophysaire qui contrôle la production d’hormones thyroïdiennes, et dont le niveau augmente en cas d’hypothyroïdie.

À l’inverse, le taux de T4 libre a augmenté avec le régime sans gluten, tandis que le niveau de T3 libre ne changeait pas.  

Cette première méta-analyse examinant l'effet d’un régime sans gluten sur la thyroïdite de Hashimoto indique que ce régime a des conséquences positives.

Ces résultats, écrivent les auteurs, pourraient avoir un impact pertinent sur la pratique clinique : « Nous pouvons supposer que la privation de gluten chez les patients atteints de Hashimoto pourrait améliorer un état inflammatoire léger de l'intestin, réduisant ainsi sa perméabilité et les déclencheurs inflammatoires auto-immuns systémiques qui en résultent, entraînant une baisse des anticorps anti-Tg et anti-TPO. »

Nous pouvons supposer que la privation de gluten chez les patients atteints de Hashimoto pourrait améliorer un état inflammatoire léger de l'intestin

« Il est raisonnable, ajoutent-ils, de supposer que le régime sans gluten peut également améliorer la composition du microbiote intestinal et l’état dysbiotique, ce qui, à son tour, peut entretenir le cercle vicieux des lésions de l’épithélium intestinal, de l’inflammation chronique et, chez les personnes ayant un bagage génétique prédisposant, le déclencheur d'auto-immunité. »

Ce régime permet aussi une meilleure absorption de l'iode, du sélénium, du zinc, de la vitamine D et de tous les nutriments essentiels au bon fonctionnement de la thyroïde et à la régulation de son auto-immunité.

Mises en garde

Les auteurs de cette étude rappellent cependant qu’elle porte sur un petit nombre de données et doit être confirmée à plus grande échelle.

Ils mettent aussi en garde contre le recours à des aliments industriels sans gluten, souvent ultra-transformés, qui peuvent se révéler pires que le régime avec gluten. Ils apportent en effet des émulsifiants et d'autres composés qui peuvent entraîner une perméabilité intestinale. Ils sont aussi pauvres en fibres, avec un index glycémique souvent élevé, et font courir le risque de déséquilibre métabolique.

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Enfin, il a été démontré que chez les patients hypothyroïdiens souffrant de Hashimoto, le besoin de lévothyroxine (le principal médicament apportant des hormones de synthèse) diminue après un régime sans gluten. Il faut donc en tenir compte et adapter la dose de médicament si l’on suit ce régime.

Des livres pour aller plus loin : Le guide complet de l'hypothyroïdie et Soigner l'auto-immunité avec le protocole AIP

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